Il a coécrit le scénario de la saison 2 de Marseille, signe un récit d’anticipation sur l’avenir du système de santé et crée une série sur des super héros dans les quartiers Nord. Philippe Pujol s’évade du journalisme pour parler de sa ville. Entretien sur l’actualité foisonnante de cet ancien de La Marseillaise, prix Albert Londres 2014.

Sa page Wikipédia le qualifie de « journaliste » mais le terme semble dépassé tant les projets de Philippe Pujol sont aujourd’hui variés. « Demain, je pourrai m’autoriser à faire de la chanson ou du dessin », ironise-t-il, « j’ai des projets dans tous les sens ».

Pour preuve, l’auteur de la série d’articles Quartiers Shit (Prix Albert Londres 2014) voit deux de ses projets sortir ce mois-ci. Et aucun d’eux n’est journalistique.

La série Marseille : « un cours accéléré d’écriture de scénario »

Après le succès de La fabrique du monstre (Les Arènes, 2015), son deuxième livre choc sur les quartiers Nord, Philippe Pujol est appelé en 2016 par la boîte de production française Federation Entertainment pour travailler sur la deuxième saison de Marseille. Alors que des critiques reprochent à la série des facilités face à la complexité marseillaise, le journaliste est invité pour crédibiliser le récit. Il coécrit donc le scénario de la nouvelle saison aux côtés de Dan Franck.

Philippe Pujol semble tirer le meilleur de l’expérience, tout en laissant deviner qu’elle a été compliquée. « Là où certains font dix ans d’études à la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son, ndlr), moi j’ai fait Marseille avec Federation Entertainment. Quand t’as bossé sur ce projet, t’es prêt à affronter n’importe quelle autre écriture de scénario, ce sera forcément plus facile. Comme après avoir été journaliste à la Marseillaise ! »

Après l’écriture d’une première version du scénario, il se replonge dans ses autres projets. Repris par une seconde équipe de scénaristes, le résultat à l’écran semble assez loin de ce qu’il avait imaginé. « Je n’ai écrit aucun dialogue ni épisode », précise Philippe Pujol, pour qui le rendu final correspond surtout à la vision de la production française Federation Entertainment. « Le public visé n’est pas le public français. Mais les spectateurs qui ont aimé la saison 1 aimeront la 2 ». Et lorsqu’on lui demande si elle sera à la hauteur des attentes pour une série sur la cité phocéenne, l’auteur répond magnanime : « LA série sur Marseille n’a pas encore été faite ». Chacun se fera son avis le 23 février lors de sa diffusion sur la plateforme Netflix.

« Le grand débat journalistes contre écrivains, je m’en fous »

L’actualité de Philippe Pujol sera également littéraire ce mois-ci. Son nouveau livre Marseille 2040, sort le 14 février chez Flammarion. Et encore une fois, il ne s’agit pas d’un travail purement journalistique. « Je m’appuie sur un travail d’enquête sur le système de santé actuel, vu de Marseille et sa région. Mais le résultat est une fiction d’anticipation sur ce qu’il pourrait devenir. Entre Blade Runner, Urgences, et le journal de la santé ! ».

, Séries et fiction littéraire, le journalisme ne suffit plus à Philippe Pujol pour parler de Marseille, Made in Marseille
Marseille 2040 (création photo Maxime Molinari – Moa Architecture)

C’est à se demander si le journaliste se considère encore en tant que tel. « Le grand débat journalistes contre écrivains, je m’en fous. Je n’ai aucune vision corporatiste. Il y a des modes d’expression différents, et si tu as la chance de pouvoir les réaliser, vas-y. J’ai des projets dans tous les sens, certains surprenants. Même s’il n’y en a qu’un quart qui se fera vraiment ».

Superman dans les quartiers Nord ?

Parmi ces projets « surprenants » : une série mêlant quartiers Nord et… Super-héros ! Dans la lignée d’un Misfits (série anglaise sur de jeunes délinquants qui se découvrent des super-pouvoirs) à la française ? « Plus ou moins, répond Philippe Pujol, c’est une manière originale d’aborder des histoires complexes. Un univers assez onirique, très coloré, dans lequel j’injecte l’aspect sociétal des quartiers nord ».

Le Centre national du cinéma (CNC) apporte son soutien financier, le casting est déjà fait, et le tournage sera assuré par un réalisateur habitué aux productions marseillaises (il a réalisé les clips de groupes tels que Kid Francescoli, Nasser et Oh Tiger Mountain !). Il ne manque plus qu’à convaincre un diffuseur pour lancer la production.

Quoi qu’il en soit, il reste encore de nombreux domaines dans lesquels Philippe Pujol pourrait nous surprendre.

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