L’Insee PACA vient de dévoiler une étude qui présente les chiffres du chômage sur le territoire, mais pas seulement. Pour la première fois, la situation de personnes dites « aux frontières du chômage », à savoir qui sont inactives mais souhaitent travailler ou qui sont en sous-emploi, est prise en compte dans l’enquête.
Quelques jours après la publication des chiffres nationaux du chômage pour le mois de septembre 2017, qui enregistre une baisse de 1,8% après deux mois de hausse, l’Insee PACA révèle une étude plus globale sur la situation des chômeurs sur le territoire, en prenant en compte le halo du chômage (les personnes inactives qui souhaitent travailler) et le sous-emploi (temps partiel subi ou activité partielle).
Ordinairement, la communication sur le marché du travail se focalise sur un indicateur unique : le taux de chômage selon les critères du Bureau International du Travail (BIT). Pour être en situation de chômage au sens du BIT, il ne suffit pas de souhaiter travailler, d’être inscrit à Pôle Emploi ou encore de percevoir une indemnité de chômage. Quatre conditions doivent ainsi être remplies : être âgé de 15 ans ou plus, être disponible pour occuper un emploi dans les deux semaines suivant l’interrogation, et avoir effectué des démarches actives de recherche d’emploi au cours des quatre semaines précédentes (ou bien avoir trouvé un emploi devant débuter dans un horizon de trois mois).
« L’idée est de regarder d’autres aspects que le chômage au sens du BIT et de voir des facettes du marché du travail assez peu quantifiées. Elles le sont au niveau national par l’Insee depuis 2007, mais au niveau régional c’est quasiment une première. On arrive ainsi à avoir une estimation sur la région PACA de ces frontières du chômage qui correspond à des gens qui souhaitent travailler ou qui sont en temps partiel et qui veulent travailler davantage », explique Alberto Lopez, directeur de l’Insee PACA.
Autant de personnes aux frontières du chômage que de chômeurs
Il ressort de l’étude de l’Insee PACA que, sur le territoire provençal, 248 000 personnes se situent aux frontières du chômage. Cela signifie qu’elles ne font pas partie des chômeurs selon les critères du BIT mais qu’elles sont dans une situation qui s’en approche : dans le halo du chômage ou en sous-emploi.
Sur les 248 000 personnes aux frontières du chômage, 107 000 sont sans #emploi mais souhaitent travailler et 141 000 sont en sous-emploi pic.twitter.com/PjLVHPDs3t
— TravaillerenProvence (@TravailProvence) 25 octobre 2017
À la limite entre l’inactivité et le chômage, le halo du chômage rassemble 107 000 personnes sans emploi alors qu’elles souhaitent travailler. Faute de disponibilité ou de recherche active d’emploi, elles ne font pas partie des chômeurs au sens du BIT. À la frontière entre l’emploi et le chômage, 141 000 personnes sont en situation de sous-emploi : la quasi-totalité d’entre elles occupe un poste à temps partiel et souhaitent travailler davantage.
248 000 personnes se situent ainsi aux frontières du chômage en PACA contre 234 000 chômeurs. Au total, ces 482 000 individus représentent 11,7 % de la population régionale des 15 ans ou plus.
L’@InseeFr dévoile une étude sur le #chômage en @regionpaca : 248 000 personnes aux frontières du chômage pour 234 000 chômeurs pic.twitter.com/3KCKT2ORYs
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Qui sont ces personnes dans le halo du chômage ?
En PACA comme au niveau national, pour dix personnes au chômage, on dénombre près de cinq personnes dans le halo. Les 107 000 personnes qui composent le halo du chômage en PACA se répartissent en trois catégories. Le cas le plus fréquent (44 000 individus) est celui des personnes qui se déclarent disponibles et souhaitent travailler mais ne recherchent pas un emploi de façon active. Une partie d’entre eux sont des « chômeurs découragés » : un temps à la recherche d’un emploi, ils ont cessé les démarches en ce sens, les chances d’obtenir satisfaction leur paraissant trop faibles.
Près d’un quart des personnes qui composent le halo (24 000) recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles, par exemple parce qu’elles poursuivent des études, suivent une formation, ou bien gardent leurs enfants. Enfin, dans plus d’un tiers des cas (39 000), la personne souhaite un emploi, mais n’en recherche pas et n’est pas disponible.
Toutefois, à la différence du chômage, le halo du chômage est le plus souvent une situation transitoire (voir graphique ci-dessous). En PACA comme au niveau national, moins d’une personne sur trois demeure dans le halo d’un trimestre à l’autre. Une proportion semblable bascule dans le chômage (personnes qui deviennent disponibles pour travailler ou qui ont entamé des démarches de recherche d’emploi), 14% accèdent à un emploi et 26% ne renouvelle pas son souhait de travailler, et se retrouve de ce fait hors du halo.
7,2 % des actifs occupés en situation de sous-emploi
Parmi les 141 000 personnes qui composent le sous-emploi en PACA, 96% sont en situation de temps partiel subi. Occupant un poste à temps partiel, elles souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le faire, qu’elles recherchent activement un autre emploi (31 000 personnes) ou non (104 000). La minorité restante concerne des actifs en situation d’activité partielle (anciennement chômage technique ou partiel). En PACA, la part du sous-emploi dans l’emploi total atteint 7,2%, soit une proportion supérieure à la moyenne nationale de 6,5%.
Le type de contrat proposé témoigne de la précarité des situations de sous-emploi : près de 40% des salariés concernés sont sous le régime d’un CDD, d’une mission d’intérim, d’un contrat aidé ou d’apprentissage. Parmi les travailleurs qui ne sont pas en situation de sous-emploi, les contrats de cette nature sont trois fois moins fréquents.
Le sous-emploi est plus rare dans l’industrie et la construction que dans le commerce et les services, où il concerne 8,1% des effectifs. Les plus forts taux de sous-emploi ont cours dans les activités récréatives, culturelles et sportives, ou encore dans certains services à la personne comme la coiffure, les soins de beauté, etc, où ils atteignent un emploi sur cinq.
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Les femmes, les jeunes et les moins diplômés davantage exposés
Alors que le chômage comme l’emploi (hors sous-emploi) concernent presque autant de femmes que d’hommes, les frontières du chômage sont très majoritairement féminines. Ainsi, les femmes représentent 70% du sous-emploi et 58% du halo en PACA.
Comme le chômage, ces formes de précarité affectent particulièrement les jeunes. Ainsi, les moins de 30 ans représentent seulement 16% des actifs en emploi (hors sous-emploi) mais 31% des personnes dans le halo du chômage et 26% des travailleurs en sous-emploi.
Le niveau de diplôme semble également déterminant : plus de la moitié des personnes dans le halo ou en situation de sous-emploi ont mis fin à leur scolarité avant le baccalauréat, tandis que près de six actifs en emploi sur dix (hors sous-emploi) ont au moins le niveau baccalauréat.
Sur les 248 000 personnes aux frontières du #chomage : les femmes, les jeunes et les moins diplômés sont les plus exposés pic.twitter.com/z9dlODpEnI
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Par Agathe Perrier