Découvrez, dans cette fiche métier, quelles sont les études et formations à faire ainsi que les compétences et qualités à avoir pour devenir éditeur ou éditrice, de livre et de e-books. Avec le témoignage d’Harald Bénoliel, éditeur et dirigeant fondateur de la société marseillaise IS Édition.
L’éditeur doit repérer les futurs talents de demain parmi les montagnes de manuscrits qu’il reçoit au quotidien ou sélectionner parmi les auteurs avec qui il travaille déjà, les ouvrages susceptibles d’être plébiscités par les lecteurs.
Une fois qu’il les a choisis, il supervise la réalisation des ouvrages avant et après l’impression, notamment au niveau du choix des illustrations de la maquette et des corrections, il finalise les textes avec l’auteur et rédige les argumentaires de vente des ouvrages. Il assure ensuite le suivi des chiffres de ventes.
« Ce que j’aime dans ce métier, c’est le fait de partir d’une feuille blanche et, petit à petit, réussir à donner naissance à un livre », Harald Bénoliel, éditeur et dirigeant fondateur d’IS Édition.
Études ou formation
Il n’y a pas de diplôme absolument nécessaire pour exercer le métier d’éditeur. Toutefois, il existe des formations qui permettent d’y accéder :
- Bac +2 : BTS ou IUT spécialisé dans l’édition. « Rien ne vaut ensuite l’immersion en entreprise pour continuer d’apprendre », souligne Harald Bénoliel.
- Bac +5 : master professionnel métiers du livre et de l’édition, master professionnel information et communication, master professionnel arts et culture, master professionnel lettres spécialité métiers du livre ou métiers du livre et de l’édition
- Bac +6 : mastère spécialisé management de l’édition numérique
Compétences
Être multi compétent : maîtriser les enjeux juridiques, les enjeux éditoriaux, car le but n’est pas de publier n’importe quoi et n’importe comment, ainsi que les enjeux techniques. Maîtriser aussi les usages des logiciels, notamment ceux de la suite Adobe (Illustrator, Photoshop et Indesign). « C’est la première chose que je regarde dans une candidature, pour savoir si la personne pourra me libérer de ces tâches », confie Harald Bénoliel. Une solide connaissance en langage HTML et CSS, très présent pour les livres numériques, peut également être appréciée.
Il est aussi nécessaire d’avoir un solide niveau en orthographe, inutile de préciser pourquoi, ainsi qu’une bonne maîtrise des outils de communication modernes tels que les réseaux sociaux, les blogs et les médias.
Qualités
Avoir du flair et être bien entouré. « Le flair tout seul ne sert à rien, il faut un bon comité de lecture autour de soi qui permet de sélectionner les manuscrits, car on en reçoit une tonne chaque mois. Ma responsable du comité, Pascale Averty, est à ce titre indispensable », explique Harald Bénoliel.
De par les relations qu’il entretient avec nombres d’acteurs de la chaîne de réalisation d’un ouvrage (auteurs, correcteurs, maquettistes, le marketing, les commerciaux, etc), l’éditeur doit avoir le sens du travail en équipe et être à l’écoute. Cela lui permet de comprendre les problématiques de chacun de ses interlocuteurs.
Sans oublier une excellente organisation car, évidemment, l’éditeur ne gère pas un seul ouvrage mais plusieurs à la fois, et une grande rigueur puisque l’édition d’un livre est une série de procédures à suivre à la lettre.
L’interview
Travailler en Provence a rencontré Harald Bénoliel, ancien responsable commercial reconverti dans l’édition. Il a fondé, en 2012 à Marseille, sa maison d’édition baptisée IS Édition dédiée aux ouvrages papier et numérique. Rencontre avec ce dénicheur de talents.
Travailler en Provence – Qu’est-ce qui vous a amené à devenir éditeur ?
Harald Bénoliel – Ma passion pour les livres, les nouvelles technologies et l’entrepreneuriat. Je fondais beaucoup d’espoir dans le livre numérique, mais comme les gens restaient très attachés au livre papier, je me suis dit qu’il fallait garder les deux formats. D’où la création d’une structure éditoriale qui fait les deux.
J’aime prouver aux gens que les deux formats ne sont pas en concurrence mais qu’ils sont justement complémentaires. Les gens voient le numérique comme un vampire qui va faire disparaître le livre papier, alors que ce sont deux choses différentes. On ne les consomme pas de la même façon : un livre numérique est pratique quand on est amené à bouger, alors que le livre papier se lit plus dans un cadre convivial. Lire en numérique permet aussi d’éviter d’allumer une veilleuse quand on lit le soir dans son lit, et ainsi de ne pas gêner son conjoint(e).
« Les gens voient le numérique comme un vampire qui va faire disparaître le livre papier, alors que ce sont deux formats différents ! J’aime prouver aux gens que les deux formats ne sont pas en concurrence mais complémentaires ».
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Découvrir des auteurs différents à chaque fois, me dire que je tiens une pépite même si cela ne se matérialise pas toujours par des résultats incroyables au niveau des ventes, chapeauter plusieurs tâches dans le milieu de l’édition : partir d’une feuille blanche et donner naissance à un livre. C’est aussi donner leur chance aux jeunes écrivains en ayant moins d’exigences envers eux que pour des auteurs chevronnés, via notamment ma collection « Graines d’écrivains ».
À l’inverse, quels sont les aspects que vous aimez le moins ?
Toutes les démarches administratives et juridiques qui sont très lourdes, en partant de la signature du contrat aux énièmes tableaux qu’il faut remplir pour référencer le livre dans les librairies. Je dirais aussi les marges qui ne sont pas très importantes : il faut alors travailler sur les volumes ou développer une autre activité.
Pour ma part, j’ai créé une plateforme d’auto édition qui s’appelle « Libres d’écrire ». Cela permet aux personnes qui ont envie de publier, par exemple la biographie de leur grand-mère, et qui ont été rejetées par les grandes maisons d’édition, de le faire tout en payant moins cher qu’une édition à compte d’auteur.
« Nous, nous sommes des dénicheurs de talents qui vont être propulsés par la suite vers les grandes maisons d’édition ».
Quelles différences entre une maison d’édition comme la vôtre et les grosses maisons d’édition ?
Les grandes maisons d’édition ne font plus du tout le même métier qu’il y a 30 ans car il y a des milliers de nouveaux livres qui sortent chaque mois contrairement à avant. Donc elles ont augmenté le rythme de leur publication et vont vers le plus rentable : des auteurs à succès, des personnalités politiques ou des célébrités. On ne peut pas lutter contre ces mastodontes car ils versent des avaloirs pas possibles aux auteurs, or, pour nous, avancer 100 000€ à un auteur n’est pas possible, d’autant plus qu’on ne peut pas lui assurer qu’il fera de grosses ventes derrière.
Nous, nous sommes plus des dénicheurs de talents qui vont être propulsés par la suite vers ces grandes maisons d’édition. On ne peut pas lutter et on ne le veut pas de toute façon car il y a du travail pour tout le monde. Puisque nous sommes à Marseille, je vais prendre volontairement une image footballistique pour résumer notre vocation : nous sommes en deuxième division donc nous n’avons pas la possibilité d’attirer de grands joueurs. Par contre, nous pouvons révéler des talents qui iront ensuite jouer dans un plus gros club en première division.
Une anecdote à raconter ?
J’ai cette histoire d’une fille qui publiait ses chapitres sur Facebook. De ces chapitres, on a fait un livre puis même un second tome. Au final, ça a marché et elle en a vendu des milliers et a eu droit à une belle couverture médiatique. C’est beau de réussir alors qu’elle ne partait de rien à la base. C’est assez gratifiant pour elle et pour nous !
Une astuce à partager pour choisir un livre ?
Nous, ce que l’on fait, c’est que pour chaque publication, on crée un extrait du livre qui correspond à environ 10% ou 15% de son volume et que l’on rend disponible dans tous les formats. Cela permet aux lecteurs de ne pas se tromper et de ne pas acheter un livre qui ne leur correspond pas. Les commentaires aussi sont un bon moyen de se renseigner au préalable sur un livre.
Par Agathe Perrier