Le président fondateur de l’École de la Deuxième Chance (E2C), Jean-Louis Reiffers, et la directrice générale, Sonia Ciccione, ont présenté, vendredi 12 mai, les nouveaux axes de développement de l’institution, déjà très ancrée dans le paysage de l’insertion et la formation des jeunes de 18 à 25 ans.
E2C Marseille forme aujourd’hui 850 jeunes chaque année depuis près de 20 ans pour les intégrer dans la société du travail et de la formation alors qu’ils n’ont, en arrivant, ni diplôme, ni qualification, ni travail. Premier dispositif de ce type, fondé sous l’impulsion de l’Union européenne, l’École de la Deuxième Chance a de beaux jours devant elle.
Le bilan annuel confirme un rôle essentiel pour l’emploi à Marseille
Les chiffres l’annoncent : la machine de l’École de la Deuxième Chance de Marseille est productive. Avec une hausse des inscriptions à Marseille en termes de participants, l’entité n’a pas freiné l’engouement du public « marginalisé », celui qui se trouve hors du système travail et formation. L’E2C Marseille comptabilise, en 2016, 53% de stagiaires ayant trouvé une formation ou un emploi sur ses 852 inscrits, qui sont, pour 62% d’entre eux, des jeunes issus des Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville (QPV). Ce chiffre est en hausse depuis l’année dernière (+ 1 point) malgré le contexte économique difficile pour les entreprises et la région. Aussi, le bilan annuel enregistre une baisse de l’abandon prématuré des inscrits (17%), soit deux points de moins qu’en 2015.
Bientôt 20 printemps !
La moyenne d’âge des inscrits est de 20 ans comme l’association qui les fêtera dans moins d’un an. À cette occasion, plusieurs moments forts seront organisés tout au long de l’année, avec, des rencontres et des activités regroupant toutes les E2C françaises et internationales. L’École reviendra aussi sur le parcours réussi d’anciens stagiaires, parmi les 7 077 accueillis depuis la création, en valorisant les 2 700 entreprises partenaires engagées à ses côtés.
Sahara Benabdelkader, ancienne élève et aujourd’hui hôtesse d’accueil en CDI au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, témoigne : « Durant mon parcours, j’ai réalisé avec ma formatrice référente un projet pédagogique grâce auquel j’ai découvert l’univers de l’Opéra. Particulièrement intéressée et motivée, je me suis orientée vers ce domaine. C’est ainsi que j’ai trouvé un emploi… mais bien au-delà, l’E2C Marseille m’a surtout permis de retrouver confiance en moi ».
De nouveaux axes de développement au service de la pédagogie
« Pour faire un saut d’innovation majeur, il faut maintenant renforcer le rôle des entreprises dans les trois activités importantes de l’E2C : développement de la personne, acquisition des savoirs, emploi. C’est au cœur de notre stratégie. Nous allons nous efforcer d’ajouter, aux côtés du référent pédagogie, du référent vie collective et du référent pôle entreprise, un quatrième référent venant directement des entreprises, un parrain entreprise en soit », précise Jean-Louis Reiffers. L’E2C Marseille veut donc insérer un professionnel directement lié au secteur d’activité des formations dans les groupes de suivi afin de répondre au plus près de la demande des entreprises qui recrutent.
Aussi, plusieurs projets sont enclenchés dont un nouveau programme pédagogique renforcé. Il s’agit d’un renforcement, d’une part, de la qualité de la formation sur le socle de base (français, mathématiques, bureautique, anglais), et d’autre part, du nombre d’heures par semaine dans ces domaines en y ajoutant des modules optionnels spécialisés (voir photo ci-dessous).
L’École de la Deuxième Chance de Marseille œuvre aussi pour une diversification de la formation tournée vers les métiers en tension (métiers qui demandent plus d’emplois qu’ils ne reçoivent d’offres du fait de la faible qualification notamment). Elle accueille déjà une filière restauration-hôtellerie qui forme une centaine de stagiaires tout en ayant la capacité d’en accueillir encore des centaines. Depuis avril et octobre 2016, elle développe respectivement deux autres filières d’expérimentation « animation-sport-médiation » et « commerce-vente ».
Un deuxième campus dans les quartiers Sud de Marseille
Environ 4 000 jeunes marseillais quittent prématurément le système éducatif classique chaque année. Ce flux vient nourrir des niveaux de chômage et d’exclusion des jeunes anormalement élevés notamment car le dispositif demeure sous-dimensionné au regard de la population concernée.
Aussi, l’E2C Marseille ne touche par encore suffisamment les jeunes des quartiers Est et Sud de la ville. D’une part, il y a une faible mobilité du public car 60% des stagiaires de l’E2C Marseille proviennent de quatre arrondissements des quartiers Nord (3e, 13e, 14e et 15e). D’autre part, ces jeunes rejettent a priori l’idée d’une formation dans les quartiers Nord du fait de la mauvaise réputation de ces territoires.
L’ouverture du campus situé à proximité du métro Sainte-Marguerite-Dromel permettra d’accueillir 400 stagiaires tout en maintenant un niveau de formation élevé et un suivi individualisé des stagiaires.
Margot Geay