Cultiver ses légumes sans les arroser et sans pesticide, un rêve pour de plus en plus de personnes. Et qui pourrait devenir possible avec le Jardin de Némo, un projet de fermes aquatiques, imaginées par l’Italien Sergio Gamberini.
Placées entre 5 et 10 mètres de profondeur, ces fermes permettent de faire pousser basilic, salades, tomates ou encore courgettes prêts à être consommés. Le tout grâce à un système autonome.
Les fermes sont appelées « biosphères » et sont en fait des bulles géantes placées dans la mer. Elles se composent de structures métalliques, surmontées d’un dôme transparent qui laisse passer la lumière, qui reproduisent le système des serres. Les différentes cultures sont placées dans des bacs et récipients tout autour des parois. Quant au milieu de la biosphère, il est laissé libre pour permettre aux « agriculteurs » de vérifier et s’occuper des plantations.
Actuellement, la ferme sous-marine baptisée « Nemo’s Garden », en français le « Jardin de Némo », se trouve dans la baie de Noli, près de Savone, dans le nord de l’Italie. Elle couvre une superficie d’environ 100 m² à une distance de 100 mètres de la rive et se compose de cinq biosphères de tailles différentes ancrées au fond de la mer à l’aide de chaînes.
Depuis 2015, les plantes cultivées dans la ferme se sont multipliées : en plus du basilic initial, y sont également plantées des tomates, différents types de salades, des courgettes, des haricots, des pois verts, des champignons et d’autres herbes aromatiques pour un total d’une trentaine de variétés de légumes et plantes. « Toutefois, toutes les plantes ne sont pas adaptées à ce système. Pour certaines, le taux d’humidité était trop élevé par exemple. Mais pour la majorité des variétés testées, cela a été un succès », met en avant Serge Gamberini.
Le Jardin de Némo, l’agriculture du futur sans pesticide et sans arrosage ?
Grâce au dôme transparent, la lumière rentre naturellement dans les biosphères, et avec l’effet de la serre, elle chauffe l’intérieur. Ce système permet également d’assurer l’arrosage nécessaire aux plantes : la température à l’intérieur des biosphères étant supérieure à celle de l’eau, cela crée de la condensation sur les parois de la structure et donc des gouttes d’eau qui viennent alimenter les plantes. Seul le démarrage des cultures nécessite une alimentation en eau douce, qui se fait via un dispositif de désalinisation de l’eau de mer rattaché à la ferme.
L’écosystème créé à l’intérieur de la biosphère est bien préservé de l’attaque des parasites, à moins que des microorganismes destructeurs n’y soient accidentellement amenés. Aucun pesticide n’est donc intégré dans les cultures. Quant à l’engrais, un produit liquide d’origine naturelle est appliqué à différents substrats ou au système hydroponique pour fournir un ou plusieurs nutriments essentiels à la croissance des plantes.
« Les études sur nos premières plantations de basilic ont montré qu’elles avaient les mêmes caractéristiques en termes de goût. Avec toutefois plus d’huiles essentielles dans les feuilles par rapport au basilic cultivé d’ordinaire, environ 73% contre 57% », met en avant l’équipe du Jardin de Némo.
Développer les recherches et élargir l’usage de la ferme
Jusqu’à présent, les cultures de la ferme ont seulement eu une vocation de recherche bien que, cinq ans après le début du projet, des nouveautés ont été mises en place : les curieux peuvent par exemple aller découvrir les biosphères d’un peu plus près. À termes, l’idée est même de créer une attraction touristique autour de la ferme. Des entreprises louent même des biosphères sous forme de laboratoires sous-marins.
Les recherches continuent toutefois en parallèle. L’équipe du Jardin de Némo va ainsi lancer des études sur la possibilité de produire des engrais à partir d’algues trouvées dans la mer où une ferme sera installée ou expérimenter l’installation de coraux pour repeupler l’emplacement. Des recherches vont aussi porter sur les types de variétés de légumes et de plantes à cultiver en fonction d’un environnement différent de celui de la baie de Noli.
Des fermes maraîchères aquatiques à Marseille, rêve ou réalité ?
Pour que le projet du Jardin de Némo ait pu voir le jour, l’équipe a obtenu les permis nécessaires de la part des autorités italiennes locales. En France et à Marseille aussi des autorisations seraient obligatoires pour l’installation d’une ferme et notamment une concession du Domaine Public Maritime. « L’impact sur le fond marin devra aussi être évalué pour que l’accord soit donné. Il faudra également que le projet ne se situe pas dans le cœur du Parc National des Calanques », tient à préciser Didier Réault, directeur du Parc National.
À Marseille, à quatre kilomètres au large de la côte, dans une petite calanque de l’archipel du Frioul se trouve déjà une ferme marine où sont élevés, depuis 1989, non pas des légumes mais des poissons et plus précisément des loups et des daurades. Bientôt des plantes et des légumes en plus de cette activité piscicole ? Il faudra d’abord que les recherches montrent que les caractéristiques de la Méditerranée dans la rade marseillaise rendent possible la bonne croissance de ces cultures.
Par Agathe Perrier
à force d’avoir pollué la planète, l’homme cherche à cultiver « ailleurs » dans les milieux les plus improbable pour le commun des mortels… autres planètes ou fonds marins… ; faudrait SURTOUT cesser de polluer et trouver les moyens pour tout assainir… !!!!!