La bibliothèque municipale à vocation régionale l’Alcazar, située sur le cours Belsunce (1e) était à l’origine une salle de spectacle très populaire à Marseille. Les plus grandes vedettes y sont passées, certaines y ont débutées, de Yves Montand à Tino Rossi, en passant par Dalida et Fernandel. Retour sur 150 d’histoire mouvementée !
Une histoire qui débute au 19e siècle
L’Alcazar-Lyrique ouvre ses portes pour la première fois le 10 octobre 1857. A cette époque, la salle de spectacle est décorée avec des « mauresques » en référence à l’Alhambra de Grenade. La salle peut accueillir jusqu’à 2 000 personnes, qui peuvent s’attabler pour suivre le spectacle en buvant et fumant. Au-dessus de la salle, des galeries s’étagent jusqu’au poulailler resté célèbre.
Dans les années 1860, l’Alcazar assoit sa réputation en accueillant les artistes locaux mais également les célébrités parisiennes. Son public ne tarde pas à acquérir une réputation d’exigence. De 1868 à 1890, l’Alcazar est un haut lieu du spectacle de mime à Marseille.
Mais malheureusement, le 25 juin 1873, un incendie se déclare et détruit le théâtre. Point positif, cet incendie ne fait aucune victime et la salle rouvre ses portes 4 mois plus tard. En 1889, le nouveau directeur, Louis Mollaret, fait rénover l’Alcazar lyrique pendant deux mois. Il crée l’entrée principale sur le Cours Belsunce surmontée d’une marquise, toujours visible aujourd’hui et classée aux Bâtiments de France. La salle rouvre avec succès le 20 avril 1889. Au cours des années 1890, l’Alcazar passe du statut de café-concert à celui de music-hall en renonçant aux consommations servies dans la salle. Les vedettes partagent l’affiche avec des jongleurs, des danseurs de claquettes, des acrobates, des funambules…
Un lieu mythique du début du 20e siècle
Plusieurs artistes célèbres du 20e siècle y font leurs débuts, tels que Yves Montand ou Tino Rossi, ou s’y révèlent comme Dalida, Maurice Chevalier, Félix Mayol ou encore Fernandel, mais tous n’ont pas cette chance, le public marseillais ayant la réputation d’être impitoyable. La salle est reconvertie en cinéma au début des années 1930.
Fermée durant la Seconde Guerre mondiale, elle connaît un regain d’activité à la Libération. A sa réouverture en 1946, l’Alcazar est un cinéma. Il faut attendre décembre 1949 et l’arrivée de Robert Trébor à la direction pour que la salle redevienne un music-hall à part entière, avec programmation de revues ou d’opérettes marseillaises. On y entend des noms célèbres comme Line Renaud, Charles Aznavour, Henri Salvador, Eddy Mitchell et les Chaussettes noires, Sacha Distel, Johnny Hallyday ou Jacques Brel. Mais concurrencée par la télévision à la fin des années 1950, la salle connait une première faillite en 1964 avant de fermer définitivement ses portes le 9 août 1966 et d’être rachetée par un marchand de meubles, n’offrant au public que les restes d’une enseigne décrépie de type Art nouveau.
Une vidéo d’archive de 1974 où le présentateur visite l’Alcazar
Une bibliothèque en 2004
C’est le 30 mars 2004 que l’Alcazar ouvre ses portes sous la forme d’une bibliothèque municipale à vocation régionale (BMVR) en remplacement de la bibliothèque Saint-Charles. Le projet est signé des architectes Adrien Fainsilber et Didier Rogeon. En savoir plus sur la bibliothèque aujourd’hui ici