Chaque année, plus de 30 millions de touristes viennent séjourner dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dont 1,5 million sont des croisiéristes en escale à Marseille. En quête d’activités de loisirs ou d’escapades en Provence, ils bénéficient d’une offre touristique cherchant à répondre à leurs besoins tout en limitant la pollution générée par leur venue.
Avec 31 millions de touristes extra départementaux accueillis chaque année, dont presque 6 millions d’étrangers, nuls doutes que la région Paca attire. Et c’est surtout pour passer des séjours loisirs ou des vacances que les touristes débarquent chaque année en terres provençales. Afin de satisfaire ces nouveaux arrivants éphémères, qui passent tout de même en moyenne sept jours en Provence, les différents acteurs du tourisme se mobilisent pour développer les offres et les services sur place.
1,48 milliard d’euros ont ainsi été investis en 2014 dans le secteur du tourisme en région Paca. Une somme qui place la région au troisième rang français des investissements touristiques régionaux, derrière l’Île-de-France et Rhône-Alpes. Parmi les secteurs qui bénéficient de ces investissements, le tourisme « littoral », à savoir aussi bien les croisières que les activités de mer. Différentes actions sont ainsi mises en place pour les promouvoir.
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Augmenter le temps de séjour des croisiéristes en Provence
Avec plus de 1,5 million de croisiéristes par an, Marseille s’affiche comme le 1er port de croisière français et le 5ème de Méditerranée. La ville est en bonne voie d’atteindre son objectif de 2 millions de passagers à l’horizon 2017. Pour cette année 2016, « on devrait atteindre 1,8 million de passagers et plus de 150 millions d’euros de retombées économiques », nous indiquait en septembre dernier Dominique Vlasto, l’adjointe au maire de Marseille déléguée au Tourisme et présidente de l’Office du Tourisme.
Pour que les croisiéristes viennent de plus en plus nombreux à Marseille, il faut évidemment les attirer. Pour cela, Bouches-du-Rhône Tourisme et le Club de la Croisière travaillent main dans la main dans l’objectif d’optimiser la promotion de l’offre touristique du département auprès des croisiéristes. « Aujourd’hui, les croisiéristes qui arrivent à Marseille veulent aussi visiter des sites comme Aix-en-Provence ou Cassis, mais ils disposent d’un temps limité. Nous souhaitons donc mettre en place des séjours plus longs en agissant sur les prescripteurs étrangers comme les tour-opérateurs et les agences de voyages », explique Danielle Milon, présidente de Bouches-du-Rhône Tourisme.
En parallèle, l’organisme a aussi la volonté de faire démarrer des croisières au départ de Marseille qui aujourd’hui n’est qu’une escale dans les voyages. Cela permettrait aux croisiéristes d’organiser en amont de leur séjour en mer une escapade en Provence et ainsi d’augmenter encore davantage le nombre de nuitées dans la région et l’activité des différents acteurs du tourisme. En 2015, 215 millions de nuitées ont été enregistrées en Paca, un chiffre en petite progression (+ 1,6%) par rapport à l’année précédente.
Marseille, porte d’entrée vers l’ensemble du territoire
Comme l’a dit Danielle Milon, les croisiéristes en escale à Marseille ne se limitent pas à sillonner la Cité Phocéenne. Quand leur timing le leur permet, ils poussent la visite jusqu’aux villes alentours comme principalement Aix-en-Provence et Cassis qui rayonnent à l’étranger pour leur charme et leurs vignobles. Surtout, ces deux villes ont l’avantage d’être facilement accessibles depuis Marseille avec les TER ou les navettes.
Face à cet engouement qui permet à l’ensemble du territoire provençal de profiter des retombées touristiques des croisiéristes, Bouches-du-Rhône Tourisme propose d’ailleurs des excursions d’une demi-journée ou d’un jour complet sur des sites à moins de deux heures de route de Marseille. Parmi eux, une halte fluviale sur le Rhône qui change des circuits classiques. « Inciter les croisiéristes à rayonner dans tout le territoire pendant leur escale fait partie de notre objectif, car notre département dispose de nombreux atouts qui méritent de prolonger son séjour avant ou après la croisière ! », met en avant Danielle Milon.
Développer les croisières toute en limitant leur pollution
Pour faire fonctionner les paquebots de croisière, il faut évidemment du carburant qui entraîne indéniablement de la pollution. D’après une étude réalisée par France Nature Environnement, la fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, et l’ONG allemande NABU en juillet 2015 à proximité du Port de Marseille, « la majeure partie de la pollution de l’air par les navires de croisière vient de la teneur en soufre des carburants. Ils en contiennent jusqu’à 3 500 fois plus que le diesel que nous mettons dans nos autos ».
Une augmentation du nombre de croisiéristes et de paquebots à Marseille risque donc de rimer avec augmentation de pollution. Pour limiter cette conséquence, Le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) a par exemple été le premier port de France et de Méditerranée à permettre à certains navires le branchement à quai. Il fournit aussi déjà actuellement des biocarburants et du GPL, un mélange d’hydrocarbures légers, aux navires.
Toutefois, pour que la baisse de la pollution soit significative, il faut surtout baisser le taux de soufre que rejettent les paquebots. Si la législation n’impose aucune obligation en Méditerranée avant 2020, les armateurs de bateaux de croisière anticiperaient les futures normes en s’équipant progressivement d’épurateurs d’air ou en utilisant des fuels moins polluants. « Ils n’ont pas tous fini mais c’est en cours. Il faut laisser le temps aux sociétés de se mettre aux normes », souligne Dominique Vlasto.
Une priorité mise aussi sur la mer
Développer le tourisme littoral ne passe pas exclusivement par les croisières. La mer Méditerranée fait également partie des atouts du territoire. Aujourd’hui, plus de 7 séjours touristiques sur 10 dans la région Paca sont réalisés sur le littoral. C’est pourquoi, là aussi les acteurs du tourisme ont adapté leurs actions en favorisant les sentiers sous-marins ainsi que les spots sur et sous l’eau pour la plongée, le paddle et le kayak. « Les sorties en kayak connaissent un tel succès que des fois il y a même trop de circulation en même temps. Nous réfléchissons ainsi à de nouveaux parcours pour désengorger les existants », explique Danielle Milon.
Pour offrir des conditions optimales de pratiques sportives ou de farniente sur les plages, l’accent est aussi mis, au niveau de chaque ville, sur la qualité des eaux de baignade. D’après le classement de l’année 2015, dernier en date, 19 plages sur les 21 que compte Marseille, par exemple, présente une qualité d’eau dite « excellente » et deux « bonne ». En 2016, La plage du Jaï, située sur la commune de Marignane, a même obtenu le Pavillon Bleu. Un label qui assure aux usagers une bonne qualité de l’eau et qui est aussi le symbole d’une qualité environnementale exemplaire. Une première pour les plages de l’Étang de Berre.
Une bonne qualité d’eau de baignade est indispensable sur les plages du littoral, particulièrement pendant la saison estivale. Car si la qualité n’est pas au rendez-vous, la baignade est interdite et ce pendant un ou plusieurs jours. Pour limiter la pollution, des travaux peuvent par exemple être faits comme cela a été le cas du côté des plages marseillaises de l’Huveaune et des Catalans. Outre les repérages de fuites sur les réseaux publics et privés, le changement de méthode de nettoyage des rues pour éviter les écoulements vers la mer d’eaux usées et d’hydrocarbures ou encore l’installation de toilettes sont de bonnes méthodes pour baisser la pollution des eaux de baignade. Des mesures à ne pas négliger pour continuer à attirer touristes, mais aussi locaux, sur le littoral de la région.
Par Agathe Perrier