C’est à deux pas du Vieux-Port que Matthieu Gamet nous reçoit, dans son univers. Le gérant de la marque Kulte a créé tout un espace dans sa nouvelle boutique : café, coworking et même studio de musique… Parallèlement, Matthieu Gamet préside aussi la Maison Méditerranéenne de la mode, ouverte depuis 2010. Ce gourou de la mode nous livre sa vision de la création et son potentiel dans la cité phocéenne.


Retrouvez l’intégralité du Dossier spécial Mode in Marseille / Marseille pourrait-elle devenir une capitale de la mode ?


Made in Marseille – Bonjour Matthieu, pouvez-vous d’abord nous parler de votre marque Kulte depuis que vous l’avez reprise en 2003 ?

Matthieu Gamet – Kulte a très bien marché, au début. Et puis, la concurrence des grandes enseignes de prêt-à-porter comme H&M ou Zara a rendu la tâche plus difficile. Ce sont des marques qui ont amené la mode dans la rue à moindre coût et qui ont une énorme communication. Dur de rivaliser…

Et aujourd’hui, comment se porte elle malgré cette concurrence ?

Nous avons été en grande difficulté. Mais Kaporal nous a proposé de reprendre la partie production et distribution de la marque. Ça va mieux maintenant, mais c’est un combat de tous les jours. C’est aussi pour cela que j’ai diversifié mon espace de vente, j’essaye de vendre tout un univers, de créer un espace convivial autour de la marque.

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La nouvelle boutique Kulte

Selon vous, Marseille a-t-elle les épaules pour devenir une capitale de la mode ?

Oui complètement… Marseille est déjà la 2e ville de France pour la mode, après Paris. Le secteur représente 20 000 emplois, plus de 150 marques et 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. Historiquement, Marseille a toujours été une ville de création, beaucoup de familles spécialisées dans la confection ont immigré à Marseille et leurs enfants et petits enfants ont ensuite repris le flambeau.

Quelles différences existe t-il entre Marseille et Paris dans ce milieu ?

Paris est une ville de haute couture et Marseille plutôt de prêt-à-porter. Les évènements sont moins nombreux, ce n’est pas la même échelle. Mais depuis 2013, avec Marseille Capitale Européenne de la Culture, on joue beaucoup plus la carte de la création locale avec les touristes, Paris n’a plus la même hégémonie car Marseille séduit beaucoup.

Que manque t-il à Marseille pour rayonner encore plus dans le monde de la mode ?

Selon moi, il y a un problème de communication. Les marques marseillaises ne sont pas assez connues ou pas reconnues comme venant de Marseille. Pourtant, on a des superbes marques comme Gas, Kaporal, Ginette ou Sun Valley mais certains Marseillais ne savent même pas qu’elles sont de chez eux, car elles ne jouent pas sur cette identité.

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Dans l’univers du Café Kulte

La mode à Marseille, c’est du chacun chez soi ou les créateurs se côtoient entre eux ?

Il y a cinq ans c’était plutôt du chacun chez soi. Aujourd’hui, on est passé dans un mode plus collaboratif pour se serrer les coudes.

Justement, c’est ce que vous faîtes avec la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode, que vous présidez ?

Oui, notre objectif est de chercher de jeunes créateurs et de les aider au mieux, de les accompagner. Tout en formant des étudiants aux masters en Management des Métiers de la Mode et du Textile, les seuls existants en France. Dans l’idéal, nous voudrions que Marseille devienne un HUB de la mode, nous voulons rassembler plus de marques et créer plus d’évènements avec l’aide des collectivités. Pour l’instant, la MMMM est un véritable laboratoire, car on ne connaît pas encore les métiers de demain.

Pensez vous qu’il existe une identité marseillaise en terme de mode ?

Je dirais plutôt que l’ADN méditerranéen de la mode existe mais n’est pas encore bien défini. A force de rassembler des créateurs grâce aux évènements de la MMMM, on espère bien définir cet ADN.

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