Menacés de tout perdre, les producteurs de riz camarguais viennent de remporter leur bataille. Après trois ans de négociation, ils ont finalement obtenu gain de cause avec le retour d’une aide financière de la part du gouvernement, qui leur permet de continuer à exercer plus tranquillement leur métier.
Il faut savoir qu’avec 230 producteurs et près de 2 000 emplois, la riziculture, en plus de faire partie du patrimoine économique et culturel de la région, est la deuxième activité économique de la Camargue.
Un contexte complexe du à une très faible productivité
La riziculture camarguaise est réputée pour être peut rentable. La cause ? Des frais importants d’installation et de gestion, notamment pour l’inondation des parcelles pour lesquelles, il faut aller puiser l’eau douce dans le Rhône, alors que dans d’autres régions du monde, notamment en Asie, l’inondation des parcelles se fait plus naturellement grâce aux fortes crues des rivières, et aux pluies torrentielles qui s’abattent pendant les périodes de mousson.
En France, la Camargue bénéficie d’un climat très différent à celui de l’Asie du Sud-Est. L’absence de grande période pluvieuse pénalise les producteurs. Et tout le secteur agricole est maintenu uniquement grâce aux aides publiques, qui peuvent représenter jusqu’à la moitié des chiffres d’affaires.
Depuis plusieurs années les riziculteurs de Camargue avaient vu leur subvention diminuer fortement et se demandaient s’ils allaient pouvoir faire survivre leur filière. En 2014, la nouvelle réforme de l’Europe concernant la PAC (Politique Agricole Commune) avait poussé Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture à baisser de 30% le montant des subventions aux riziculteurs. Les producteurs camarguais sont ainsi passés à ce moment là en moyenne de 800 euros d’aides par hectare à 560 euros. Pour « survivre », certains d’entre eux se sont même mis à la production de tomates ou de pommes de terre.
Une victoire pour l’agriculture régionale
Cette décision est une bonne nouvelle car elle va permettre de maintenir à flot une agriculture traditionnelle en Camargue. Et les réactions des élus ne se sont pas faites attendre sur ce sujet.
Pour Martine Vassal, présidente (LR) du Conseil départemental des Bouches du Rhône, c’est un signe très positif.
« Je me félicite de la décision qui permet à la filière rizicole de bénéficier à nouveau des aides de la politique agricole commune. A la suite d’un arbitrage du Ministère de l’Agriculture, la riziculture était en effet exclue du dispositif et conduisait nos riziculteurs camarguais à une perte substantielle qui mettait la filière en danger.
Depuis le mois de juin 2015, je me suis battue, avec mes collègues vice-présidents, Lucien Limousin et Marie-Pierre Callet, et avec les maires des communes directement concernés, afin que les riziculteurs de notre département puissent bénéficier de cette aide.
Après être intervenue auprès du Premier ministre, je m’étais rendue à Bruxelles en octobre dernier avec tous les élus concernés pour rencontrer les responsables européens et qu’ils entendent nos légitimes revendications en faveur de la filière rizicole. »
Pour Michel Vauzelle, ancien Président (PS) de la Région PACA et Député d’Arles qui a également suivi ce dossier de près, la décision est tout aussi bien accueillie.
« C’est une victoire pour la préservation de l’environnement et du tourisme dans ce territoire camarguais typique du pays d’Arles. »