Le paysagiste Michel Desvigne a présenté son projet pour le futur parc des Aygalades, qui doit ouvrir à partir de 2030 dans les quartiers Nord sur 16 hectares pour près de 70 millions d’euros. Il souhaite recomposer une « campagne provençale » autour du cours d’eau.

64 millions d’euros. Hors taxe. C’est le prix à payer pour reconvertir une immense friche industrielle ferroviaire des quartiers Nord de Marseille en immense parc, celui du ruisseau des Aygalades, sur 16 hectares.

D’ici « 2030 ou 2031 », il s’étendra sur près d’1,2 kilomètre pour connecter le parc de Bougainville, et ses bientôt 4 hectares, avec les 5 hectares du parc François Billoux.

Soit une continuité verte de près 25 hectares reliant les 3e, 14e et 15e arrondissements de Marseille. Un « poumon vert » traversant pour connecter les quartiers Saint-Mauront, Canet, Cabucelle, les Crottes et Arnavaux.

des aygalades, Le futur parc des Aygalades, une « campagne provençale » dans les quartiers Nord, Made in Marseille

Un « rééquilibrage entre le Nord et le Sud »

Le prix d’un « rééquilibrage entre le Nord et le Sud de la commune pour la nature en ville » note Isabelle Campagnola-Savon, élue de la Région Sud. Et Nassera Benmarnia, adjointe au maire de Marseille, de se réjouir de « rendre de la fierté aux gens qui vivent dans les quartiers Nord. Ils diront qu’ils habitent aux Aygalades comme ont dit aujourd’hui qu’on habite à Borély ou à Longchamp », prédit-elle.

Région, Département, Métropole, Ville… Elles participent toutes, avec l’État, à la conception de ce projet, porté par l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée.

De quoi justifier une présentation en grande pompe du projet, ce jeudi 6 mars 2025, en invitant le chef d’orchestre, sélectionné fin 2024 pour le réaliser, le paysagiste Michel Desvigne.

des aygalades, Le futur parc des Aygalades, une « campagne provençale » dans les quartiers Nord, Made in Marseille
De gauche à droite : Michel Desvigne, la présidente d’Euroméditerranée Laure-Agnès Caradec, Nassera Benmarnia adjointe au maire aux parcs et jardins, Didier Réault vice-président métropolitain délégué au Cycle de l’eau et Isabelle Campagnola-Savon, élue de la Région Sud.

« C’est un des premiers grands projets du 21e siècle »

« C’est un des premiers grands projets du 21e siècle » vante le paysagiste. « Car il s’adresse à toutes les thématiques. Adaptation au climat, réintroduction de la biodiversité, résilience, frugalité, qualité de vie… »

Michel Desvigne estime répondre à toutes ces problématiques contemporaines « avec précision » grâce aux « 17 partenaires » qui l’entourent pour leurs expertises en écologie, ingénierie ou urbanisme.

Le premier enjeu du Parc du ruisseau des Aygalades réside dans son nom. Il s’agira de remettre à ciel ouvert, sur 1,5 kilomètre, ce cours d’eau recouvert par des décennies d’industrialisation et d’urbanisation.

Derrière l’aspect paysager et naturel, se cache donc un ouvrage hydraulique pour réguler et réduire les crues. La désartificialisation des sols doit permettre d’absorber les pluies et le parc deviendra une zone d’expansion des crues en cas d’épisode méditerranéen.

Un vallon provençal « naturellement résilient face aux crues et sécheresses »

Mais le reste du temps, le parc doit remplir sa fonction d’espace vert pour les habitants. Michel Desvigne résume son geste ainsi : « une transposition de la campagne que l’on retrouve en périphérie de Marseille au Nord et à l’Est ». Il souhaite ainsi recréer un paysage de vallon provençal, « naturellement résilient face aux risques de crues comme sécheresse ».

Nous sommes loin d’un décor thématique, voire exotique, comme le parc du 26e  centenaire, également construit sur une friche ferroviaire. « Ce n’est pas une palette de pépiniériste, mais une palette d’écologie », insiste le paysagiste.

Ainsi, le long du cours d’eau et des différents bassins, les essences locales doivent former de petits écosystèmes. Des trames parallèles sur l’axe Nord-Sud, avec vergers, bois et prairies. Mais aussi des « grandes unités paysagères », perpendiculaires, sur l’axe Est-Ouest, pour protéger du vent et constituer « une grande richesse écosystémique ».

des aygalades, Le futur parc des Aygalades, une « campagne provençale » dans les quartiers Nord, Made in Marseille
Quai et pavillon en bordure du ruisseau. Crédit : Michel Desvigne paysagiste

Prairies, sous-bois, vergers et passerelles pour connecter les quartiers

Sans oublier la fonction urbaine et les futurs usages du parc. Alors que les prairies et sous-bois doivent inviter à flâner, se reposer, dans une atmosphère apaisée, des « lieux de vie s’inscriront naturellement dans cette campagne ». Des pavillons, des zones de sports, mais aussi un « grand quai » le long du ruisseau, pour offrir un panorama, une balade, accueillir des événements et rappeler le passé ferroviaire du site.

En supprimant cette vieille enclave industrielle, le parc du ruisseau des Aygalades doit également « reconnecter les quartiers autour », rappelle le paysagiste. Et ce, même lorsqu’il est fermé.

C’est pourquoi, trois passerelles piétonnes le traverseront sur l’axe Est-Ouest. La principale sera large et centrale et permettra notamment aux pompiers d’y circuler.

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À côté d’une place d’entrée au parc, la grande passerelle centrale. Crédit : Michel Desvigne paysagiste

Livraison par phases « à partir de 2030 »

Il faudra toutefois être patient. Les travaux ne doivent pas commencer avant 2027, avec la partie la plus complexe du chantier, la dépollution. Elle s’annonce très complexe, avec une forte présence de métaux lourds, tant sur les terres que sur le ruisseau.

La dépollution de ce dernier, notamment contaminé au chrome VI comme le révélait Marsactu, sera particulièrement compliquée. En effet, il faudra aussi résoudre les problématiques de contamination sur des kilomètres en amont du parc. Vaste programme, qui prendra du temps, admettent les élus locaux.

De quoi faire passer la dernière ligne droite de l’opération, l’aménagement et la végétalisation du parc, comme la partie la mois compliquée. D’autant que Michel Desvigne rappelle que le paysage se formera « avec le temps, sur des années », relativisant sur les grands arbres présentés sur les projections. Il sera modelé durant des décénnies par la pousse des végétaux et l’écoulement des eaux.

Mais quand les Marseillais pourront-ils commencer à s’y promener ? Euroméditerranée est tout juste en train de finir d’acquérir le foncier. L’établissement public prévoit une livraison, par phases, « à partir de 2030 », précise la présidente de l’établissement, Laure-Agnès Caradec. Un détail de taille. L’ouverture complète du parc devrait donc intervenir les années qui suivent.

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