Au lieu de finir dans un incinérateur ou à la déchetterie, les textiles issus des Jeux Olympique 2024 trouvent une seconde vie entre les mains de Tomo 4.0. L’entreprise marseillaise de mode revalorise les matières utilisées dans le secteur de l’événementiel, du sport ou du spectacle.
À la marina olympique de Marseille, les immenses bâches promotionnelles des JO 2024, qui flottaient au vent cet été, ont disparu. Mais plutôt que de finir en déchets, certaines d’entre elles ont été récupérées par Tomo 4.0. Entre les mains des couturières de La Ficelle, ces textiles se transforment en pièces de mode d’exception.
L’entreprise marseillaise n’achète aucune matière première. Elle travaille uniquement avec des textiles voués à l’abandon, issus de l’événementiel, du sport ou du spectacle. En partenariat avec des ateliers de réinsertion professionnelle, elle les transforme en sacs, vestes et trousses uniques.
Ces pièces allient esthétisme, engagement et innovation, en intégrant une technologie NFC pour raconter leur histoire. Pour Fanny Vion, fondatrice de Tomo 4.0, l’enjeu est de « changer notre regard sur ce qui est considéré comme un déchet. On peut faire du beau avec de l’existant ».

Le local, durable et solidaire « aussi qualitatif que l’industrie classique »
Dans l’atelier de La Ficelle, une structure de réinsertion professionnelle, les bâches récupérées prennent une nouvelle forme. « Ici, les salariés suivent 14 heures de formation par semaine. En deux mois, ils deviennent capables de concevoir des pièces techniques. La réinsertion ne signifie pas une qualité à la baisse », explique Yolande Lombardo, la responsable de production.
Un constat que partage Fanny : « Ce que nous voulons prouver, c’est qu’une production locale et solidaire peut être aussi qualitative que celle de l’industrie classique ».
Quand les pièces de mode racontent des histoires
Pour la fondatrice de Tomo 4.0, un vêtement n’est pas qu’un simple bout de tissu. « J’aime travailler avec des matières qui ont déjà une histoire, et le sport est un formidable vecteur d’émotions, rappelle Fanny Vion. Les textiles des Jeux Olympiques portent en eux des moments intenses, vécus par des milliers de personnes. Pourquoi les jeter quand on peut leur donner une nouvelle vie ? »
Par exemple, certaines trousses issues des bâches des JO 2024 conservent leurs œillets d’origine. « Ça faisait partie de la matière initiale. Pourquoi tout effacer ? J’aime que la matière garde une trace de ce qu’elle a été ». Les pièces intègrent également des morceaux des bracelets VIP des JO. « L’idée, c’était de garder un élément reconnaissable, de montrer que ce bout de tissu avait une autre fonction avant ».
Mais au-delà du travail textile, pour raconter cette histoire que véhicule la matière, chaque pièce est équipée d’une puce NFC. Elle renvoie vers une page retraçant son parcours. « Un vêtement fabriqué chez nous n’est pas juste un vêtement. Il porte en lui une part de l’événement dont il est issu », poursuit Fanny.
Tomo 4.0 « ne veut pas juste créer, on veut structurer une filière »
Si Tomo 4.0 prône une mode plus réfléchie, sa fondatrice veut avant tout tisser des liens entre les différents acteurs du textile et de l’upcycling. « Mon travail, ce n’est pas juste de récupérer des matières et d’en faire quelque chose de beau. C’est de connecter les bonnes personnes, de créer un écosystème de mode viable et durable ».
C’est aussi pour cette raison qu’elle refuse de vendre en ligne. « Chez Tomo, il y a une volonté de faire les choses ensemble. Je préfère travailler en direct avec des structures, avec des ateliers, avec des partenaires qui partagent nos valeurs, plutôt que d’ouvrir un e-shop et de fonctionner en circuit fermé. »
Pour la suite, les collaborations restent au cœur de sa démarche. « Je rêve de travailler avec le Cercle des nageurs, avec l’OM… Et pourquoi pas un jour proposer à Jacquemus de transformer des matières olympiques ».
Derrière chaque projet, un même fil conducteur : faire du vêtement un objet de lien, et non un simple produit de consommation.