Un quartier de 42 000 m2, Smartseille Odyssée, va entrer en travaux en mars sur Euroméditerranée. Toit-terrasses, jardins partagés, thalassothermie, récupération des eaux grises, gymnase public… On vous explique en images le projet porté par Eiffage.
Un véritable ballet de grues anime en ce moment le ciel au Nord de Marseille, entre Arenc et Gèze. Comme des bougies pour célébrer les 30 ans d’Euroméditerranée. Nous sommes ici sur la deuxième phase de cette gigantesque opération de renouvellement urbain, qui vise à réhabiliter un vaste secteur industriel le long du grand port maritime.
Cinq grues sont en mouvement du côté de Cazemajou et Vintimille, où poussent 130 logements, l’immense campus numérique La Plateforme, le collège jésuite Loyola et l’immeuble de bureaux Le Phocéa. D’autres sont en action plus au Nord, pour terminer l’immense quartier neuf des Fabriques à côté de Smartseille (premier îlot d’Euromed’2).
Au beau milieu, face au noyau villageois des Crottes, le long de la rue de Lyon où arrive le nouveau tramway, un immense vide rappelle qu’il manque une pièce à ce grand puzzle urbain. Et de taille : un terrain nu de 2,9 hectares qui accueillait, au sens propre, une usine à gaz.
Smartseille Odyssée : 42 000 m2 de logements et bureaux
C’est ici que va s’élever le nouveau quartier « Smartseille Odyssée ». Une grande opération de 42 000 m2 de surface de plancher. 280 logements (30% sociaux) et 19 000 m2 de bureaux doivent ainsi voir le jour. Les pieds d’immeubles accueilleront 2 200 m2 de commerces et services. Sans oublier un grand magasin alimentaire de 1 300 m2 et un gymnase public de 1 700 m2.
C’est autour d’une grande place, d’espaces publics végétalisés, de jardins partagés et de terrains sportifs, qu’une dizaine de bâtiments s’élèveront de 3 à 16 étages. Les plus bas du côté de la rue de Lyon et du quartier des Crottes, « par politesse avec ce noyau villageois », formule Hervé Gatineau, directeur Immobilier chez Eiffage.
Après avoir clôturé Smartseille juste à côté, le groupe est de nouveau aux manettes de cette opération via sa filiale Eiffage Immobilier Sud-Est. Elle est en charge de la dépollution actuelle des terres, comme de la promotion immobilière à suivre. « Les trois premiers permis de construire définitifs sont accordés », annonce Hervé Gatineau.
Premiers coups de pioche en mars
À commencer par le lot B1, baptisé Héméra, composé de trois bâtiments. Il marquera l’entrée du quartier à côté du futur arrêt de tram, et s’élèvera devant la nouvelle place publique Donaz. Des commerces de bouches et leurs terrasses ainsi qu’une moyenne surface alimentaire doivent s’y installer.
L’agence d’architectes et urbanistes Kahn et Perdereau a dessiné ce projet, acquis par le bailleur ICF Habitat. Il prévoit 59 logements et des petites cellules de bureaux.
L’îlot doit également proposer 1500 m2 de jardins partagés en terrasse, « avec parcelles individuelles et communes, voire un espace dédié à un agriculteur urbain », indique la directrice du programme Odyssée, Laura Gros-Daillon.
« Le permis de construire définitif est accordé, précise-t-elle. Les travaux vont démarrer en mars pour une livraison début 2027 ».
Artémis, un démonstrateur de logements sociaux qualitatifs
Eiffage prévoit le même calendrier pour le projet voisin baptisé Artémis. Il s’élèvera d’ici 2027 sur quatre étages pour proposer 22 logements locatifs sociaux (LLS), que gérera aussi ICF Habitat.
« C’est un immeuble différent des autres. Un démonstrateur qu’on a souhaité très qualitatif », précise Louis De Reynal, responsable du programme pour Eiffage.
Dessiné par les Marseillais de Oh!Som Architectes, « il est assez bas avec des balcons généreux. Il sera conçu avec une structure béton mais une ossature en bois. Et des matériaux biosourcés comme la laine de bois ».
Eole accueille l’Agora du quartier et un appartement commun
Le troisième permis de construire obtenu est certainement le plus imposant. Le projet Eole, conçu par MOA Architecture, doit s’élever sur 16 étages et prévoit 51 logements libres et 25 sociaux.
Le permis définitif a été obtenu et le chantier « doit débuter au premier trimestre 2026 pour une livraison début 2028 », précise la directrice du programme, Laura Gros-Daillon.
Le rez-de-chaussée doit intégrer « l’espace Agora » du quartier poursuit-elle. Inspiré « du succès de la conciergerie expérimentée sur Smartseille 1 », il s’agira d’un site mutualisé pour les habitants et travailleurs « avec un espace de coworking, une conciergerie pour différents services comme les colis ou le pressing… ».
Sans oublier une innovation notable : « un appartement commun ». Ce dernier sera disponible à la location temporaire pour les habitants , « pour accueillir des proches », ainsi qu’aux entreprises du secteur, « pour des collaborateurs de passage ».
Une nouvelle centrale de thalassothermie pour alimenter tout le quartier
Avant cela, un troisième projet devrait entrer en travaux cette année. Il s’agit du lot C2. Le permis de construire est cours d’obtention mais le chantier doit démarrer en septembre 2025. Également sur quatre étages, il se situe au Sud-Est du périmètre, à côté d’un poste de gaz qui restera présent sur le secteur.
L’atelier Régis Roudil architectes a conçu cet immeuble de 3 000 m2 de bureaux, étroit et en longueur, « promettant donc une excellente luminosité », précise Louis De Reynal. La particularité du projet est d’accueillir au rez-de-chaussée une centrale de production thalassothermique de la boucle à eau de mer Massileo.
Cette énergie renouvelable « alimentera en chaleur et fraicheur tout le quartier Odyssée, mais aussi le Collège Loyola, le campus La Plateforme, et d’autres projets encore », indique le responsable du programme pour Eiffage. Il prévoit une livraison en 2027.
Le premier immeuble marseillais à recycler ses eaux grises
Le nouveau quartier mise également sur une approche environnementale. Réemploi de matériaux avec Raedificare, thalassothermie, panneaux photovoltaïques sur les plus grands immeubles… Il vise également les hauts standards pour le bâti (norme RE2025, démarche BDM…).
Une innovation est toutefois à noter sur le lot B3 (70 logements, encore en cours de conception) : la récupération des eaux grises. Une station en sous-sol doit traiter les eaux usées des salles de bains pour les réutiliser dans les toilettes et les espaces verts afin d’économiser l’or bleu.
« C’est une première à Marseille », se réjouit Hervé Gatineau. Il faut dire que le dispositif est complexe. Il nécessite le doublement des canalisations, et le respect de certaines consignes pour les habitants qui doivent, par exemple, exclure la javel.
Odyssée, descendant direct de Smartseille ?
Quelle filiation faut-il voir entre Odyssée et Smartseille 1 ? « C’était un projet démonstrateur qui a fédéré des acteurs innovants et des startups. On avait poussé tous les curseurs au maximum », rappelle Hervé Gatineau, qui en tire certains apprentissages. « Comme la place du numérique dans les bâtiments. Or, le numérique évolue beaucoup plus vite que le bâti », et les équipements dédiés peuvent devenir obsolètes.
Dans un esprit « moins laboratoire, Smartseille Odyssée va se concentrer sur ce qui marche. Comme la mutualisation et le partage d’espaces (appartements, toit-terrasses, jardins partagés, conciergerie, parkings…) ». Ou encore, des espaces verts généreux, « qui améliorent la qualité de l’habitat et l’acceptabilité de la densité pour les résidents ». À suivre.