Réélu à la tête du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nicolas Férand a prononcé ses vœux à la profession le 14 janvier au Pharo. L’occasion d’évoquer les perspectives budgétaires de 2025 et la santé des entreprises locales.

Nicolas Férand, réélu à la tête du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d’Azur (Croec Paca) en décembre dernier, a prononcé ses vœux à la profession au palais du Pharo le 14 janvier. Le président a rappelé la situation économique du pays, sans budget pour l’année 2025, et les difficultés des entreprises en manque de confiance. Entretien.

Made in Marseille : Comment analysez-vous le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou ?

Nicolas Férand : J’ai le sentiment que Monsieur Bayrou vise déjà à sauver son gouvernement de la censure avec le sujet central des retraites. C’est un enjeu important. Mais il faut espérer que du conclave ne sortiront pas de nouvelles taxations pour les entreprises car nous sortons d’une année 2024 très difficile. Et l’année 2025 risque d’être du même acabit.

Sans budget 2025, les députés ont voté une « loi spéciale » pour assurer la continuité de l’État. Quelle est la conséquence pour les citoyens et les entreprises ?

N.F : L’État assure les prélèvements sociaux sur les salaires. La fiscalité des entreprises et des particuliers continue son train-train. La loi spéciale assure le paiement des pensions de retraite et tous les fonctionnaires d’État. Elle fait fonctionner le pays mais en mode dégradé. Cette loi ne permet pas d’avancer, de faire des réformes, de trouver des solutions à la dette de notre nation.

Les chefs d’entreprises, que je représente, pensent que ce n’est pas normal que notre pays emprunte pour payer les pensions de retraite. On emprunte pour investir, changer ses locaux, anticiper la croissance de l’activité. Mais pas payer les salaires.

Les entreprises doivent se préparer à la suppression des aides à l’apprentissage sur la table des discussions du projet de loi de finances 2025…

N.F : Elles ont finalement été maintenues pour 2025. Elles ont été rabotées de 5 000 euros au lieu de 6 000 euros. Ça reste une belle somme pour créer de l’emploi, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Je pense que 95% d’entre elles seront capables de le faire. Donc c’est plutôt positif.

Nicolas Férand, Nicolas Férand veut positionner les experts-comptables comme « un acteur économique majeur », Made in Marseille
Nicolas Férand lors de ses vœux le 14 janvier 2025.

Comment décririez-vous la santé des entreprises locales en amont de la publication de votre baromètre annuel ?

N.F : Nos TPE et PME sur le territoire souffrent énormément. Nous avons surtout le secteur de l’immobilier et de la construction qui souffre. Même si ce n’est pas une nouveauté, le nombre de dépôts de permis de construire est toujours extrêmement bas, les carnets de commandes relativement faibles… Donc le secteur en pâtit. Et ce, malgré la baisse récente des taux des crédits car il y a une pénurie de biens sur le marché.

D’autres secteurs tirent, au contraire, leur épingle du jeu ?

N.F : Les ménages essaient plutôt de se chauffer en hiver et de manger. Donc les métiers de bouche maintiennent tant bien que mal leur chiffre d’affaires. Mais tous les secteurs sont tendus. Car il reste encore les PGE [prêts garantis par l’État pendant le Covid, Ndlr] à rembourser jusqu’en 2026.

Les entreprises ont-elles ressenti « l’effet JO » sur leur activité ?

N.F : Non, les entreprises n’ont pas ressenti l’effet JO. Ces jeux étaient une magnifique vitrine pour la France. Je pense que le secteur du tourisme, peut-être plus sur Paris que chez nous, va pouvoir en tirer profit. Mais à l’échelle du territoire, même si la flamme était une très belle manifestation, je ne suis pas convaincu des retombées économiques.

Vous avez été réélu en décembre dernier à la tête du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables. Quelle est votre priorité pour ce mandat ?

N.F : Pour ces deux ans à venir, la formation est un sujet qui me tient à cœur. Nous allons être confrontés à la mutation de notre métier avec la facture électronique : la facture X. C’est un nouveau format de facture à compter du 1er septembre 2026 pour toutes les entreprises. Ce format X est un fichier PDF accroché à un petit fichier texte pour qu’il soit visible par tous les logiciels. Nous pourrons ainsi mieux traiter la donnée. Cette réforme a notamment été voulue par Bercy afin de lutter contre la fraude à la TVA.

Allez-vous notamment utiliser de l’intelligence artificielle pour traiter cette donnée ?

Oui, tout à fait. Étudier la donnée avec de l’intelligence artificielle va nous permettre de mieux anticiper, de proposer des plans de trésorerie aux entreprises et d’être plus performants. Nous allons donc pouvoir nous concentrer sur d’autres missions comme la transmission d’entreprise, la RH, la RSE… que nous avions délaissé par manque de temps. C’est une formidable opportunité pour se positionner comme un acteur économique majeur.

Bouton retour en haut de la page