Les membres de l’association Mycotopia cultivent des champignons comestibles biologiques, dont des pleurotes et des shiitakés, dans un hangar du 15e arrondissement de Marseille.
« Champignonnière urbaine et laboratoire de recherche et développement en mycologie appliquée à Marseille ». C’est ainsi que se décrit l’association Mycotopia, spécialisée dans la culture de champignons comestibles biologiques. Entre 1,2 et 1,5 tonne de pleurotes grises et de shiitakés poussent chaque mois dans son hangar de l’avenue Roger Salengro, dans le 15e arrondissement.
« La culture se fait de juin à septembre. Elle est soumise à la saisonnalité, puisque nos serres ne sont ni chauffées, ni climatisées, précise Guislain Delcher, co-fondateur de Mycotopia en 2020. C’est une culture hors-sol, adaptée aux centre-villes ». Seul un brumisateur maintient le niveau d’humidité nécessaire dans les pièces pour faire pousser les champignons.
Un substrat fait maison
Ces derniers poussent sur de la biomasse locale. Comprendre : des déchets provenant d’exploitations agricoles, comme de la sciure de chêne, du son de blé et de la paille de riz de Camargue… un environnement riche pour le mycélium (la partie souterraine des champignons), qui colonise le mélange.
Si les ballots de pleurotes et de shiitakés proviennent d’Auvergne, Mycotopia souhaite développer de manière autonome la culture d’espèces plus rares comme l’hydne hérisson, la pholiote adipeuse, ou encore le pleurote de panicaut. Guislain et son équipe sont actuellement en pleine période de tests pour élaborer leur propre substrat.
« C’est un peu la nourriture de nos champignons, explique le directeur. Dans la forêt, ils dégradent de la matière organique. Nous reproduisons ça de manière artificielle et en créant la mixture parfaite, à 60 % d’humidité ». Celle-ci est ensuite stérilisée avant l’inoculation du mycélium, puis mise sous incubation dans l’obscurité à 24 degrés pour une période de 10 à 15 jours.
Des produits ultra-frais
Plus tard, après une dizaine de jours d’exposition à la lumière, des grappes commencent à pointer le bout de leur nez à travers les trous percés dans les ballots. À peine récoltés, les champignons sont distribués en circuit court dans les restaurants, les épiceries paysannes, sur les marchés de producteurs marseillais et dans les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne).
Ils ne restent pas plus d’une journée dans la chambre froide. Et c’est là que se trouve un autre intérêt de cultiver des champignons en ville : « C’est un produit qui se conserve assez difficilement, il est donc récolté et vendu le plus vite possible, reprend Guislain. Ici, on est au plus proche des consommateurs, donc les gens bénéficient de produits très frais ».
Passionné, Guislain Drecher souhaite amener le champignon à se répandre dans d’autres terrains de réflexions, comme celui des pratiques d’agriculture raisonnée. Les résidus de culture de Myocotopia sont ainsi revalorisés par des maraîchers et intégrés à leurs sols. « Le champignon est souvent oublié, alors que c’est un organisme vraiment important dans les écosystèmes », appuie-t-il.