Depuis plus de 25 ans, la boutique Luciole embrasse la culture nippone à Marseille. Chaque objet raconte une facette du Japon qui attire autant les fins connaisseurs que les amateurs.
Si sa devanture est discrète, à l’intérieur, la boutique « Luciole » brille de mille feux. Les boîtes à thé sont disposées en enfilade à la manière d’un comptoir, en face des céramiques artisanales. Des kimonos brodés et des Geta, tongs traditionnelles en bois, attendent sagement dans l’armoire.
Le Maneki neko, chat porte-bonheur avec une patte levée, et le Daruma en papier mâché, inventeur du Zen et des arts martiaux qui exauce les vœux, sont partout : sur les tasses, assiettes, bols, en figurine, ou en origami. La culture japonaise est dans chaque recoin.
Pourtant, lors de sa création en 1998, Claude et Céline Touati, voulaient seulement créer une maison de thé. Elles échangeaient avec le Maroc, la Russie, l’Angleterre, la Chine et le Japon… Et la rencontre avec leurs partenaires japonais deux ans plus tard « a été un coup de cœur ».
Une boutique-musée
Alors, Claude et Céline se sont concentrées sur la vente du thé et de la céramique japonaise, percevant l’attrait grandissant des clients, autant des fidèles que des amateurs. Année après année, les commerçantes ont étoffé leur catalogue, tout en restant dans l’art traditionnel. Pas de manga, ni d’arts martiaux.
Elles conservent certains vieux objets comme des trésors. Céline chérit particulièrement une boîte à couture de Kyoto, vieille de 150 ans, et un chauffe saké du XIXe siècle posé en hauteur sur une étagère. « On voudrait presque ne pas les vendre », murmure la Marseillaise.
Comme au musée, des petits mémos expliquent l’usage des objets. Par exemple, les geta miniatures, confinées dans une jolie boite, sont un cadeau de naissance courant au Japon pour souhaiter « une bonne marche » vers la vie et l’épanouissement intérieur.
Une histoire de femmes
« Tout a un sens ici », répète Céline qui a transmis sa passion nippone à Lucie, sa fille née deux ans avant la création du magasin. Les trois générations travaillent désormais ensemble : « Une histoire de femmes » au cœur de l’entreprise.
Du haut de ses 28 ans, Lucie souhaite maintenant apporter sa touche personnelle au magasin en digitalisant les ventes pour mieux aménager son temps, et ainsi cultiver sa vie hors du travail. Contrairement à sa grand-mère, toujours sur le pont à 78 ans passés.
« C’est son bébé », souffle Céline en emballant un paquet dans du papier raffiné. Cette longévité vient aussi peut-être d’une « grande sérénité » à travailler en famille depuis bientôt 30 ans. Chaque soir, quand elles baissent le rideau, elles disent « Merci Luciole ».