Dans le quartier de la Plaine, « Neopouss » produit 32 variétés de micro pousses dans sa ferme urbaine. Outre des qualités nutritives, ces plants présentent des atouts pour une agriculture durable en ville.

La devanture verte de « Neopouss » annonce la couleur. Ici, rue Saint-Savournin, à deux pas de la Plaine, en plein centre-ville, Mathilde et Laura cultivent des micro pousses dans un laboratoire de 40 m2. Ces plants de légumes, condiments et fleurs, récoltés à un stade très jeune, permettent d’agrémenter le goût, l’esthétique mais aussi la valeur nutritive d’un plat.

Depuis mars dernier, les deux fondatrices cultivent 32 variétés de micro pousses de betteraves, brocolis, roquette ou wasabi… Il suffit d’une poignée de ces petits plants pour une explosion des saveurs en bouche chargée en vitamines A, B, C, D et autres.

micro pousses, Les micro pousses, avenir de l’agriculture durable à Marseille ?, Made in Marseille

Pour les cultiver, Mathilde et Laura répètent chaque jour les mêmes gestes. Elles plantent des graines pour les placer dans l’obscurité quelques jours. Ensuite, elles les installent sous des lampes et des ventilateurs pendant une à trois semaines. Un système ingénieux véhicule l’eau en circuit fermé, permettant « une économie de 90% d’eau par rapport à une culture au sol ».

En plus d’être nutritive, savoureuse et peu énergivore, cette culture est aussi peu gourmande en espace. Près de 500 barquettes de micro pousses sont produites simultanément à la verticale sur de grandes étagères, appelées « rack ». Ce qui est avantageux en ville, et en particulier à Marseille, où le foncier est rare et cher.

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Micro pousses de betterave.

Un terreau fertile à Marseille

Mathilde et Laura croient ainsi « au potentiel énorme de ces petites graines ». Depuis le lancement en mars, elles comptent 60 clients restaurateurs, allant des étoilés comme le Petit Nice ou l’Epuisette, jusqu’aux bistrots. Ce qui leur permet déjà d’être à l’équilibre, sans pouvoir se rémunérer.

Les deux amies, respectivement ingénieure agronome et cheffe de produit, se sont rencontrées chez Auchan en région parisienne. Après une parenthèse chacune de leur côté, elles se sont associées pour monter ce projet agricole innovant à Marseille.

« Il y a une vraie émulation de la gastronomie ici », assurent-elles. La ville accueille de plus en plus de concepts culinaires et d’agriculture durable, notamment plusieurs projets de micro pousses dont Wesh Grow dans l’école de la Plateforme (2e).

Les chefs s’engagent également, comme Gérald Passedat avec le restaurant solidaire L’Après M, ou encore Sébastien Richard avec Le République. Ce soir un groupe de chefs engagés lanceront, à la Vieille Charité, le manifeste Restaure pour améliorer l’attractivité de la restauration.

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Ferme urbaine de micro pousses

À venir ?

Il y a quelques jours, les fondatrices ont signé un contrat avec un grossiste régional pour augmenter leur production locale. Elles ont aussi été sélectionnées par le nouvel incubateur « Agrifoodtech » pour suivre un accompagnement de 12 mois avec d’autres start-up comme AVE Racine, un projet de charcuterie de légumes, qu’elles connaissent bien.

Mathilde et Laura plaident d’ailleurs pour créer un grand espace commun, comme un tiers-lieu, pour réunir tous les producteurs urbains à Marseille : « ça pourrait aller de la production de champignons, micro pousses, fromages, vins… et ce serait une première en France », songe Laura.

La fondatrice espère que Kedge, la Cité de l’Agriculture et Intermade, les aideront à réaliser ce projet. Et aussi à se projeter dans la prochaine étape. « Est-ce qu’il faut s’industrialiser ? Cibler le marché de l’Europe du sud ? » À l’image de l’industriel danois Copper Cress qui alimente le nord de l’Europe.

Mille questions se percutent dans leur tête. Même si elles ont déjà des idées bien concrètes : en faire des jus, des smoothies, animer des ateliers, des visites de leur ferme… avant tout pour « faire connaître » ce produit encore méconnu au grand public, à commencer par les habitants du quartier.

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