Le Campus Cyber Euromed entre en action dans la tour Mirabeau pour lutter contre les attaques numériques, de plus en plus intenses. Ce site d’innovation et de formation dans la cyber sécurité s’inscrit dans la stratégie nationale de protection numérique.

En bordure du Grand port maritime de Marseille, dans le quartier d’affaires des quais d’Arenc, la tour flambant neuve Le Mirabeau est devenue « une tour de contrôle pour les pirates ». Informatiques, bien sûr, avec l’implantation du Campus Cyber Euromed sur 2 000 m2.

Un nouveau « lieu-totem de la cyber sécurité et de l’intelligence économique ». Dans les faits, des dizaines de sociétés spécialisées dans la sécurité numérique et informatique ont pris leurs quartiers pour développer un pôle dédié à la question.

Au-delà d’héberger, fédérer et dynamiser l’écosystème local spécialisé dans la cyber protection, il s’agit d’en faire bénéficier à tous les acteurs du territoire. Des citoyens victimes des arnaques en ligne, en passant par les institutions publiques harcelées par des hackers rançonneurs…

campus cyber, Le nouveau Campus Cyber de Marseille déclare la guerre aux pirates informatiques, Made in Marseille
Avec ses airs de salle de crise, un espace d’accueil et de formation aux situations de cyber attaque.

Cyber attaques d’entreprises : « 70% déposent le bilan »

Sans oublier les entreprises, notamment les petites et moyennes, mal formées et mal protégées. Avec un chiffre édifiant : « 70% déposent le bilan dans les deux ans suivant une fraude ou une cyber attaque. Quand elle ne paient pas la rançon », estime Christine Fabresse, présidente du directoire de la Caisse d’Épargne CEPAC.

Elle note une augmentation foudroyante des attaques numériques « de 65% entre 2022 et 2023 ». Le Campus Cyber Euromed proposera donc des audits, des formations, et des solutions pour faire face aux diverses agressions numériques. Le site prévoit par exemple une salle de simulation de cyber attaque.

Promouvoir la formation aux métiers de la protection numérique

Enfin, le projet a l’ambition de « promouvoir les métiers et compétences de la cybersécurité », rappelle l’initiateur du Campus Cyber Euromed, Kévin Polizzi. Le président de la société marseillaise Unitel Group, géant du secteur du cloud et de l’hébergement informatique, fait de la sécurité numérique une question centrale.

Il insiste donc sur le besoin de former des futurs experts de la cyber sécurité sur le territoire. « Deux tiers des flux internet français passent par Marseille, cinquième hub mondial, avec l’ambition de devenir la capitale euro-méditerranéenne du numérique ».

Il prévoit ainsi de proposer de former ici un maximum de jeunes. Principalement, « en misant sur l’alternance. Un modèle de formation indispensable dans le numérique, où ce que vous avez appris à l’école l’année dernière aura sûrement changé demain ».

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Espaces de coworking pour sociétés de cyber sécurité

Un Campus Cyber porté par le privé à Marseille

Ce centre de protection numérique implique également les institutions publiques, comme l’Armée, les collectivités, ou l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).

Car la stratégie française de souveraineté dans la cyber sécurité a été lancée par l’État, avec une tour de contrôle nationale inaugurée en 2022 à La Défense. Mais ce sixième Campus Cyber du pays, bien que labelisé par l’ANSSI, a la particularité d’avoir été initié et porté par le privé.

Aux côtés d’Unitel Group et de la Cepac, on retrouve notamment la CMA CGM, propriétaire du bâtiment, l’Aéroport Marseille-Provence, et la Française des Jeux (FDJ).

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Hadi Zablit (CMA CGM), Christine Fabresse et Kévin Polizzi présentent le Campus Cyber

Les collectivités, victimes à répétition de cyber attaques

Les institutions publiques se réjouissent toutefois du nouveau pôle de lutte contre la cybercriminalité. Notamment les collectivités locales, loin d’être épargnées par les hackers. À Marseille, la Ville comme la Métropole ont déjà subi les assauts d’ampleur en 2020.

« Ça nous a coûté un million d’euros » pour tout remettre en ordre, indique le vice-président métropolitain Didier Khelfa. La mairie a renouvelé l’amère expérience en deuxième en 2023, rappelle Christophe Hugon, conseiller municipal délégué au numérique, fin connaisseur du piratage autant que sympathisant du Parti Pirate.

« Nous n’avons jamais payé de rançons, assure l’élu, mais ça nous a coûté une paralysie des services, et une expérience traumatisante pour certains agents ». Il espère que ce nouveau centre de lutte contre la cyber criminalité portera ses fruits.

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