Une grande campagne d’exploration des sous-sols va débuter autour de l’étang de Berre. Objectif : récupérer la chaleur des profondeurs grâce à la géothermie.
La géothermie permet de récupérer la chaleur du sous-sol, entre 1 000 et 3 000 mètres, pour augmenter la température des logements. Une énergie durable et décarbonée, alors que les tréfonds de la croute terrestre regorgent de calories. Les chercheurs estiment que l’on gagne 30°C par kilomètre de profondeur.
Aujourd’hui, en France, l’équivalent d’un million de personnes se chauffent grâce à la géothermie, en évitant l’émission de 480 000 tonnes de CO₂ par rapport à des chaufferies gaz. Toutefois, la technique est encore sous-exploitée, principalement utilisée en région parisienne et dans le Sud-Ouest.
Mais en Provence-Alpes-Côte d’Azur, il n’y a aucune installation de géothermie. « Alors qu’un potentiel existe », insiste l’Agence de la transition écologique (Ademe). Un enjeu stratégique de transition quand on sait que, sur le territoire, « la chaleur représente environ 75 % des consommations d’énergie ».
C’est pourquoi, avec le Service géologique national (BRGM), la Région Sud et la Métropole Aix-Marseille-Provence, elle lance une grande campagne scientifique pour identifier les capacités thermiques des sous-sols autour de l’étang de Berre.
Une échographie géante sur 1 000 km² pour 4 millions d’euros
Il s’agit du projet « Géoscan Arc ». Il vise à lancer la dynamique d’exploitation de ce gisement de chaleur renouvelable sur le territoire, pour un coût global de 4,12 millions d’euros.
Si le prix de cette étude semble élevé, c’est que zone analysée est immense. D’Arles à l’Ouest, jusqu’à Aix-en-Provence à l’Est, de Martigues au Sud jusqu’à Miramas au Nord. Le périmètre étudié représente environ 1 000 km².
Le procédé pour déterminer la nature des sous-sols ? Le même qu’une échographie médicale. À savoir, des ondes acoustiques qui se propagent et se répercutent et permettent d’en tirer des images. Et de repérer des zones propices à la récupération de chaleur.
Camions vibreurs sur terre et barge acoustique sur l’étang
Pour couvrir une telle surface d’étude, les scientifiques disposent d’outils conséquents : des camions vibreurs. Ces mastodontes martèlent le sol et génèrent des ondes vibratoires suivant différentes fréquences. Elles sont réfléchies par les couches géologiques et enregistrées par des capteurs en surface.
Une tâche plus complexe sur l’eau. Pourtant, il faudra étudier les sous-sols sur les 155 km² de l’étang de Berre. Ici, des barges acoustiques rempliront cette mission, et combineront leurs données avec d’autres, issues de l’exploration pétrolière des années 1960-1980.
La terre va vibrer à partir de novembre
La compagnie Smart Seismic Solutions (S3) va démarrer cette campagne de prospection avec ses camions vibreurs à partir de fin octobre et jusqu’à mi-décembre 2024, selon l’Ademe.
En amont, une campagne de communication va démarrer en octobre pour sensibiliser le grand public aux enjeux et aux potentielles nuisances de cette étude. Des journées portes ouvertes sont prévues les 16 et 17 octobre à Vitrolles et à Istres.
Après les recherches, les analyses des données seront fastidieuses. L’Ademe précise que les résultats finaux sur le potentiel des sous-sols du territoire ne sont pas attendus avant « le printemps 2026 ». En espérant que la date marque le lancement des premières installations de géothermie profonde de Provence.
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