Dans un contexte de crise du logement, la Ville de Marseille précise la future règlementation pour les locations de meublés courte durée de type Airbnb. Elle vise à empêcher de louer les résidences secondaires.

La Ville de Marseille pose la crise du logement en toile de fond pour dire stop à la déferlante des résidences de tourisme et autres locations de « meublés courte durée ». En bref, Airbnb au centre du viseur, avec quelques autres plateformes.

Car, d’un côté, la puissance publique peine à produire assez de logements sur la commune. Avec « la signature de permis de construire pour 3 000 à 3 500 logements par an actuellement, dont 48% de social », note Patrick Amico, adjoint municipal délégué au sujet.

Encore loin de l’objectif de 4 500 logements annuels, « mais on est dans une véritable politique de relance de la production », assure-t-il.

Toutefois, « si on en produit 4 500 et qu’on en perd 2 000 sur un an car ils sont transformés en résidence de tourisme, on est dans un système fou furieux », tonne l’adjoint. « Il faut arrêter de perdre le logement existant, qui pourrait avoir une vocation familiale ».

Dans le centre, un logement sur dix en meublé courte durée

Il dénonce cet accaparement du logement familial par le tourisme, particulièrement important dans certains secteurs. « C’est 9% des logements dans le 1er arrondissement ». Soit près d’un logement sur dix dédié à la location courte durée. « Dans le 2e arrondissement, avec le Panier, c’est 7,2%. Suivi par le 7e arrondissement avec 6,8% ».

Selon lui, aujourd’hui, sur les 12 600 meublés courte durée en location sur des plateformes à Marseille, « 55% sont des résidences secondaires », chiffre Patrick Amico. « 70% des propriétaires ne sont pas marseillais », précise-t-il.

Un phénomène « nouveau », qui, selon le tableau dressé par l’adjoint, aurait vu une bonne partie des logements des Marseillais disparaitre au profit du tourisme.

 

Le système de compensation pour dissuader les propriétaires

Dans les faits, aujourd’hui, les propriétaires doivent demander une autorisation à la mairie pour transformer une résidence secondaire en meublé de tourisme. « Avant, on pouvait le faire pour cinq résidences secondaires. On a commencé à réagir dès 2021 », rappelle Patrick Amico. En limitant à une seule résidence secondaire, sur une durée de 4 ans.

Au-delà, il faut « compenser avec la création d’un autre logement à vocation familiale », explique l’élu. Aujourd’hui il souhaite appliquer cette compensation dès la première résidence secondaire. De quoi mettre quasiment fin à cette pratique, étant donné le coût que représente la création d’un nouveau logement.

« On ne pourra que louer son logement principal », résume Patrick Amico. « Revenir vers le fonctionnement d’origine des plateformes comme Airbnb. Une résidence principale qu’on peut louer 120 jours par an ».

Cependant, la mesure n’est pas retroactive. L’adjoint estime qu’il faudra attendre 2028 pour qu’aucune résidence secondaire ne soit autorisée à la location courte durée.

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Une brigade de 10 agents de contrôle

Ces précisions font suite aux annonces de Benoît Payan, la semaine dernière chez Maritima et La Marseillaise. Le maire de Marseille promettait « la règlementation la plus stricte de France pour lutter contre Airbnb ».

Elle devrait devenir effective « en début d’année » 2025, précise son adjoint au logement. Il faudra toutefois que le Conseil métropolitain la valide d’abord. « Je n’imagine pas qu’il se prononce contre », s’avance Patrick Amico.

Pour faire respecter les nouvelles règles, la Ville s’appuiera sur sa brigade de contrôle dédiée, lancée en 2023. « De six agents assermentés aujourd’hui, nous passerons prochainement à 10 », annonce l’élu.

Il promet une intensification des contrôles pour les loueurs de meublés de courte durée « hors des clous ». Tout en rappelant la sanction pouvant atteindre 50 000 euros pour les contrevenants.

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