Conçu en 1966 à Marseille par le commandant Cousteau, le sous-marin SAGA a battu tous les records de profondeur. Il repose aujourd’hui dans un hangar de l’Estaque, où des passionnés offrent au public la possibilité de le visiter.
Dans un hangar du port de l’Estaque (16e) à Marseille, à l’abri des regards, repose un monument de la technologie sous-marine : le SAGA, acronyme pour Sous-marin d’assistance à grande autonomie. Créé sous la direction du commandant Jacques-Yves Cousteau, ce géant des mers (28 mètres de long pour 300 tonnes) est le plus grand sous-marin civil jamais construit.
Grâce à son moteur Stirling à propulsion anaérobie, « il pouvait rester jusqu’à 21 jours en opération sous l’eau, permettant aux plongeurs de réaliser leurs paliers de décompression directement à bord. Avant d’être ramenés à la surface en toute sécurité », explique Marius Orsi, ingénieur mécanicien du SAGA qui a navigué avec Cousteau à bord du navire Calypso.
Un record de plongée à 317 mètres
Le célèbre commandant au bonnet rouge a imaginé et initié en 1966 la conception de cette « maison sous la mer autonome et propulsée », destinée à abriter les plongeurs et l’équipage du sous-marin, dans la lignée des expériences Précontinent. Jacques-Yves Cousteau l’appelle alors « Argyronète », en référence à cette araignée sous-marine qui forme une bulle d’air pour respirer.
En 1970, l’explorateur met le cap vers de nouveaux horizons américains, coupant court au projet. La Comex le reprend en 1983 pour travailler en lien avec l’industrie pétrolière. Celle-ci récupère un certain nombre d’équipements dont la coque, les moteurs diesel, les équipements hydrauliques et la sphère largable.
Le SAGA est mis à l’eau en 1987. Trois ans plus tard, il bat le record du monde d’intervention par plongeur depuis un sous-marin civil, établi à 317 mètres au Cap Bénat, dans le Var, sous le commandement d’Henri Delauze et de Pierre Papon, ancien président de l’Ifremer. Il effectue également une plongée d’observation à 667 mètres.
Une « capsule temporelle » à visiter
Cependant, ce rêve technologique s’est vite heurté à la hausse des coûts entraînée par le choc pétrolier. LʼInstitut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), partenaire de la Comex, arrête sa participation au projet en 1990, après 26 plongées.
Mais le vaisseau aquatique jaune n’est pas totalement tombé dans l’oubli. Si le sous-marin « crache-plongeurs » appartient aujourd’hui à la Ville de Marseille, l’association des Compagnons du SAGA, dont certains ont participé à sa création et aux opérations, veille sur lui.
Ceux-ci proposent des visites insolites du sous-marin tous les vendredis matin sur rendez-vous. Une visite virtuelle en ligne permet aux visiteurs de découvrir les différentes salles à l’intérieur du sous-marin, tandis qu’une immersion avec des casques de réalité virtuelle est en cours de développement.
Michel Bourhis, le président de l’association et ancien directeur commercial à la Comex, ainsi que les passionnés qui l’entourent, espèrent que ces initiatives permettront de « valoriser et transmettre » la mémoire de cette « capsule temporelle ». Plus de 700 personnes sont venues (re)découvrir le SAGA lors des dernières Journées du patrimoine, les 21 et 22 septembre derniers.