La Ville de Marseille veut redistribuer les aliments non consommés dans les cantines des écoles aux plus démunis. Ce dispositif anti-gaspi et solidaire débutera en octobre avec 17 écoles des quartiers Nord.
« Cela fait quatre ans que je travaille dessus. Je me suis tirée les cheveux, c’est un vrai casse-tête », lance Audrey Garino (PCF), l’adjointe au maire de Marseille chargée des affaires sociales et de la solidarité. Le casse-tête ? Trouver comment revaloriser le gaspillage des cantines scolaires marseillaises au profit des personnes dans le besoin.
« Il y a toute une logistique quotidienne à mettre en place, le respect de la chaîne du froid… Et on ne sait jamais à l’avance ce que les petits Marseillais vont manger ou non », décrit l’élue communiste.
Alors, la municipalité s’est appuyée sur des acteurs spécialistes de la redistribution alimentaire : l’Association nationale du développement des épiceries solidaires (ANDES).
Le conseil municipal de ce vendredi 20 septembre doit approuver une convention avec l’association pour ce projet de « redistribution des denrées non consommées » des cantines marseillaises.
17 écoles jouent le jeu dans les quartiers Nord
Compotes, biscuits, yaourts, certains fruits… « L’ANDES récupèrera les aliments facilement conservables, non consommés dans les cantines. Puis les redistribuera aux personnes les plus démunies avec son réseau d’épiceries solidaires et des acteurs sociaux », explique l’adjointe à la solidarité.
Cette « première expérimentation » doit débuter dès octobre 2024. Elle concernera pour commencer 17 écoles des quartiers Nord, dans les 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements. « Un périmètre proche de l’association, basée au marché d’intérêt national (MIN) des Arnavaux », justifie Audrey Garino.
Vers une généralisation du projet à toutes les cantines marseillaises ?
« Vivement qu’on puisse l’étendre à l’ensemble des écoles de la ville », poursuit l’élue. Elle espère que cette première expérience soit concluante et permette de développer une méthodologie efficace applicable à toutes les cantines.
En effet, ces apports de denrées gratuites pourraient être significatives. Chaque jour, à Marseille, les cantines scolaires servent en moyenne 50 000 repas. L’ADEME estime que chaque élève gaspille environ 120 grammes de nourriture par service.
De l’autre côté, celui des parents, « un adulte sur trois se prive de nourriture pour nourrir ses enfants », déplore Audrey Garino. En espérant renverser l’équation avec ce projet, pour que ce dont se privent les enfants, finissent dans l’assiette des plus démunis.
Les surplus de la Sodexo aussi redistribués
Cette approche anti-gaspi de redistribution existe aussi en amont des repas, au niveau de la cuisine centrale des cantines marseillaises, gérée par la Sodexo. Tous les matins, « chaque école de la ville fait remonter le nombre d’élèves qui seront présents à la cantine », explique Audrey Garino.
Cela permet de déterminer les denrées en surplus. Et de les redistribuer à des acteurs de la redistribution alimentaire. Par exemple, l’association solidaire des Femmes du Plan d’Aou.
Ce dispositif, lancé durant la crise du Covid, « se poursuit encore aujourd’hui. Mais désormais, avec le projet de l’Andes, on vise à redistribuer les surplus en amont ET en aval des repas scolaires », précise l’adjointe à la solidarité.