Alors que la saison estivale touche à sa fin, l’Office de tourisme de Marseille dresse un bilan marqué par une forte hausse de la fréquentation étrangère, notamment grâce aux Jeux olympiques. Mais l’inflation a freiné les dépenses des visiteurs.
« Comme chaque année depuis 2020, la saison a été atypique », résume Laurent Lhardit, président en intérim de l’Office de tourisme, récemment élu député de la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône. Peut-être plus exceptionnel qu’atypique, l’été 2024 a été marqué par un événement majeur, les épreuves de voile des Jeux olympiques, dont Marseille tire son épingle du jeu avec « une augmentation significative de la fréquentation touristique ».
Alors, avec quelques semaines de recul, est-il possible de parler d’« effet JO » ? D’après une étude IFOP, sur 2 300 personnes interrogées entre le 24 juillet et le 8 août, 35 % des visiteurs étaient détenteurs de billets pour assister aux compétitions olympiques.
Les touristes français constituent 60 % des visiteurs, avec une majorité provenant de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (45 %), suivis par l’Île-de-France (22 %). Parmi eux, 46 % découvraient Marseille pour la première fois, venant principalement pour des vacances et loisirs (70 %), pour rendre visite à des proches (37 %), avec des séjours d’une durée moyenne de 6,9 jours.
+38% de visiteurs internationaux
Les hôtels ont également bénéficié de cette dynamique olympique, selon l’Office de tourisme. Sur la période des Jeux, le taux d’occupation à Marseille a atteint 83,1%. Soit une hausse de 18% des nuitées par rapport à la saison dernière.
Cette progression a été particulièrement marquée pour les nuitées internationales, qui ont bondi de 38%, tandis que les nuitées françaises ont augmenté de 5%. Marseille s’est ainsi distinguée des autres villes hôtes par une affluence internationale plus forte. Les nationalités les plus présentes sont les Allemands (16%), les Américains (13%), les Belges (11%), les Espagnols (10%) et les Italiens (10%).
Enfin, les nuits réservées dans les meublés de tourisme à Marseille à cette période ont augmenté de 20% par rapport à 2023. En dehors des hébergements marchands, 31% des personnes de passage dans la ville ont été logées chez leurs familles ou leurs amis.
Pour rappel, les 10 rencontres de football au stade Vélodrome ont attiré 350 000 spectateurs et 35 000 billets d’entrée ont été vendus sur les 12 jours de régates au départ de la Marina olympique du Roucas-Blanc. Plus de 200 000 personnes ont également profité des 8 000 m2 du Club 2024 sur les plages du Prado : une initiative que la municipalité pourrait renouveler chaque été, forte de son succès.
Une saison sous le signe de l’inflation
Si l’affluence a été notable, les professionnels du tourisme n’ont pas échappé aux effets de l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, qui poussent les visiteurs à consommer « différemment et moins », tempère Laurent Lhardit. Au niveau national, les Français sont « un peu moins partis, un peu moins longtemps avec des dépenses plus contraintes », selon ADN Tourisme.
Les restaurants représentent les plus fortes dépenses (30,76€) dans le panier moyen journalier des visiteurs, qui ont surtout réalisé des dépenses alimentaires (85%), festives (bars, cafés) (49%) et liées aux activités touristiques (42%). Pour l’ensemble des autres dépenses durant leur séjour, les sondés ont dépensé en moyenne 76,40 € par personne (magasins/shopping, boutique officielle des JO)…
Simultanément, le prix des chambres d’hôtel à Marseille a augmenté de +38% pour atteindre 158€ en moyenne, quand une nuit dans un meublé touristique a grimpé de 111€ à 181€ en moyenne. Si les hôtels haut de gamme et de luxe ont vu leur taux d’occupation progresser de +14,7 pts, ce sont les hôtels économiques qui ont enregistré le taux le plus élevé d’occupation, avec 88,5 %.
En termes de qualité du séjour, « tous les voyants sont au vert » selon la même étude IFOP. « 90% des interrogés sont satisfaits et recommanderaient Marseille à leurs proches ». Un point noir : la propreté de la ville, « un problème absolu qui nous plombe, déplore Laurent Lhardit. Cela devient un baromètre, rien n’a bougé depuis l’année dernière ». En effet, 60% des personnes interrogées se déclarent « insatisfaites » à ce sujet.
Le tourisme comme « politique publique »
Pour l’adjoint en charge du dynamisme économique, Marseille a le potentiel de devenir, après Paris, « la première ville de France à attirer des visiteurs tout au long de l’année », au-delà de la saison estivale traditionnelle. « Cela permettrait non seulement de transformer l’industrie touristique, mais aussi de consolider et créer des emplois de meilleure qualité », souligne-t-il.
Toutefois, l’élu insiste sur l’importance de considérer le tourisme comme une « politique publique ». « L’impact du tourisme sur la ville et ses habitants est tel qu’il ne peut plus être évalué uniquement sur des critères économiques. Il faut éviter les phénomènes de surpopulation et lutter contre la surfréquentation touristique », précise-t-il.
Dans cette optique, l’Office de tourisme a distribué, dès le début de l’été, 250 000 exemplaires d’une nouvelle carte touristique mettant en avant les quartiers Nord et Est de la ville, dans le but de désengorger le centre-ville et les zones littorales du Sud.