Le maire de Marseille a présenté trois nouveaux établissements scolaires à la presse pour vanter l’avancée du Plan de rénovation des écoles de la ville. Il table sur 17 inaugurations cette année.

Le maire de Marseille poursuit sa rentrée politique sur fond de rentrée des classes. Benoît Payan le répète à l’envi, la rénovation des écoles est « le sujet N°1 » de la majorité municipale depuis 2020. Elle est même « le déclencheur de ce qui a fabriqué cette majorité », retrace-t-il, évoquant le piteux état du bâti scolaire marseillais dont il a hérité.

Avant le lancement en 2021 d’un grand Plan de rénovation et de reconstruction des écoles qui atteint désormais 1,5 milliard d’euros, avec une aide exceptionnelle de l’État*. Un chantier pharaonique pour 188 écoles, qui doit concerner à terme les 470 écoles, piloté en partie par une structure dédiée, la Société publique des écoles marseillaises (SPEM).

Si le maire avait convié toute la presse et réservé deux minibus ce mercredi 4 septembre, c’était pour détailler les avancées du plan « à mi-mandat », ou plutôt à deux ans de nouvelles élections municipales. Il s’est accompagné du préfet Christophe Mirmand pour réaffirmer le partenariat avec l’État, sans toutefois convier son adjoint délégué à ce sujet, Pierre-Marie Ganozzi.

« Nous allons inaugurer 17 écoles cette année, et lancer 30 chantiers. Ce sont donc 47 projets scolaires neufs qui seront terminés, ou en cours, d’ici la fin du mandat », estime Benoît Payan.

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Le nouveau groupe scolaire Marceau à la Belle de Mai

Les Abeilles, exemple de réhabilitation en milieu contraint

Pour illustrer cette dynamique, l’élu a présenté aux journalistes trois nouvelles écoles flambant neuves. À commencer par la reconstruction de l’école des Abeilles, dans le centre-ville. Une des plus vielles de la commune, « génération Jules Ferry, premier empire », note l’architecte José Morales, de Mambo Architectures. Il a tenu à conserver des éléments patrimoniaux, dont la façade originelle.

Mais le défi a surtout résidé dans le contexte urbain très dense. Il a disposé d’une emprise au sol de 500 m2 pour créer 2 500 m2 d’espaces pour accueillir 216 élèves d’élémentaires. C’est donc en verticalité que s’élèvent 7 salles de classe, une salle polyvalente, une bibliothèque, un terrain de sport, une cour en hauteur et un terrain de sport. Le tout avec de hautes exigences en matière de qualités thermiques, acoustiques, environnementales…

Un chantier complexe, donc, qui n’est pas allé sans « mésaventures ». Elles justifient l’augmentation de la facture de près de deux millions d’euros, pour atteindre un investissement total de 8,8 millions d’euros.

Dans les quartiers Nord, les écoles comme « capitales de quartiers »

Mais il fallait se rendre dans les quartiers Nord pour découvrir des nouveaux groupes scolaires d’ampleur véritablement accouchés par la SPEM, que le maire souhaite promouvoir comme des exemples pour la suite. Des « capitales de quartiers », avec par exemple l’ouverture des gymnases à la population.

Comme celui de 800 m2 qui va bientôt voir le jour au groupe scolaire Malpassé-Les Oliviers (13e). La première tranche de l’établissement, la plus importante, est déjà livrée et les écoliers ont fait leur rentrée. Ce projet d’envergure de plus de 15 millions d’euros compte près de 30 classes de maternelle et élémentaire. Il s’élève autour de grandes cours de récré végétalisées et en partie désimperméabilisées, comme le veulent les nouveaux standards. Tout comme les intérieurs pensés pour le confort et la durabilité, avec couverture photovoltaïque à venir.

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Le groupe scolaire Malpassé-Les Oliviers (13e)

« Nous avons été très exigeants, tonne le maire. Ici, par exemple, nous avons fait 4 000 réserves [sur des défauts et malfaçons] à l’issue du chantier, qui ont été reprises », explique-t-il lors de la troisième visite. Celle du nouveau groupe scolaire Marceau, à la Belle de Mai (3e), dessiné par Marjan Hessamfar et Joe Vérons architectes associés. Le quartier le plus pauvre de la ville, voire d’Europe, dispose désormais d’une immense école pour 330 élèves de la maternelle au CM2, pour 19 millions d’euros.

« C’est aussi un équipement de quartier et une revalorisation du secteur », poursuit Benoît Payan, en évoquant la grande ludothèque de 400 m2 ouverte à tous. Ou encore la « rue des écoles » en cours d’aménagement, totalement piétonne, et donnant sur un espace vert qui commence à pousser derrière l’établissement.

Le plan Marseille en grand menacé par l’instabilité gouvernementale ?

La municipalité comme l’État ont fait de ce groupe scolaire « une référence » du Plan Marseille en grand, dans lequel s’inscrit la rénovation des écoles de la ville. Mais la poursuite de ce plan est-elle en danger ?

En effet, Emmanuel Macron qui l’a lancé et porté, n’a plus de gouvernement depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. Sans compter que le ministre de l’économie démissionnaire, Bruno Le Maire, évoque le besoin d’économiser 16 milliards d’euros en commençant par les collectivités.

Mais les crédits d’État pour les écoles sont, pour leur majeure partie (254 millions de subventions), inscrits dans la loi de finances, donc « sanctuarisés », pour Benoît Payan. Le préfet et le maire se veulent également rassurants sur les autres aides directes. Comme les 65 millions de l’ANRU et autres subventions diverses, « dans une ingénierie financière complexe », qui font monter le total à 400 millions d’euros de l’État.

Marseille en Grand pourrait être impacté, craint Benoît Payan, mais « pas le volet écoles ». Il se fait plus de soucis sur le développement de la filière cinéma, prévu dans le plan. Les prochains jours devraient permettre d’y voir plus clair.

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