Deux mois après le vote d’un budget de 50 millions d’euros pour poursuivre le chantier du Boulevard urbain sud par la Métropole, l’opposition municipale dépose un nouveau recours pour annuler la délibération.
La saga sur le Boulevard urbain sud (B.U.S) est bel et bien relancée. Le groupe d’opposition « Pour une Métropole du Bien commun » a déposé un recours au tribunal administratif ce 3 septembre pour faire annuler la délibération sur la poursuite du projet routier, votée le 27 juin dernier dans l’hémicycle métropolitain.
La Ville de Marseille n’en est pas à son coup d’essai pour contrer la poursuite du B.U.S, refusant de céder certaines parcelles nécessaires pour aménager le tronçon routier entre le Cabot et le Roy d’Espagne. Celui-ci doit permettre de désengorger les quartiers Est et Sud de la Ville, notamment les 9e et 10e arrondissements.
La municipalité a aussi engagé des procédures judiciaires pour annuler l’arrêté préfectoral déclarant l’utilité publique du projet.
Avec ces blocages, la poursuite du deuxième tronçon de 3,1 km (entre le Cabot et le Roy d’Espagne) est au point mort depuis 2020, année de la mise en service du premier tronçon de 3,2 km entre l’échangeur Florian et le Cabot, acté sous l’ancienne municipalité de droite.
En bleu, le tronçon réalisé, en rouge, la phase en projet, contestée. En vert, le Boulevard Urbain Vert.
« Un passage en force » sur le Boulevard urbain sud
En mai dernier, le tribunal administratif a tranché en faveur de la Métropole sur ces deux points. Mais malgré cela, l’opposition poursuit sa lutte contre le projet.
Cette fois-ci, le recours vise la délibération métropolitaine qui acte une enveloppe de 50 millions d’euros pour financer les études, l’acquisition des terrains privés et les travaux afin de relancer le chantier.
Pour Sophie Camard (GRS), présidente du groupe d’opposition, ce texte voté en période d’élections législatives, est « un passage en force ». « Il pourrait y avoir matière à ce qu’un tribunal administratif se prononce sur la manière dont on nous a fait délibérer et sur le contexte électoral », affirme la maire de secteur.
Des problèmes de gouvernance soulevés
L’élue insiste sur « un déroulement incomplet des débats dans l’hémicycle ». Elle s’estime de fait souvent brimée : « Cela fait longtemps que nous ne sommes pas satisfaits de la gouvernance. Madame Vassal a une présidence très cassante, même quand on lève la main, on n’a pas forcément la parole ».
De son côté, l’entourage de la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal (DVD), rétorque : « Si la majorité municipale actuelle a pris l’habitude de vouloir arrêter tous les projets de cette ville, Martine Vassal et sa majorité, eux, ont l’habitude de bâtir un avenir pour ce territoire et d’accélérer le projet. Eux déposent des recours, nous réalisons des projets ».
Aucun commentaire supplémentaire sur la gouvernance et l’état des débats dans l’hémicycle. Simplement un « ordre du jour respecté ».
« Manque de concertation »
Pour faire un pas vers la municipalité marseillaise, la présidente de la Métropole avait annoncé, en octobre 2023, transformer le dernier tronçon de la route en une voie cyclable de 1,7 kilomètre, entre le chemin du Roy d’Espagne et la Pointe-Rouge.
Mais là encore, concernant ce « boulevard urbain vert » Sophie Camard regrette « un manque de concertation avec la maire de secteur Olivia Fortin », expliquant que seuls des dessins ont été communiqués à ce jour « sans aucune annexe ».
Malgré ces tensions, la Métropole vient de lancer fin août un appel d’offres de maîtrise d’œuvre pour aménager cette voie verte sur la section « Chemin du Roy d’Espagne – traverse Parangon », et compte bien réaliser les huit kilomètres du Boulevard urbain sud de bout en bout.