L’Aranui, célèbre cargo mixte et ravitailleur de ces îles qui ont envoûté Gauguin et Brel, offre une expérience unique à partager à des voyageurs en quête d’authenticité. Au départ de Tahiti, cet héritier des anciennes goélettes d’approvisionnement offre aux habitants des Marquises un rare lien avec le monde extérieur. Et cela fait précisément 40 ans que ça dure…

En Polynésie française, c’est un mythe ! L’Aranui 5 est l’un de ces monuments, qui à défaut d’être gravé dans le marbre, assure le bien-être et rythme la vie d’une poignée d’habitants d’un des archipels les plus isolés de la planète. Mais pas que, finalement !

Depuis qu’Aranui a décidé de se muer en cargo mixte, il invite tous ceux en quête du Graal insulaire à partager une expérience, inédite, originale et in fine mémorable. Escarpées, sauvages, révélant des falaises battues par la houle impétueuse du Pacifique et des citadelles de vert sombre dominées par des pitons à la silhouette délicieusement torturée, les Marquises ont, de tout temps, piqué la curiosité.

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Fatu Hiva – l’île la plus méridionale de l’archipel – possède l’une des plus belles baies.

Un sentiment conforté par le mystère qui les enveloppe ou encore la culture perpétuée à travers sa langue, ses chants, ses danses et ses tatouages au caractère pour le moins affirmé, à l’image des Marquisiens eux-mêmes. Ici, foin de lagons et autres atolls aux plages paradisiaques des Tuamotu… que « L’Aranui 5 » nous servira toutefois en hors-d’œuvre avec une escale à Fakarava, bijou de corail qui avait autrefois subjugué Matisse, avec sa déclinaison de bleu.

Le temps d’en prendre plein la vue et de profiter d’une virée en snorkeling, voilà le navire qui met le cap vers la « Terre des hommes » (son surnom) située à plus de 1 500 kilomètres de Tahiti. Avec, au menu, 36 heures de navigation qui permettront aux passagers de prendre leurs marques et de se familiariser avec l’équipage et les us et coutumes polynésiens, facilités par les animations, démonstrations et autres conférences appelées à se succéder.

Effervescence sur les quais et traditions locales

Le jour commence à se lever. Nuku Hiva surgit à l’horizon avant de déployer un patchwork de paysages qui laisse d’emblée admiratif. Sur le quai – comme ce sera d’ailleurs le cas à chacune des arrivées dans les six îles – c’est l’effervescence. Les marins s’affairent à décharger les marchandises, des denrées alimentaires aux équipements électroménagers en passant par des voitures, matelas et petit mobilier.

« Mais, c’est l’Amazon du Pacifique Sud », lance un passager en immortalisant les scènes des clients récupérant leur commande. Au folklore des temps modernes, succédera celui plus traditionnel avec la visite de la magnifique église de la capitale administrative de l’archipel puis du site archéologique de Tohua Kamuihei, théâtre d’un show endiablé des danseurs locaux. Le déjeuner chez Yvonne, où l’on savourera un délicieux poisson cru préparé avec du lait de coco et un cochon cuit dans la plus pure tradition, apportera la note gourmande d’une journée sur les lieux qui inspirèrent l’écrivain Herman Melville pour son roman autobiographique Taïpi.

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À Nuku Hiva, le spectacle est aussi dans la forêt

Tout juste remis de nos émotions, nous voguons déjà vers Ua Pou, qui selon la légende symbolise les « piliers de l’archipel ». Surnommée « L’île cathédrale », en raison de ses douze pitons de basalte dont le plus haut s’élève à 1142 mètres, elle propose des points de vue à couper le souffle. Souffle justement, il sera difficile de ne pas l’avoir coupé par la manœuvre effectuée dans la « baie invisible » de « Vaipaee ». On ne regrettera pas d’avoir rejoint le pont dès potron-minet avant d’embarquer dans un 4×4 qui nous entraînera du jardin botanique aux différents musées, pour (re)découvrir l’histoire des Marquises sous toutes ses facettes. En attendant… Gauguin et Brel, évidemment !

Hiva Oa, la passion de Gauguin et de Brel

Elle n’est peut-être pas la plus bluffante de l’aventure. Mais elle s’impose comme l’Escale avec un grand « E ». Nombreux sont d’ailleurs les passagers à avoir embarqué juste pour vivre ce moment. Poser le pied sur Hiva Oa, cette île qui a ensorcelé Paul Gauguin puis Jacques Brel. Le « pèlerinage » débutera par une balade vers le cimetière du Calvaire où reposent les deux artistes.

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Incontournable du voyage, le pèlerinage au cimetière où reposent Jacques Brel et son épouse
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À côté de la tombe de Jacques Brel, celle de Paul Gauguin

On aura ensuite tout le temps de descendre au cœur du village, où l’on visitera « la maison du jouir » où vécut le peintre et l’espace muséal exposant des reproductions de ses œuvres les plus célèbres ; puis le hangar, qui abrite le « fameux » Jojo (l’avion du chanteur) et les principaux pans de sa carrière… le tout au rythme de ses succès. Si les tikis géants – sculptures de personnages mythiques de la culture polynésienne – s’imposent comme les autres stars de Hiva Oa, c’est Fatu Hiva qui charmera les fans de nature à l’état pur.

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Les tikis font partie de la culture polynésienne

La randonnée de 17 kilomètres reliant les deux villages de l’île, Omoa et Hanavave, est juste bluffante avec des panoramas vertigineux, une végétation foisonnante et des blocs de basalte aux formes fantasmagoriques. De quoi étayer notre armoire aux souvenirs avant de laisser l’archipel retrouver sa quiétude. En cette fin d’après-midi, « L’Aranui 5 » vient en effet d’entamer le chemin du retour, via Rangiroa et Bora – perles des Tuamotu et des îles de la Société – qui sonnera le glas d’un voyage « de toute une vie ».

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À Rangiroa, les fermes perlières figurent parmi les visites incontournables de l’atoll

Par Sandra Basso

FORMALITES. Même si la Polynésie est un territoire français, le passeport est obligatoire en raison du transit à Los Angeles, tout comme l’Esta, à demander en ligne esta.cbp.dhs.gov (21€)

S’Y RENDRE ? La compagnie Air Tahiti Nui propose des vols quotidiens vers Papeete. La durée est d’environ 21h dont l’escale de 2h à 3h à Los Angeles. Entre la classe éco et la business, la classe Moana prémium dispose de 32 sièges offrant un espace optimisé et une inclinaison des dossiers assurant un excellent confort (airtahitinui.com)

LE BATEAU. À ses débuts, il est une goélette qui assure la continuité territoire jusqu’aux Marquises. Avec le temps, « l’Aranui » est devenu l’aventure de tous ceux qui entendent vivre une expérience exceptionnelle en voguant au rythme des déchargements des conteneurs qui approvisionnent l’archipel. Aujourd’hui, elle est d’autant plus plébiscitée par les voyageurs appréciant sortir des sentiers battus, qu’ils bénéficient de prestations haut de gamme (cabines spacieuses et confortables, piscine, spa, bars…), excursions pertinentes, conférences et autres animations invitant à multiplier les rencontres avec un équipage qui n’a d’autres objectifs que privilégier le partage, l’authenticité et surtout la convivialité.

Et c’est réussi ! Pouvant embarquer 230 passagers, l’Aranui 5e du nom assure deux voyages par mois de 12j/11j au départ de Papeete (Tahiti) vers les Marquises via les Tuamotu (avec Fakarava à l’aller et Rangiroa au retour). Il est d’ailleurs le seul à offrir l’opportunité de visiter les 6 îles habitées de l’archipel. Le tarif débute à 3 314€ en dortoir pour atteindre 7239 € en suite prémium, en passant par 5012 € en cabine double, le tout en pension complète avec vin aux repas, animations et excursions. À noter que des réductions sont proposées à certaines dates (aranui.com)

LES MARQUISES. Trésors de la nature où chevaux, cochons et chèvres se promènent entre les acacias, grenadiers, avocatiers, manguiers et autres cocotiers, les Marquises auraient, selon la légende, été créées par le dieu Oatea pour offrir une maison à son épouse Atanua. En feuilletant les livres d’histoire, on apprend que si ces îles les plus isolées de la planète ont été habitées par des Polynésiens dès le IIIe siècle av. J.-C, ce n’est qu’en 1595 que le premier Européen, à savoir l’Espagnol Álvaro de Mendaña de Neyra, jeta l’ancre devant Tahuata. Il fallut attendre encore deux siècles pour que James Cook y pose le pied et 1842, avec Aubert Dupetit-Thouars, pour que l’archipel devienne officiellement français.

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