Alors que les Jeux olympiques battent leur plein, la marque marseillaise Menina dévoile sa collection de maillots de bain menstruels pour équiper les sportives dans l’eau. Les cofondatrices espèrent surfer sur la vague.
C’est une histoire de femmes. Tant sur le fond que sur la forme. Cinq copines, Laure, Marie, Maëlle, Iliana et Maëva se sont rencontrées sur les bancs de Kedge. En cours, elles réalisent un projet de création d’une marque de maillots de bain menstruels, partageant « les difficultés pour se protéger des règles pendant l’été », raconte Laure, le regard rieur.
Assise en terrasse à la Brasserie du 7e, elle pose le décor : pour se baigner, la majorité des femmes optent pour des tampons ou, ces dernières années, pour la cup. Mais la composition douteuse du premier et le risque de chocs toxiques pour les deux en découragent certaines à se protéger, et donc à se jeter à l’eau.
Convaincues du besoin sur un marché de l’hygiène féminine en expansion, les acolytes se sont rapidement professionnalisées. Laure fouille dans son sac pour en sortir un maillot rose pétant. La fierté se lit sur son visage juvénile. « On a créé un maillot à la fois résistant et stylé, sans que ça fasse couche de grand-mère », rigole-t-elle.
Concrètement, trois tissus se superposent au niveau de la culotte : le premier absorbe, le deuxième retient, et le troisième imperméabilise. Pendant quatre heures dans l’eau, aucun risque de se laisser déborder… promet la marque.
Une matière résistante 100% recyclée
« Notre axe de différenciation, c’est de nous adresser aux sportives », reprend Laure. Le produit a donc été conçu avec une quinzaine de nageuses amatrices et professionnelles. Marie, qui a longtemps pratiqué le surf, a aussi pu juger et réajuster la conception.
C’est d’ailleurs elle qui a proposé le nom de « Menina » pour baptiser la marque – qui veut dire « fille » en portugais – puisqu’elle prenait régulièrement la vague au Portugal avec son père. Dans la voiture, ils écoutaient aussi en boucle la chanson « Toda Menina Baiana » de Gilberto Gil.
Conseillées par une styliste parisienne, les entrepreneuses en herbe ont sélectionné l’Econyl car cette matière 100% recyclée est sourcée en Italie chez Carvico, un fournisseur « très strict » sur le respect de sa charte d’écoresponsabilité.
Elles ont ensuite opté pour le rose flashy, un choix bien réfléchi : « Quand on a nos règles, on porte souvent du noir pour s’effacer. Nous, on veut montrer que même dans ce moment-là, tu peux être belle et lumineuse ! ».
Une campagne de pré-commande réussie
Les deux maillots sont affichés à 120 euros, uniquement sur le site internet. Un prix qui peut sembler élevé mais justifié par les coûts de production importants du fait du petit volume de fabrication. « On fait environ 2,5 de marge ce qui n’est pas énorme et on se situe dans les prix moyens du marché », justifie Laure.
Ce tarif peut être un frein, surtout pour les jeunes femmes qui amorcent la vie active. Les entrepreneuses en sont conscientes : il y aura encore un travail éducatif à mener à travers les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok (10 000 abonnés) et Instagram (2 300 abonnés).
Mais elles restent confiantes. Lors du Défi Monte-Cristo, en juin 2023 puis en 2024, les participantes ont confirmé l’attrait pour leurs maillots de bain, au même titre que la campagne Ulule durant laquelle Menina a enregistré 234 pré-commandes.
Quelles perspectives pour Menina ?
Les jeunes femmes ambitionnent déjà de créer une marque globale de « bien-être des femmes dans le sport » en créant, notamment, leur propre événement « comme Redbull » autour d’une communauté forte.
Elles entendent aussi intégrer la boutique du Cercle des Nageurs de Marseille (CNM), sur la plage des Catalans, pour se faire un nom auprès des athlètes.
Dans quelques semaines, Menina devrait surtout annoncer « un partenariat incroyable » avec une nageuse française qui a concouru pendant les Jeux olympiques 2024.