En 10 ans seulement, le Delta Festival est passé de 6 000 à 150 000 festivaliers. Matthieu Predal, cofondateur de l’événement, nous dévoile les ingrédients de ce succès marseillais à l’aube d’une nouvelle édition pleine de surprises.
En 2015, Matthieu Predal et Olivier Ledot lançaient à Marseille le Delta Festival. Cette initiative étudiante avait pour ambition de réunir la jeunesse locale autour de la musique, les pieds dans l’eau.
Après une première édition réussie mais encore modeste en termes d’affluence, l’événement n’a cessé de croître pour devenir d’année en année le plus grand festival du sud de la France avec près de 150 000 festivaliers au cours des dernières éditions.
Pour son dixième anniversaire, la fête battra de nouveau son plein cette année, du 4 au 8 septembre, sur les plages du Prado. 250 artistes sont attendus face à la Méditerranée aux côtés d’une foule d’animations : jeux gonflables, sports en plein air, activités nautiques, spectacles ou encore la plus grande catapulte d’Europe.
Pour Made in Marseille, Matthieu Predal, co-fondateur de l’événement, revient sur cette success story marseillaise qui attire la jeunesse de toute la France et les plus grands noms de la scène musicale.
Le Delta Festival attire chaque année près de 150 000 personnes. Comment cette success story a-t-elle démarré ?
Matthieu Predal : La première année, en 2015, Olivier et moi, on était jeunes et on avait des idées plein la tête. On avait l’ambition d’organiser un grand rassemblement. On visait 40 000 personnes, c’était énorme. On voulait vraiment quelque chose de gros pour montrer que Marseille avait une place importante à tenir vis-à-vis de la jeunesse française.
Sur cette première édition, on a surtout réussi à attirer des Marseillais et des Aixois. 6 000 personnes se sont retrouvées sur les plages du Prado. Même si c’était en-dessous de notre objectif initial, c’était quand même une belle victoire. Les gens se sont régalés ! Ça nous a donné envie d’aller chercher une seconde édition, puis une troisième. Avec le Delta Festival, les jeunes ont trouvé ici un événement qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir ailleurs. Et Marseille était la ville parfaite pour l’organiser.
L’enjeu pour vous, c’était aussi d’éponger rapidement la dette de la première édition ?
Le bilan financier de la première édition était en effet plus mitigé mais ça nous a motivé pour progresser, pour aller chercher des partenaires et des soutiens. Et ça a marché. On a réussi à monter une structure qui est aujourd’hui très solide et très résiliente quand on voit toutes les épreuves qu’on a affrontées chaque année.
En 2020 notamment, le festival n’a pas pu se tenir à cause de la crise du Covid. Mais on est revenu dès 2021 avec pas un mais deux événements. On était le premier festival debout de France à rouvrir. C’était exceptionnel, l’ambiance était électrique. On a prouvé qu’on ne lâchait rien et que, jusqu’au bout, on serait là pour le territoire et pour les jeunes.
Cette dynamique vous place parmi les plus gros festivals français ?
Oui, on est aujourd’hui dans le top 5. On a la taille d’un festival qui aurait déjà 15 ou 20 ans. C’est le concept qui plaît, avec à la fois ce festival sur la plage et la présence du forum du Monde des Possibles qui est très engagé sur de nombreux sujets. On a un cocktail magique qui est unique en France. C’est ce qui fait la force du projet et ce qui explique qu’il a grandi aussi vite.
Et surtout, on est en pleine ville. C’est quelque chose d’extraordinaire pour les jeunes d’avoir accès à cet espace sur les plages du Prado. Pour la jeunesse parisienne ou lyonnaise, qui n’a pas forcément la chance d’avoir la plage près de chez elle, c’est un vrai argument. Environ la moitié des festivaliers viennent désormais de l’extérieur des Bouches-du-Rhône. Tous les départements de France sont représentés.
Le forum du Monde des Possibles a été lancé lors de l’édition 2022. Quelle place a-t-il au sein du festival ?
Dès le départ, il y a eu des villages thématiques. On voulait sensibiliser et montrer aux jeunes que c’était possible de s’engager et d’entreprendre. Mais les villages se sont multipliés pour atteindre le nombre de dix et on s’est dit que ça manquait de lisibilité. C’est pour cela qu’on a créé il y a trois ans une seule entité qu’on a appelé « Le Monde des Possibles ».
On voulait que cette entité soit aussi impressionnante qu’une scène principale. L’idée, c’est que les gens s’y rencontrent, que les start-up puissent côtoyer les grands groupes qui sont présents et que les associations se mettent en relation avec les acteurs institutionnels. Je pense que tout le monde y trouve son compte. Et il y a au moins un festivalier sur deux qui se rend sur le forum. C’est une super fréquentation.
Quelles vont être les principales nouveautés pour cette édition 2024 ?
La force de cette édition, c’est la programmation musicale. On n’a jamais eu un tel line-up d’artistes en tête d’affiche : Martin Solveig, Justice, Jain, SCH… Je pourrais en citer beaucoup d’autres. Et il y aura aussi des artistes en plein essor comme Yamê.
Côté nouveautés, il va y avoir sur la plage un village sport-santé qui sera très sympa en termes d’animations, ainsi qu’une mini-fête foraine. Cette année, on va aussi mettre le paquet sur les effets pyrotechniques. On est un des plus gros festivals de France donc on se doit d’être dans l’excellence en termes de scénographie. Notre souhait, c’est de monter d’un niveau à chaque édition.
Cette année, vous fêtez déjà les 10 ans du Delta Festival. Vous avez l’ambition de durer longtemps ?
Pour nous, ces 10 ans, c’est l’occasion de faire le bilan après une croissance assez phénoménale. Notre engagement dépasse désormais le cadre du festival puisqu’on mène des actions toute l’année auprès de centaines de jeunes via Le Monde des Possibles. C’est quelque chose que l’on veut continuer de développer.
Et la question est évidemment de savoir comment on souhaite évoluer maintenant. C’est une discussion qu’on a entre nous et avec tous nos partenaires et prestataires.
Vous souhaitez rester sur les plages du Prado ?
On espère en effet demeurer sur les plages du Prado encore de nombreuses années. En tout cas, on n’imagine pas le festival ailleurs que sur les plages et on est content d’y être à nouveau cette année pour notre dixième anniversaire. C’est vraiment là que se trouve l’ADN du Delta Festival.
Et on n’imagine pas non plus l’organiser ailleurs qu’à Marseille. D’ailleurs, le thème de cette édition 2024, c’est « Marseille ». Avec Olivier, on est tous les deux amoureux de notre ville. Et on travaille avec de nombreux prestataires marseillais. L’objectif, c’est de faire vivre le territoire, de le faire vibrer et de le faire briller en France, en Europe et autour du bassin méditerranéen.
On est vraiment très fier de ce qu’on a construit et on continuera de travailler sur ce projet encore 10 ans ou 20 ans s’il le faut. Cette édition 2024 sera en tout cas la plus belle édition qu’on n’ait jamais faite, avec le plus d’émotions. On espère avoir cinq jours de plein soleil, comme Marseille sait le faire.
« L'objectif, c'est d'être bon dans tous les styles »
Gregory Serre, le programmateur musical du Delta Festival, nous dévoile les contours de l’édition 2024 qui s’annonce de nouveau éclectique avec notamment du rap, de l’électro et de la techno. « L’objectif, c’est d’être bon dans tous les styles. On a vraiment cette année la plus belle programmation depuis la création du festival ».
Ce sera aussi l’occasion de découvrir les étoiles montantes de demain grâce au « tremplin musical » du Delta. Une scène du festival sera entièrement dédiée aux jeunes artistes émergents. Une quarantaine seront sélectionnés pour s’y produire, avec la désignation d’un grand gagnant et d’un coup de coeur qui seront invités sur une des grandes scènes.
« L’édition de 2025 s’annonce également très prometteuse, nous assure Gregory. On annoncera en exclusivité de très beaux noms pour l’année prochaine à la fin du festival en septembre ».