De nouvelles mesures ont été prises sur le littoral sud afin de dissuader les automobilistes de s’engager sur la route des Goudes cet été.
À Marseille, pour profiter du paradis, il ne faut pas avoir peur de traverser l’enfer. Ceux qui se sont déjà aventurés sur le chemin des Goudes en été en savent quelque chose. La voie unique qui permet de rejoindre ce quartier-village, à l’extrémité sud de la cité phocéenne, est en effet régulièrement congestionné.
Depuis plusieurs années déjà, les autorités tentent alors de trouver des solutions pour décourager les automobilistes de s’engouffrer dans ce qui est en fait un cul-de-sac. Depuis 2015, des navettes maritimes sont notamment proposées pour offrir un accès par la mer. Et si les bateaux ne désemplissent pas, le trafic sur la route des Goudes non plus. Une nouvelle série de mesures viennent d’être mises en place.
Des barrières anti-stationnement
Le projet d’apaisement du « littoral sud », porté par la mairie des 6e et 8e arrondissements, et placé sous l’égide du Préfet, est mené en étroite collaboration avec le Parc des Calanques et la Métropole Aix-Marseille-Provence. « Apaiser, c’est avant tout remettre des règles », estime la maire de secteur Olivia Fortin.
Et pour cause. La zone qui s’étend de la Madrague de Montredon à Callelongue n’était jusque là pas réglementée en termes de stationnement, alors qu’elle est située en cœur de parc national. Un arrêté a donc été pris par la Ville pour interdire le stationnement « hors parking » le long de la route des Goudes.
Depuis le 1er juillet, des glissières de sécurité ont été installées pour empêcher les voitures de se garer en bordure des massifs et de rouler sur les espèces protégées, notamment la garrigue littorale, une espèce en danger à l’échelle européenne.
« Nous étions confrontés à une atteinte à l’environnement et à une atteinte au paysage, tient à rappeler la directrice du Parc, Gaëlle Berthaud. Aujourd’hui, ces lisses en bois sont bien intégrées et respectées », même si elle reconnaît quelques débordements de deux-roues.
Des parkings visiteurs et des arceaux pour les vélos
Des « parkings visiteurs » ont aussi été matérialisés dans les zones jugées suffisamment larges pour accueillir du stationnement. Ils sont situés vers Saména, l’Escalette, le restaurant La Calanque Blanche, la table d’orientation de Callelongue ou encore le parking Napoléon qui pourrait être rénové l’année prochaine.
Ce nouvel encadrement du stationnement a vocation à fluidifier la circulation et devrait faciliter le passage des bus et véhicules de sécurité. « Mais ce n’est pas ça qui permettra de réduire la surfréquentation automobile, prévient la directrice du Parc des Calanques. Il faut développer les modèles de déplacement alternatifs ».
Le vélo, justement, se fraie progressivement un chemin. Une centaine d’arceaux ont été installés entre le Bain des Dames et Callelongue pour faciliter la venue des cyclistes. Trois nouvelles stations LeVélo ont aussi été installées au Montrose, à l’entrée officielle du Parc national des Calanques et à proximité de Saména. Elles sont généralement prises d’assaut en journée avant de se vider à la nuit tombée.
L’extension vers les Goudes pourrait se poursuivre. « Nous voulons mettre des stations partout », nous assure Catherine Pila, vice-présidente de la Métropole. Elle estime néanmoins que l’engorgement du secteur pose un défi technique pour la maintenance.
Extension des horaires de bus
Pour désembouteiller les Goudes, la Métropole mise aussi sur les bus. La circulation du bus 19, qui fait la navette entre Castellane et la Madrague de Montredon, a été prolongée jusqu’à 1h du matin, avec une fréquence de passage toutes les 30 minutes en soirée.
Le mini-bus 20, qui prend le relais depuis Montrose jusqu’à Callelongue, a lui aussi vu sa plage horaire évoluer. Il passe désormais jusqu’à 23h pendant l’été, au lieu de 20h auparavant. « S’il est concluant, ce changement pourrait être étendu à la période hivernale », indique Catherine Pila. La capacité de la navette pourrait également doubler pour accueillir jusqu’à 35 personnes assises, contre 15 seulement aujourd’hui.
Pour encourager les visiteurs à faire le choix des transports en commun, la signalétique a été renforcée. Dès les plages du Prado, un grand panneau lumineux de la Métropole indique « Route des Goudes, accès difficile et stationnement très limité ». Le message a évolué pour dissuader les plus téméraires de braver les bouchons dans l’espoir de se garer au bout de ce que Gaëlle Berthaud appelle une « impasse ».
Un flyer a également été réalisé par la mairie de secteur pour renseigner les Marseillais sur les nouveaux aménagements réalisés. Le document, distribué par les médiateurs estivaux, appelle à « se déplacer autrement ».
De nouveaux aménagements aux Goudes en 2025
« Les nouveaux aménagements sont nombreux pour cette saison. Ils feront l’objet d’une évaluation à l’automne avant d’envisager de prochaines étapes pour l’été 2025 », nous annonce Olivia Fortin. La maire des 6-8 se réjouit de « la bonne coordination des actions » avec la Métropole et le Parc des Calanques, laquelle a déjà permis « de belles avancées ».
Cette année, les efforts se sont concentrés sur l’entrée du parc. L’année prochaine, ce sera au tour du village des Goudes d’être « traité ». Il s’agira alors de décourager les véhicules de s’engager vers l’anse de la Maronaise.
La plage, célèbre pour son ancienne boîte de nuit, a déjà retrouvé un peu de quiétude avec l’installation de barrières qui ne laissent passer que les clients du restaurant La Baie des Singes. Mais les restrictions pourraient être renforcées et des places de stationnement matérialisées du côté des bars et restaurants.
En attendant, la route des Goudes va vivre cette année un nouvel été test pour son apaisement. Les promeneurs devraient encore être nombreux à l’emprunter. Reste à savoir le mode de déplacement qu’ils auront choisi de privilégier.