Face à la percée du Rassemblement national en France (29,25%), les élus marseillais et provençaux réagissent aux résultats du premier tour des élections législatives.

En France, le Rassemblement national est arrivé en tête avec 29,25% des voix au premier tour des législatives du 30 juin, selon les dernières données fournies par le Ministère de l’Intérieur. Le Nouveau Front Populaire (NFP) a résisté en recueillant 27,99% des suffrages alors que la majorité présidentielle est arrivée en 3e position avec 20.04%, avec un record de triangulaires.

Cette percée du RN s’illustre aussi dans les Bouches-du-Rhône où le parti est arrivé en première position dans 14 des 16 circonscriptions (voir les résultats en détails). Face à ces résultats, en cas de triangulaire, certains candidats de la majorité présidentielle se retirent ou appellent des candidats du NFP à se désister pour faire barrage à l’extrême droite.

Cinq députés sortants, arrivés en triangulaire, se retirent

À commencer par Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Citoyenneté et à la Ville, arrivée en troisième position (23,6%) dans la 1e circonscription, après la candidate RN Monique Griseti (45,5%) et la candidate du NFP Pascaline Lécorché (26,9%).

La députée sortante de la majorité présidentielle se désiste et appelle à voter pour Pascaline Lécorché : « Ce soir, le choix a été clair : 45% pour le Rassemblement national, 27% pour le Nouveau Front populaire. Évidemment, je me retire et dans ces conditions, je le dis de façon très claire, dans ma circonscription : pas une voix pour le Rassemblement national « , a-t-elle annoncé hier soir.

Pascaline Lécorché remercie la députée sortante de son soutien, saluant « une parole de responsabilité ». Mais « l’heure est grave », pour la candidate du NFP qui appelle « à se remobiliser ».

Dans la 2e circonscription, où les résultats affichent une triangulaire, la députée sortante Claire Pitollat (Ensemble) pensait tirer son épingle du jeu avec 27%. Mais, elle est arrivée en 3e position après l’adjoint à l’économie à la mairie de Marseille, investi par le NPF, le socialiste Laurent Lhardit qui comptabilise 28,5% des voix et le candidat RN Olivier Riout (32,1%).

Après avoir remercié ses électeurs, Laurent Lhardit a appelé à élargir le front républicain pour battre l’extrême droite : « Le Nouveau Front populaire doit devenir le nouveau front républicain », s’est-il exprimé sur X.

Après une journée de suspens, Claire Pitollat a finalement retiré sa candidature pour faire « barrage au RN ». La députée sortante appuie, dans son communiqué, la candidature de Laurent Lhardit dont elle dit « connaitre les valeurs humanistes et respectables ».

Le député sortant (Ensemble) Lionel Royer-Perreaut est également arrivé en troisième position (25,1%) dans la 6e circonscription derrière Christine Juste du NFP (28,2%) et Olivier Fayssat du RN (38,3%).

L’élu marseillais a annoncé hier soir se retirer. Il ne donne pas pour autant de consigne de vote contrairement à Sabrina Agresti-Roubache. « Les électeurs semblent penser qu’en votant pour le Nouveau Front Populaire ils peuvent faire barrage au FN. Ils se trompent. Nous n’avons pas cessé de leur dire, cela n’a pas suffi », a-t-il déclaré. Mais son retrait immédiat à l’issue du scrutin met en bonne position l’adjointe écologiste à la mairie de Marseille.

L’adjointe à l’environnement à la Ville de Marseille, se réjouit quant à elle d’avoir mobilisé plus de 28% des électeurs de sa circonscription. « Merci à tous ceux qui se sont levés pour cette campagne éclair », a-t-elle déclaré sur X. L’élue marseillaise salue également « le désistement républicain » de Lionel Royer-Perreaut.

Dans la 5e circonscription, au delà de la légère avance du candidat RN Franck Liquori (25,77%), deux candidats de gauche se faisaient face : Hendrik Davi (NFP dissident) qui a remporté 24,44% des voix et Allan Popelard (NFP) a récolé 23,32%. Mais ce dernier vient de se retirer au profit de Hendrik Davi qu’il accuse pour autant « de porter l’entière responsabilité d’avoir placé l’extrême droite en tête ». Il annonce déposer un recours le 8 juillet, au lendemain du second tour, pour « rétablir la sincérité du scrutin ».

Au coude-à-coude avec le candidat du NFP Marc Pena (27,5%), le député sortant Modem Mohamed Laqhila (26,3%) de la 11e circonscription, a d’abord demandé à l’élu d’opposition aixois, arrivé en 2e position, de se retirer à son profit : « Mon électorat ne votera pas pour Marc Pena qui représente le Front populaire et l’extrême gauche. En revanche, son électorat pourra se reconnaitre dans les valeurs démocrates que je porte pour faire barrage au Front national », a-t-il déclaré sur France 3 hier soir.

Mais Marc Pena lui avait demandé à son tour de se retirer. « Je suis le seul capable de rassembler un front républicain », assure-t-il sur France 3. Mohamed Laqhila s’est finalement retiré pour laisser sa chance au candidat NFP.

Une députée de la majorité résiste

Dans la 14e circonscription (Aix-en-Provence), Anne-Laurence Petel (Ensemble) s’est aussi qualifiée en 3e position avec 28,9%. La députée sortante de la majorité présidentielle n’a pas annoncé son retrait, étant dans une situation de triangulaire serrée avec le candidat RN Gérault Verny (31,6%) et surtout avec le candidat NFP Jean-David Ciot (29,5%).

La candidate estime pouvoir « rassembler » les électeurs au second tour des législatives qui ne voudraient pas « des extrêmes ». Elle a expliqué, ce matin sur la radio France Bleu Provence, son choix. La candidate dénonce le harcèlement subi depuis l’annonce des résultats du 1er tour des législatives.

Deux têtes d’affiches LFI élues du premier coup à Marseille

Sans grande surprise, Sébastien Delogu a été réélu d’office avec 59,67% dans la 7e circonscription, face au candidat RN Arezki Selloum qui réalise 27,21% et la conseillère municipale d’opposition de Marseille, investie par Ensemble, Hayat Atia (9%). Sur X, le député sortant de La France Insoumise, proche de Jean-Luc Mélenchon, s’exclame : « À jamais le premier ! »

De même, Manuel Bompard, le président de LFI, a été réélu au premier tour des législatives avec 67,49% des voix dans la 4e circonscription, l’ancien fief de Jean-Luc Mélenchon. « On l’a fait. Merci à tous les électeurs (…) de m’avoir réélu dès le premier tour », s’est exprimé l’insoumis sur X.

La réaction des trois chef de file locaux

Le président de la Région Sud, ancien Les Républicains (LR), désormais membre de la majorité présidentielle (Renaissance), exprime d’emblée une lecture optimiste des résultats aux législatives, dans un communiqué publié hier soir : « La principale dynamique de progression depuis les élections européennes est celle de la majorité présidentielle, avec 8% de plus au premier tour de ces législatives. Les LR, sans Eric Ciotti, progressent également, pendant que le bloc de gauche et d’extrême-gauche recule ». 

Il appelle à faire barrage « aux extrêmes, à commencer par le Rassemblement National (…) La logique du tri sélectif s’impose à gauche, autour de principes clairs : pas une voix pour ceux qui battent la laïcité en brèche, ni pour les militants du communautarisme, pas une voix pour les antisémites et les VRP du Hamas, pas une voix pour ceux qui, par amateurisme ou idéologie, s’opposent au progrès de nos territoires ».

De son côté, Martine Vassal (DVD), présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence et du Département des Bouches-du-Rhône, assure que les résultats de ce premier tour des législatives en faveur du RN « ne sont une surprise pour personne ». Elle invite les responsables nationaux « à mieux écouter les élus locaux qui, depuis des années, ont alerté sur les fractures naissantes de notre pays » mais ne donne pas de consigne de vote.

Dans son communiqué, le maire de Marseille (DVG) Benoît Payan lance un appel « solennel » à tous les Républicains pour que « nous soyons capables collectivement de sauver la République de ce qui peut se passer la semaine prochaine ».

Des consignes de vote différentes

L’édile marseillais appelle ainsi tous les candidats de gauche et du NFP qui sont en 3e position « à se désister, sans hésiter, sans contrepartie » pour battre le RN. « L’heure est grave et nous sommes face à l’Histoire », claironne le maire de Marseille.

Renaud Muselier, appelle de son côté les électeurs locaux à soutenir les candidats de la majorité présidentielle (Ensemble) et LR qui « ont une chance de l’emporter ». En cas de duel ou de triangulaire, le chef de file régional appelle à ne donner « pas une seule voix pour les extrêmes à commencer par le Rassemblement national ».

Quant à elle, Martine Vassal ne donne pas de consigne de vote et dit comprendre et respecter le choix des électeurs face à « l’insécurité progressive » et aux « fins de mois difficiles ». Elle assure : « Les Français sont responsables et voteront en leur âme et conscience ».

Une hausse de la participation saluée pour des législatives

Sur une note plus positive, Martine Vassal souligne un premier tour qui marque un record de participation depuis 1978, et un « tournant démocratique qui s’opère ».

Renaud Muselier tient aussi à saluer cette augmentation significative de la participation à ce scrutin législatif, souvent délaissé par les électeurs. « C’est un bon signe pour la démocratie, et une marque d’intérêt des Français pour l’avenir de leur pays : leur redonner la parole avait donc du sens ! »

Dans les Bouches-du-Rhône, selon la carte de France Info, 63,34% des électeurs se sont déplacés jusqu’aux urnes pour les élections législatives, contre 38,44% en 2022 et 49,76% aux élections européennes du 9 juin 2024.

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