Le tribunal administratif autorise la poursuite de l’aménagement du Boulevard Urbain Sud. La Ville de Marseille invite de nouveau la Métropole à étudier des tracés alternatifs.
Dans son bras de fer avec la Métropole Aix-Marseille-Provence sur le Boulevard Urbain Sud, la Ville de Marseille n’a pas eu gain de cause. Le tribunal administratif vient de rejeter le recours de la municipalité visant à stopper ce projet qu’elle juge « appartenant au passé » en termes de mobilité et « détruisant les rares poumons verts des quartiers traversés ».
La Ville demandait l’annulation de l’arrêté préfectoral prorogeant la déclaration d’utilité publique (DUP) du Boulevard Urbain Sud jusqu’en 2026.
Le tribunal administratif indique que « la circonstance selon laquelle des associations [SOS Nature Sud] ainsi que la commune de Marseille seraient opposées au projet et que la concertation et le dialogue seraient rompus n’est pas de nature à priver le projet de son utilité publique prononcée par arrêté préfectoral du 8 septembre 2016, devenu, après l’épuisement des voies de recours, définitif ».
De son côté, la Métropole avait saisi le tribunal, demandant l’annulation de la délibération du conseil municipal de Marseille du 9 juillet 2021 qui entendait revenir sur ce projet en ne cédant pas les parcelles nécessaires à la réalisation de ce projet, dont le parc de la Mathilde. Le juge administratif considère cette délibération « nulle et de nul effet », car la Métropole est la seule à disposer de la compétence de la voirie.
50 millions d’euros pour engager les travaux
En octobre dernier, les élus métropolitains avaient voté la relance du Boulevard Urbain Sud et son prolongement en Boulevard Urbain Vert, soit un cheminement dédié aux transports doux et aux piétons. Contesté par la municipalité marseillaise, sa continuité restait suspendue à cette décision de justice.
La présidente (DVD) de la Métropole, Martine Vassal, s’est naturellement réjoui de cette décision. « À présent que la situation juridique est clarifiée, je souhaite que nous puissions rapidement relancer les marchés publics nécessaires pour que les travaux puissent s’engager au plus vite, a-t-elle réagi dans un communiqué de presse. Dès le prochain conseil métropolitain de juin, nous voterons une enveloppe de 50 millions d’euros pour engager la reprise du chantier ».
À l’origine, la rocade de 8,5 kilomètres, en partie sur quatre voies, devait relier l’échangeur Florian à la Pointe-Rouge. Le projet a ensuite été « adapté », après les municipales de 2020, notamment sur les 6-8 en supprimant l’axe voiture pour aller du Roy d’Espagne jusqu’à la Pointe Rouge, et ainsi créer un Boulevard Urbain Vert dans le 8e arrondissement, secteur tenu par le Printemps marseillais.
Ce projet, porté par la Métropole, visant à fluidifier le trafic et à libérer les noyaux villageois de la circulation automobile, était censé aboutir avant 2026. La Métropole doit mettre le nouveau coup de pioche avant cette date, qui marque la fin de la déclaration d’utilité publique.
Des propositions alternatives toujours sur la table
Dans un communiqué de presse, la Ville dit prendre acte de cette décision et invite de nouveau la Métropole à étudier les alternatives proposées « pour que le projet réponde aux enjeux de mobilité et de préservation de l’environnement », sans sacrifier « 7 hectares de parcs et jardins ainsi que des centaines d’arbres sur le tracé ».
Elle précise que, durant la procédure de médiation qui a duré des mois, la Métropole « a finalement refusé toute discussion autour d’alternatives », lesquelles sont toujours sur la table, notamment pour la préservation de 115 parcelles de jardins ouvriers Joseph Aiguier et le parc de la Mathilde.
« Il n’y a aucune raison d’aller massacrer un parc de la période bastidaire de Marseille, estimait Nassera Benmarnia, adjointe au maire en charge du retour de la nature en ville, à propos du parc de la Mathilde, dans un précédent article consacré au sujet. Nous avons ici un patrimoine arboré très ancien, qui produit de la fraîcheur et auquel les citoyens sont attachés. Les projets ne doivent pas se faire au détriment de la nature ».