Avec leur projet de capitainerie urbaine, la Ville de Marseille, le Grand Port maritime et la Métropole veulent mener des études pour mieux connaitre et gérer les flux touristiques de passagers qui arrivent à bord de bateaux de croisières, mais aussi des bus et des camions.

En 2023, 622 bateaux de croisières ont fait escale dans le port de Marseille-Fos, selon la Préfecture. « Combien de passagers sont réellement descendus pour visiter la ville ? », questionne Laurent Lhardit (PS), adjoint à l’économie de Marseille, en marge de la présentation de la saison touristique début avril.

« Le seul chiffre que nous avons est celui du Port qui compte 2,6 millions de passagers à bord des bateaux. Mais quand on sait que sur certaines destinations 70% des passagers restent à bord… », poursuit l’élu.

La Ville de Marseille souhaite désormais obtenir des données précises sur le nombre de passagers à bord des mégaships – bateaux de 2000 à 10 000 passagers – qui entrent dans la cité phocéenne. Mais pas seulement. Sa visée est plus large : « Nous voulons connaître l’ensemble des flux d’entrées et de sorties entre la ville et le port », assure l’adjoint.

Mieux partager la connaissance

Le but de cette étude est d’anticiper les potentielles complications. « L’été dernier, on recevait des mails des consuls car des passagers du Cap Janet ne pouvaient pas rentrer dans le port et mourraient de soif, souligne Laurent Lhardit. Des camions entrent et sortent inutilement du port car il n’y a pas d’entrepôts frigorifiques sans douane », ajoute-t-il.

Lors du dernier conseil de surveillance, le Préfet de région, Christophe Mirmand, a ainsi accepté le projet de « capitainerie urbaine » soumis par la municipalité. Une information que confirme Hervé Martel, président du directoire du Grand port maritime de Marseille (GPMM).

Placé sous l’égide de l’État, cet observatoire découle de la charte Ville-Port écrite en 2011 pour structurer le dialogue entre l’autorité portuaire, la municipalité de droite à l’époque et les riverains. Mais depuis son élection en 2020, la municipalité de gauche demande une mise à jour du document pour l’adapter aux enjeux environnementaux.

Une étude des flux des croisiéristes prévue cet été

Cette révision n’est pas encore à l’ordre du jour, même si la future capitainerie devrait décloisonner l’information pour apporter plus de transparence, et in fine, plus de « confiance » entre les institutions. « C’est très novateur. Aucune autre ville portuaire n’a encore mis ça en place », se félicite l’adjoint.

La première étape du projet se matérialise par une étude du parcours des croisiéristes qui sera menée cet été. Une autre étude est programmée avec l’Agence régionale de santé (ARS) pour mesurer l’impact des pollutions générées par les activités portuaires sur la santé des habitants.

Contacté, Jean-François Suhas, président du conseil de développement du port, soulève qu’il existait déjà « un poste de contrôle Croisières pendant 20 ans » qui permettait de gérer les flux des croisiéristes. Il était « subventionné par la Ville de Marseille qui nous a coupé les vivres », s’indigne le marin, avec son autre casquette, celle de président du Club de la croisière.

Réguler les sites emblématiques touristiques

La Ville a en effet retiré sa subvention à son association qu’elle considère comme « un lobby de la croisière de masse » souligne Laurent Lhardit, dès l’arrivée de l’équipe du Printemps marseillais aux manettes en 2020. Selon l’adjoint socialiste, la nouvelle capitainerie urbaine englobera l’étude de tous les types de flux entre le port et la ville, et pas uniquement ceux des croisiéristes.

Jean-François Suhas admet que cette régulation des flux de bus et de touristes « est un besoin absolu ». Le président du Club de la croisière défend notamment l’intérêt de contrôler la (sur)fréquentation des sites emblématiques marseillais, à l’instar de la basilique Notre-Dame de la Garde.

La mise en marche de ce projet entre le Port et la Ville signe une nouvelle étape de leur relation, parfois distendue. Ramener le même niveau d’information entre les institutions permettra sans doute d’accélérer la réécriture de la charte qui les lie et ainsi de faire tomber les barrières.

Bouton retour en haut de la page