À l’occasion de la journée mondiale de l’eau ce 23 mars, plongez dans les coulisses du centre de traitement d’eau potable de Sainte-Marthe. Avec une production quotidienne de près de 300 000 m3, il assure aux Marseillais une distribution sans faille, tout au long de l’année.

Dans les quartiers Nord de Marseille, le centre de production d’eau potable de Sainte-Marthe (14e), assez méconnu, est pourtant aussi essentiel que la ressource qu’il gère au quotidien. À lui seul, il traite une quantité de 278 000 m3 d’eau par jour, suffisant aux besoins de 500 000 Marseillais, soit environ la moitié de la population de la ville.

À l’instar des deux autres réservoirs de Saint-Barnabé (12e) et du Vallon Dol (14e), le site de Sainte-Marthe est alimenté par l’eau de la Durance et du massif alpin via le canal de Marseille, construit au 19e siècle pour mettre la région à l’abri de la sécheresse. L’usine est gérée historiquement par les équipes de la Société des Eaux de Marseille, délégataire de la Métropole Aix-Marseille-Provence.

L’eau marseillaise d’une « qualité parfaite » ?

Son imposant bassin de stockage peut contenir jusqu’à 450 000 m³ d’eau, de quoi assurer la consommation des Marseillais pour trois jours. Une fois filtrée de ses résidus et matières en suspension, celle-ci est ensuite rendue potable à travers une série de différents procédés : la coagulation, la floculation puis la décantation.

Au-delà de produire de l’eau consommable, « notre mission est de nous assurer que l’on livre au compteur l’eau la plus parfaite qui soit », explique Lionel Stora, directeur de la communication de la SEM.

En effet, l’eau potable de Marseille a la réputation d’être l’une des meilleures de France. Son traitement dépasse les recommandations nationales concernant la qualité de l’eau potable, comme celle qui nécessite de ne pas excéder 50 milligrammes de nitrate par litre. « L’eau que l’on produit ici en compte 1 % », précise Emmanuel Guiol, directeur adjoint des exploitations.

L’eau de la Durance serait également naturellement protégée de pesticides et autres résidus médicamenteux, ne rencontrant que peu d’agriculture intensive ni d’industrie lourde le long de son cours. Quant à la neutralité de son goût, elle s’explique par un système de désinfection particulier.

eau, Vidéo | Immersion dans le centre de traitement d’eau potable de Sainte-Marthe, Made in Marseille
Les différents bassins de filtration de l’eau

Désinfection à l’ozone

« C’est une spécificité marseillaise : depuis 1980, nous sommes précurseurs de la désinfection à l’ozone, alors que la majorité des communes désinfectent l’eau au chlore », poursuit Emmanuel Guiol.

Aussi efficace que le chlore sur les virus et les bactéries, l’ozone « a d’autres atouts, notamment celui d’éliminer toutes les potentielles saveurs que peut avoir l’eau naturellement. Et surtout, il ne génère pas de goût comme peut le faire le chlore. C’est pour cela qu’ici, nous avons une eau qui est dite sans saveur ».

Bien qu’efficace, ce traitement n’est encore que très peu répandu, car beaucoup plus coûteux que le chlore. À Sainte-Marthe, l’ozone est produit sur place à l’aide de machines. Un taux très bas de chlore est tout de même ajouté à la fin du procédé afin de limiter, au long terme, le développement de micro-organismes.

Sécurité maximale

Le réseau de tuyaux marseillais, construit en fonte et non en PVC, permet également d’éviter les dépôts de résidus chimiques. Néanmoins, il existe plus de 50 paramètres pour déclarer une eau potable.

La présence de substances nocives comme le plomb, le cuivre, le nickel, le chlorure de vinyle et l’épichlorhydrine ne peut être détectée qu’en prélevant et en analysant directement certains branchements du réseau. La qualité peut donc varier selon l’immeuble ou le logement du consommateur.

Sur le site, l’eau distribuée est contrôlée en permanence par des capteurs automatiques chargés de mesurer la concentration en particules et en désinfectants. « L’eau est ce qu’il y a de plus contrôlé par l’Agence régionale de santé, appuie Lionel Stora. Le moindre doute sur l’eau qui quitte le centre déclencherait une alerte immédiate ».

En amont des bassins de filtration, un bassin de truites a été installé. Ce « détecteur biologique de pollution » permet de détecter le moindre changement dans le comportement des poissons via un champ d’ultra-sons.

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Sandrine Motte, directrice générale de la Société des Eaux de Marseille et Emmanuel Guiol, directeur adjoint des exploitations

Préservation de la ressource

Ainsi, l’usine de Sainte-Marthe a permis de nombreux développements, dont l’éradication du typhus à Marseille à la moitié du 20e siècle. Face aux défis environnementaux, le centre, en activité depuis 1934, a aujourd’hui pour enjeu la préservation de la ressource en eau, « autant en termes de quantité que de qualité », souligne Emmanuel Guiol.

« L‘eau du canal de Marseille à tendance à se réchauffer avec le changement climatique, explique Sandrine Motte, directrice générale de la SEM. D’ici dix ans environ, il va falloir faire évoluer les process ». « C’est l’avenir qui le dira, ajoute Emmanuel Guiol. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a 15 ans, on disait qu’on ne manquerait pas d’eau. Aujourd’hui, comme partout, on a un peu moins de certitudes ».

La Société des Eaux de Marseille gère 3 000 kilomètres de réseau de canalisations sur l’ensemble du territoire. 1 % de ce patrimoine, soit 30 km de tuyaux, est renouvelé chaque année, permettant de maintenir un rendement optimisé en évitant les fuites.

Les travaux d’entretien et de modernisation effectués ces derniers 25 ans auraient permis de diminuer de 30 % les prélèvements sur la Durance. « Chaque année, nous économisons l’équivalent de la consommation d’une ville de 300 000 habitants », assure Lionel Stora.

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