À quatre jours de l’ouverture du salon de l’agriculture à Paris, les agriculteurs de la région ont haussé le ton, du Vieux-Port à la Préfecture, pour mettre la pression sur le gouvernement.

À l’appel de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA), 48 tracteurs et 200 manifestants, selon la Préfecture des Bouches-du-Rhône, ont défilé le 19 février à Marseille. Pour les principaux concernés, les mesures annoncées le 1er février par le gouvernement ne suffisent pas.

Après avoir stationné au Mucem de 9h30 à 11h, le cortège a rejoint la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), vers 11h30. Un tracteur a enfoncé le portail de l’institution avant d’y déverser des kilos de foin.

Une cinquantaine de tracteurs se sont ensuite retrouvés devant le parvis de la Préfecture pour déverser du fumier, avec un drapeau de l’Union européenne planté dans le tas. La manifestation s’est terminée sur le Vieux-Port, klaxons incessants, pour « mettre la pression » au gouvernement, à quelques jours de l’ouverture du salon de l’agriculture de Paris.

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Tracteur rempli de purin sur le Vieux-Port de Marseille (© Ma.G)

Des aides annoncées par le Département

En réponse à la gronde des agriculteurs depuis début janvier, la Région Sud, la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Département des Bouches-du-Rhône ont débloqué des aides supplémentaires pour soutenir le secteur, qui représente 19 200 exploitations, pour un chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros en Provence, selon le site du ministère.

Martine Vassal, présidente (DVD) du Département et de la Métropole, a annoncé une série de mesures le 9 février. Concernant le Département, l’élue a confirmé un budget de 10 millions d’euros pour l’agriculture. « Ce budget est volontariste. Nous sommes le seul département qui consacre ce montant à l’agriculture », précise Lucien Limousin (DVD), vice-président en charge de l’agriculture.

Le maire de Tarascon évoque également l’identification et la récupération des friches agricoles, nécessaires au regard de la « forte pression foncière » du territoire. « On a reconquis 4 535 hectares de friches », se félicite l’édile.

La Métropole double son budget pour les agriculteurs

Pour le compte de la Métropole, Martine Vassal a également annoncé la création d’une troisième halle de producteurs Terres de Provence à Marseille, en complément de celles de Plan-de-Campagne et de la Barasse (11e).

L’opération de distribution de 20 000 paniers solidaires, dont les produits seront achetés auprès des agriculteurs locaux pour être offerts aux plus précaires, est reconduite à la suite d’une première expérimentation pour les étudiants en 2020 pendant la crise du Covid-19.

Un investissement de deux millions d’euros pour la création d’une unité de transformation alimentaire à Miramas, « qui rayonnera sur un pôle de 50 000 habitants », a également été acté par la collectivité qui va ainsi doubler son budget agricole, passant de 3 à 6 millions d’euros.

Reprise, foncier, tourisme… d’autres mesures de la Région Sud

De son côté, Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Sud, s’est engagé le 1er février à aider les jeunes repreneurs avec une « dotation jeunes agriculteurs » de 4,8 millions d’euros par an pour les moins de 40 ans. Ce coup de pouce s’ajoute aux 5,3 millions d’euros pour investir dans leur exploitation.

Une aide à la trésorerie de 5 millions est également déclenchée pour les dossiers en souffrance qui accusent des retards de paiement. Trois millions d’euros seront attribués au fonds « SUD foncier » de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) et Terre Adonis pour favoriser le portage du foncier.

À travers le comité régional de tourisme (CRT), la Région Sud annonce, par ailleurs, mettre en place un « plan agritourisme » à partir de mars, pour permettre aux agriculteurs d’attirer des touristes, pour vendre leur production en direct.

« Ça ne règle pas le fond du problème »

Contacté au sujet de ces annonces, un maraîcher ciotaden, Brice Roubaud salue les aides à la transmission et la transition des terres agricoles, notamment pour les jeunes agriculteurs. Mais le paysan de 27 ans admet « que ça ne règle pas le fond du problème » qui est, selon lui, « la concurrence déloyale en Europe ».

Ce dernier cite notamment les taxes sur les sociétés, la TVA et le coût de la main d’œuvre, inégales en fonction des pays européens, qui « tirent les prix vers le bas ».

Pour lui, la réglementation se joue au niveau national en abaissant les taxes, en permettant la diversification des activités, voir en subventionnant une partie du panier des habitants qui achètent en direct chez le producteur.

Demain, mercredi 21 février, le Premier ministre Gabriel Attal doit prendre la parole pour tenter de « faire retomber la pression », comme il le laisse entendre.

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