Le plus grand marché de Marseille, à la Plaine, génère des problèmes de gestion des déchets. Sacs plastiques volants, cartons abandonnés… La Ville espère changer la donne avec son dispositif « marché propre ».
« Zéro déchet, zéro plastique ». Ce samedi 17 février matin, dans la bouche des élus municipaux de Marseille, ces termes paraissent un peu optimistes. À se promener dans les allées du grand marché populaire de la Plaine, on assiste plutôt à la fête du plastique et des emballages.
La majorité des clients trimballent des sacs plastiques à usage unique, pourtant interdits par la loi. Ils sont distribués par les forains, aux étals remplis de produits « souvent ‘made in China’ et sur-emballés », note Christine Juste. L’adjointe au maire chargée de l’environnement présentait avec son homologue à l’espace public, Roland Cazzola, le nouveau dispositif « marché propre ».
Bien que la Métropole soit compétente pour la gestion des déchets, « le marché est municipal et génère beaucoup de problèmes de détritus, difficiles à gérer pour les services de l’intercommunalité ». Elle en sait quelque chose avec sa casquette de conseillère métropolitaine « déléguée à la Propreté de la ville de Marseille ».
« On veut en finir avec les arbres à plastique », donne en exemple Roland Cazzola, rappelant que les jours de vent, après le départ des forains, les arbres de la place Jean-Jaurès ressemblent parfois à des sapins décorés de sachets blancs.
8,8 tonnes de déchets revalorisés en un mois
Suite à des discussions avec les riverains, excédés, et avec les forains, dont certains laissaient leurs déchets en partant, la Ville a mis en place un nouveau règlement de collecte. « Ils ne doivent plus laisser traîner aucun déchet, pendant et après le marché », explique Christine Juste.
Pour aider les exposants à respecter cette nouvelle charte, la mairie a fait appel à un prestataire de collecte et de tri : Synchronicity. Depuis un mois, les jours de marché, l’entreprise installe 10 bennes, réparties sur toute la place, à disposition des forains pour leurs déchets.
« Ça marche, ils jouent le jeu, il n’y a rien qui traine par terre contrairement à avant », estime l’adjointe à l’environnement, qui souhaite convaincre par les chiffres : « Depuis un mois, nous avons collecté et valorisé 8,8 tonnes de déchets ». En tête, les cartons, avec près d’1,5 tonne récupérée par semaine « qui sont recyclés ou directement réemployés ».
« Les consommateurs aussi doivent jouer le jeu », ajoute-t-elle. Dans ce sens, la Ville distribue des cabas aux clients pour les inciter à abandonner les sacs plastiques.
Tous les marchés de Marseille bientôt concernés
La sensibilisation a toutefois ses limites et certains marchands distribuent encore des sachets à usage unique. « La police municipale a commencé à verbaliser », indique Roland Cazzola. Ce que confirme un commerçant : « J’ai pris 35 euros parce que des plastiques traînaient sur mon étal… ».
La sévérité policière devrait monter en puissance après cette phase de sensibilisation. « Mais on privilégie le dialogue pour les changements de comportement », insiste Christine Juste, pour qui le marché de la Plaine « est un laboratoire du dialogue. Avec un interlocuteur permanent de la Ville pour discuter avec les commerçants, les riverains, les forains… ».
Cette expérimentation permettra de tirer des leçons, pour ensuite « dupliquer cette gestion des déchets aux 29 marchés de Marseille », annonce Roland Cazzola.