Alors que Marseille, la plus ancienne ville de France, compte moins de 100 sites classés au titre des monuments historiques, la municipalité entend renforcer la valorisation de son patrimoine. Elle demande le classement de cinq éléments remarquables, dont trois fontaines.
La ville de Marseille compte seulement 93 sites classés au titre des monuments historiques. Ce sont 62 de moins que sa voisine aixoise. La municipalité a donc décidé de s’engager dans une démarche de valorisation de son patrimoine.
Elle a pour cela retenu trois thèmes qu’elle juge prioritaires – l’eau, les monuments commémoratifs et le patrimoine du 20e siècle – et recensé une quarantaine d’éléments remarquables qu’elle espère voir classés au titre des monuments historiques par les services de l’État.
Un niveau de protection plus élevé
Ce vendredi 16 février, dans le cadre d’une délibération présentée en conseil municipal, une demande de classement a été formalisée pour cinq sites : les fontaines des Danaïdes, Cantini et Estrangin, mais aussi l’église Sainte Marie-Madeleine des Chartreux et le musée Grobet-Labadié.
« Ce sont des monuments qui ont déjà reçu un avis favorable de la commission régionale du patrimoine et de l’architecture pour leur inscription aux monuments historiques, souligne Perrine Prigent, adjointe en charge de la valorisation du patrimoine. Mais l’élévation du niveau de protection au rang de classement va nous aider à obtenir des subventions de l’État pour leur surveillance et leur rénovation ».
Un monument « classé historique » reçoit en effet « un statut juridique particulier destiné à le protéger pour son intérêt historique, artistique, architectural, technique ou scientifique afin qu’il soit conservé, restauré et mis en valeur », précise le site du Ministère de la Culture. « Une reconnaissance par la Nation » qui implique « une responsabilité partagée au regard de la transmission aux générations à venir ».
Mise en valeur de trois fontaines historiques
L’obtention de ce niveau de protection, le plus élevé, va offrir un nouveau statut à la fontaine des Danaïdes, construite en 1907, à quelques encablures de l’église des Réformés. Après être restée à sec plusieurs mois l’an passé, elle a finalement été remise en eau, en circuit fermé.
Du côté de Castellane, la fontaine Cantini, érigée en 1913, va elle aussi voir l’eau rejaillir cette année, treize ans après l’arrêt de son fonctionnement. Un rapport municipal voté en juin 2023 prévoit des travaux d’étanchéité, une remise en eau et une mise en lumière pour un coût prévisionnel de 725 000 euros. Ce retour en grâce devrait coïncider avec l’achèvement des travaux du tramway sur la place fin 2024. Avant une possible restauration de l’œuvre envisagée à moyen terme.
La fontaine Estrangin, qui a vu le jour en 1887, va également être scrutée de près. Elle doit être déplacée de quelques mètres dans le cadre de l’extension du tramway vers la place du 4-Septembre. Si elle rappelle que « ce projet n’est pas une priorité pour la Ville, qui souhaite privilégier le développement des transports vers le Nord », Perrine Prigent nous confirme que le classement du monument n’empêcherait pas son déplacement.
Vers une rénovation du Musée Grobet-Labadié ?
« Au regard de son intérêt historique et artistique » et « de l’originalité de ses choix architecturaux », la Ville de Marseille espère également le classement de l’église Sainte-Marie Madeleine des Chartreux, place Edmond-Audran dans le 4e arrondissement. Un simple travail de surveillance est envisagé la concernant.
En revanche, le musée Grobet-Labadié pourrait faire l’objet de travaux, nous apprend l’élue en charge du patrimoine. Actuellement « fermé jusqu’à nouvel ordre », cet hôtel particulier du 19e siècle abrite les très riches collections d’une famille de négociants. « Un témoignage de l’architecture privée de la grande bourgeoisie marseillaise » que la Ville entend valoriser.
« Les discussions se poursuivent avec la Direction régionale des Affaires culturelles pour la demande de classement d’autres sites », nous informe Perrine Prigent. Ils devraient faire l’objet de futures délibérations.