C’est l’heure du premier bilan annuel pour le supermarché coopératif Super Cafoutch à Marseille. Chiffre d’affaires, nombre de coopérateurs, les indicateurs sont au vert pour ce magasin qui fait la part belle aux produits responsables.
« 1 900 coopérateurs » affiche le compteur à l’entrée de Super Cafoutch, le supermarché coopératif et participatif du centre-ville de Marseille. Il en comptait 846 lors de son lancement, il y a un peu plus d’un an, lorsqu’il est passé d’épicerie à grande surface.
Il faisait alors le pari d’impliquer les consommateurs pour défendre des produits plus éthiques, bio et locaux, à prix maîtrisés. Ceci, moyennant l’achat de 100 euros de parts sociales et 3 heures par mois de participation active dans le fonctionnement du magasin.
À la réception, Raoul Michel, un des fondateurs du projet, ajoute une unité au compteur qui passe à « 1901 coopérateurs ». « Ils viennent juste de signer », sourit-il, en direction d’un couple sortant du magasin, papier en main.
1,4 million d’euros de chiffre d’affaires en 2023
Après un an d’activité, ce projet alternatif à la grande distribution semble sur la bonne voie. « Nous avons bouclé la première année avec un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros. Et le volume de ventes en janvier 2024 a augmenté de 40% par rapport à janvier 2023 », confie Raoul.
« Tous les indicateurs du business plan de départ sont atteints, appuie Gwenaël Kervajan, membre du comité finances. Le plus difficile, c’est les variables non maîtrisées, comme les pertes avec la date de péremption. Mais c’est une des seules inconnues de notre équation économique. Le reste est mécanique, et augmente avec le nombre de coopérateurs ».
Sur ce point, « nous sommes en avance sur le plan de départ, reprend Raoul. On en a 100 de plus que prévu à cette date, avec une moyenne de 67 signatures par mois. Je suis très confiant ». Notamment pour atteindre l’objectif de 2 500 coopérateurs en 2025, pour un chiffre d’affaires proche des 3 millions d’euros, représentant l’équilibre économique de Super Cafoutch.
Tarifs bas pour le haut de gamme
Le recrutement ne semble pas pâtir de la crise inflationniste, malgré quelques contraintes : investir un minimum de 100 euros et effectuer une demi-journée de travail par mois.
Mais cette démarche participative et l’achat groupé permettent à Super Cafoutch de proposer des prix attractifs sur des produits hauts de gamme (bio, local, éthique) par rapport aux autres enseignes de supermarchés. Grâce à ce fonctionnement, les marges sont fixées à 20%, contre 29% en moyenne pour la grande distribution.
« Les grandes surfaces proposent des tarifs très bas sur les grandes marques de produits industriels grâce à leurs réseaux et les volumes qu’ils font, explique Gwenaël Kervajan. Ils ont aussi des stratégies commerciales de vente à perte, de produits d’appel, qu’on refuse. Notre marge est fixe sur nos 3 500 références, pour respecter la vraie valeur du produit ».
C’est donc sur le bio, le local, l’éthique, que le magasin coopératif devient intéressant. « Cette gamme est moins chère chez nous que chez les grands distributeurs », clame Raoul Michel. En particulier les produits agricoles. « Les prix des fruits et légumes bio sont plus bas ici que leurs équivalents issus de l’agriculture conventionnelle dans les grandes surfaces », insiste-t-il.
Pâtes, œufs, produits secs, bières locales, produits d’hygiène, sauce tomate, fruits et légumes… Notre comparatif de quelques produits de base avec des supermarchés du centre-ville de Marseille nous permet d’aller dans son sens.
Prochain objectif : « sortir de l’entre-soi ‘bobos’ »
Malgré ces tarifs attractifs, Raoul Michel note que « la plupart des usagers vient de classes moyennes ou aisées ». Le modèle qui peine à attirer les publics les plus en difficulté. La question est affichée en gros à l’entrée du magasin : « Un Super Cafoutch inclusif, ce serait comment ? ».
« Sortir de l’entre-soi ‘bobos’ », note un post-it, alors que d’autres pointent des sujets bloquants pour les publics précaires. Comme l’achat obligatoire de 100 euros de parts sociales, ou la difficulté de se libérer pour faire les créneaux de 3 heures de travail mensuels.
Dans les faits, la première piste d’ouverture vers les publics fragiles passerait par des chèques alimentaires valables au supermarché, en coopération avec des organismes sociaux locaux.
Mais le concept d’inclusivité concerne aussi les personnes à mobilité réduite. C’est pourquoi, le supermarché coopératif vient de lancer son service de livraison à vélo avec La Courserie.
En bonne voie pour relever le défi de la consommation alternative, Super Cafoutch espère maintenant toucher le plus grand monde.