Aux Caillols, l’établissement privé La Cadenelle (12e) qui célèbre ses 80 ans, lance un grand chantier de construction-rénovation sur son site de 4 hectares. Cette modernisation doit permettre de renforcer les liens avec les entreprises et le territoire.
La Cadenelle entre dans la modernité pour ses 80 printemps. Ce lycée privé sous contrat, fondé en 1943, s’apprête à entamer des gros travaux du haut de la butte des Caillols (12e). Ce projet architectural de 10 000 m2 doit « assurer la pérennité de l’établissement », assure le directeur Romain Birot.
Il suffit de passer le hall d’entrée pour être plongé dans un autre temps : l’encadrement des portes rose poudré, les murs en crépis, le carrelage en brique… En 1968, c’est la fondatrice Charlotte Grawitz qui a implanté son école sur ce plateau de 4 hectares quand son hôtel particulier de La Cadenelle (8e) devenait trop étroit.
À l’origine, la Marseillaise issue d’une famille bourgeoise a créé un diplôme d’enseignement ménager familial pour apprendre aux femmes à tenir un foyer. Elle obtient 10 ans plus tard un agrément de l’État pour devenir un BTS diététique. S’en suivent les autorisations de BTS tourisme, BTS comptabilité-gestion, et celle de classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) option économie en 1979.
Village d’entreprises, trois nouveaux bâtiments, renaturation…
La Cadenelle prend ensuite le chemin de l’apprentissage dans les années 2000. Aujourd’hui, un quart des étudiants suivent leur parcours en entreprises, soit 250 élèves sur 1000. Les partenariats avec le privé, comme les 350 entreprises de la Vallée de l’Huveaune, sont « une force pour le lycée », insiste Romain Birot.
Si bien qu’un village des entreprises est prévu dans les plans d’aménagement depuis 7 ans, lorsque le directeur prend la tête de l’établissement. « Ça nous a fait sourire quand le ministre Gabriel Attal en a parlé cet été. [Les bureaux des entreprises ont été mis en place en septembre 2023 dans les lycées professionnels pour permettre aux élèves de développer leur réseau, ndlr]. Le nôtre était déjà pensé », se félicite-t-il, en se levant de sa chaise.
À travers les grandes baies vitrées de son bureau, il pointe du doigt les préfabriqués vieillissants, construits dans les années 80 : « Ils vont être détruits. Nous allons construire une halle de sport nouvelle génération à la place ».
Les trois bâtiments livrés en 2025
Durant plusieurs décennies, des pins d’Alep ont poussé tous azimuts autour des bâtiments modulables. « Ces arbres seront coupés. Nous replanterons des petites pousses dans certains secteurs et des sujets adultes à l’entrée de la propriété », poursuit le maître des lieux, assurant que le même nombre d’arbres sera replanté. Ils pousseront au milieu des trois nouveaux bâtiments d’une surface totale de 4 500 m2.
Les travaux de construction devraient démarrer fin février pour durer 7 semaines, avant de reprendre pendant les vacances d’été. Renaud Muselier, le président de la Région Sud, posera symboliquement la première pierre en septembre, après les Jeux olympiques et paralympiques. Cet événement célébrera aussi les 80 ans de l’établissement.
Les deux bâtiments à l’entrée, de futures salles de cours modernes, doivent être livrés en décembre 2024 selon le calendrier initial. Quant à la halle sportive, elle doit être achevée trois mois plus tard, en février 2025.
Une fois que ces bâtiments neufs seront prêts à l’emploi, la réhabilitation des vieux murs de 5 500 m2, dont l’internat et le réfectoire, pourra débuter. Aucune formation ne sera suspendue le temps des travaux, promet le directeur, car les élèves seront transférés d’un bâtiment à l’autre en fonction des étapes du chantier.
Le cabinet Didier Becchetti et le groupe GCC à la manœuvre
Ces travaux représentent un investissement de 27 millions d’euros, dont 17 millions pour la construction et 10 millions pour la réhabilitation. Selon nos informations, la Région Sud devrait cofinancer ce chantier, mais le montant de sa participation reste encore confidentiel.
Le permis de construire, accordé par la Ville de Marseille en juin 2022, a permis de démarrer les premiers aménagements nécessaires de dévoiement des réseaux, d’évacuations des eaux fluviales et usées, et d’aménagements des accès.
Le cabinet marseillais Didier Becchetti Architectes a été sélectionné avec le cotraitant Beau Architectures. Ils travailleront avec le promoteur et constructeur immobilier GCC. Les architectes ont volontairement dégagé l’horizon, de manière à ce que chaque élève et professeur profitent de cette vue unique et verdoyante du site.
L’agence décrit sur son site internet la transformation de la Cadenelle comme un « projet (qui) comprend deux visages, une intériorité apaisée et sécurisante et une face institutionnelle, ouverte sur le grand paysage au Sud et requalifiant l’équipement d’enseignement ».
Accès limités au site de La Cadenelle
Le parking à l’entrée sera remplacé par le plus grand bâtiment. Les stationnements migreront sur le terrain derrière la propriété, qui donne sur la commanderie de l’Olympique de Marseille. « On a fait le choix de maintenir la capacité d’accueil de 350 places de parking, indique le directeur, car il y a peu de maillage de transports en commun sur la zone Est de Marseille ».
C’est un point noir auquel Martine Vassal (DVD), la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, souhaite s’attaquer ces prochains mois dans le cadre du GIP Transports de Marseille en grand, qui devrait se réunir prochainement, pour que l’État finance des projets au Sud et à l’Est de la ville.
Lors de l’inauguration de la bretelle Schlœsing, au carrefour des 8e, 9e et 10e arrondissements, l’élue avait en effet affirmé : « On désenclave notamment la partie Nord, c’est sur les rails. Mais après, il va falloir enclencher la suite. On ne peut pas continuer à avoir des gens dans les quartiers Sud et les quartiers Est qui mettent 1h30 à traverser la ville ».