Marie Chadefaux a auto-produit le guide « Bio dans ma ville », fruit de ses rencontres avec des producteurs, artisans et commerçants engagés, qui regroupe plus de 60 adresses où se procurer des produits biologiques à bas prix à Marseille ainsi que des conseils. 1000 exemplaires.
« À l’heure des défis environnementaux, consommer biologique permet de soutenir une pratique agricole bénéfique pour les sols, le climat et notre santé. Encore faut-il, lorsqu’on habite en ville, trouver les adresses où se procurer les bons produits », peut-on lire sur la quatrième de couverture de « Bio dans ma ville ».
Sa rédactrice, Marie Chadefaux, a consacré deux années à la compilation de ce guide, dans le but d’offrir un outil pratique et complet aux Marseillais à la recherche de produits régionaux certifiés Biologiques. « Même si la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première en surface agricole utile bio en France*, il est souvent difficile de trouver les bons canaux de distribution de produits bio et locaux à Marseille », relève cette dernière.
En partant de ce constat, Marie Chadefaux s’est lancée à la rencontre de producteurs, artisans et commerçants engagés à Marseille. Mettant à profit son expérience en tant que secrétaire de rédaction dans la presse, elle a sélectionné une soixantaine de lieux, en commençant par les fermes et marchés jusqu’aux épiceries, boulangeries, caves et Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), situés pour la plupart dans le centre-ville.
« Comme il n’y a pas de limite de kilomètres pour le transport de produits bio dans la réglementation de l’Union Européenne, on trouve souvent en magasin des produits bio qui viennent de très loin, explique la rédactrice. Je voulais montrer qu’à Marseille il y a des gens qui proposent des produits à la fois bio et locaux, et qu’il est possible de s’y retrouver financièrement ».
Première étape : le circuit le plus court
Pour écrire son guide, Marie Chadefaux est partie « du circuit le plus court. Ce n’est pas une notion de kilométrage, mais plutôt le fait qu’il n’y ait qu’un intermédiaire maximum entre le producteur et le consommateur », précise-t-elle.
Il lui est paru évident de commencer par les fermes certifiées Biologique à Marseille, « qui vont toutes bien plus loin que les exigences du cahier des charges européen ». La rédactrice a été « particulièrement frappée par le travail fourni par ces maraîchers marseillais qui s’attachent à reconstituer le cycle naturel de la fertilité des sols ».
Ainsi, les fermes répertoriées appliquent les principes de la permaculture, de l’agroécologie ou bien du maraîchage sur sol vivant. À l’image de la ferme de l’Étoile (14e), où Alice Raulo et Quentin Villeneuve cultivent des légumes en ajoutant aux exigences bio les principes de la permaculture. Ou encore la ferme de La Maussanne (11e), où Jean Walter sème des engrais verts pour fertiliser sa terre et ajoute des broyats de platane pour protéger son sol de l’érosion.
Les marchés paysans
L’ouvrage liste également les marchés de producteurs avec une majorité de denrées biologiques. Ces rendez-vous hebdomadaires permettent d’échanger avec les maraîchers et éleveurs, venus de toute la région vendre directement leurs fruits et légumes, fromages, viande, œufs, produits de la mer, pain, champignons…
Comme l’emblématique marché paysan du cours Julien (6e), premier marché paysan de Marseille créé en 2001, qui regroupe chaque mercredi une trentaine de stands. Ou encore, moins connu, le petit marché de producteurs du Carré Méry, lancé en 2015, qui s’installe les jeudis après-midi sur la place du 23-Janvier-1943, au pied de l’hôtel Intercontinental (2e) et encourage les pratiques éco-responsables.
« Il n’existe pas de marchés de producteurs 100 % bio à Marseille », constate Marie Chadefaux. Pour autant, « il est vrai que certains producteurs choisissent de ne pas avoir le label bio, car ils trouvent que la réglementation ne va pas assez loin. Là, c’est une relation de confiance entre le maraîcher et le client ».
Des épiceries engagées
Bio dans ma ville met en avant des producteurs, mais également des commerçants indépendants. En plus des boulangeries et des cavistes, il présente les primeurs et épiceries bio « qui font le lien entre le producteur et le consommateur, animés par la volonté de s’approvisionner directement auprès des producteurs de la région autant que possible ». On cite La Bonne Saison (1er), Moutchou (7e), Coopcinelle (12e), ou le projet Vrac, porté par la Cité de l’agriculture dans les quartiers de La Viste et Frais-Vallon.
« Toutes les personnes que je suis allée voir travaillent de manière extrêmement vertueuse, résume Marie Chadefaux. Elles ont très souvent une conscience écologique, et aussi sociale, très forte. Tous ont à cœur de proposer le juste prix pour le producteur et le consommateur, tout en faisant attention aux conditions de travail dans lesquelles ont été produites les denrées ».
Des clés pour comprendre l’agriculture biologique
Cependant, Bio dans ma ville n’est pas uniquement un carnet d’adresses. La première partie du guide met à disposition les clés pour comprendre les origines de l’agriculture biologique, ainsi que des études épidémiologiques sur l’impact du bio sur la santé, « en quoi cette pratique agricole est bénéfique pour la qualité de l’eau, la biodiversité, le climat, la santé… et, quand il s’agit de produits bio et locaux, pour l’économie locale », ajoute Marie.
Autant de bonnes raisons de consommer bio. « Avoir ces connaissances-là en main permet de lever des obstacles et des freins à la consommation de bio. Quand on comprend pourquoi elle est aussi bénéfique, on est plus enclin. J’avais moi-même des méconnaissances au sujet de l’agriculture biologique, reconnaît-elle. J’ai d’abord fait des recherches, puis je suis allée poser aux commerçants les 10 000 questions que je me posais moi-même en faisant mes courses ».
Le casse-tête des labels décrypté
Marie Chadefaux a également cherché à en savoir plus sur les labels utilisés dans l’agriculture biologique. Eurofeuille et Agriculture biologique, Nature et progrès, Bio équitable… il est parfois difficile de s’y retrouver parmi les nombreuses certifications officielles et privées. Elle a donc élaboré un tableau clair pour comparer leurs différents critères et leurs limites.
Par exemple, « contrairement à la réglementation européenne, les labels privés Nature et progrès, Démeter et Bio Cohérence se rejoignent sur plusieurs points : ils ne tolèrent aucune trace d’OGM, interdisent la présence de cultures bio et non bio sur la même ferme, limitent la taille des élevages et exigent une alimentation 100 % certifiée bio ou biodynamique pour les animaux », peut-on lire.
« Parfois, les commerçants choisissent ces labels privés car ils correspondent beaucoup plus aux valeurs originelles de l’agriculture biologique », ajoute Marie.
Les Amap et paniers bio solidaires
L’un des principaux obstacles à la consommation d’aliments biologiques reste le budget, surtout en période d’inflation économique. Les achats de produits alimentaires bio, en moyenne 50% plus cher que celui d’aliments conventionnels, ont par ailleurs baissé de 4,6% en 2022*.
« C’est vrai que ça reste plus cher, pour de bonnes mais aussi de mauvaises raisons comme les marges abusives de la grande distribution, mais c’est possible, à condition de s’approvisionner en circuit court », assure Marie Chadefaux. Bio dans ma ville recèle d’astuces et de conseils pour consommer bio à moindre coût. Son auteure est sans équivoque : « Le plus économique, à Marseille, est de s’inscrire à une Amap ou aux Paniers marseillais ».
Modèle répandu dans presque tous les arrondissements de Marseille, les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne permettent de soutenir les agriculteurs via un contrat d’abonnement à un panier hebdomadaire au prix fixe, autour de 18 euros en moyenne.
Mais « tout le monde ne peut pas se permettre d’avancer de l’argent dans une Amap à un producteur, même si on peut le payer en plusieurs fois », reconnaît Marie Chadefaux. C’est pourquoi les Paniers marseillais ont mis en place, en 2018, les Paniers bio solidaires à 3 euros, pour faciliter l’accès aux produits frais aux ménages plus précaires.
Pour chaque copie achetée, Marie reverse par ailleurs 1 euro pour aider au financement de ces Paniers bio solidaires. « Indépendamment des Amap, la plupart des fermes marseillaises proposent des paniers sans engagement à des prix très intéressants », ajoute-t-elle.
Un livre engagé
Pour aller au bout de sa démarche engagée, Marie Chadefaux a conçu un guide bio jusqu’à sa conception, produit dans une imprimerie labellisée Imprim’vert avec des encres végétales à Miramas, sur du papier recyclé et issu de forêts gérées durablement. Les illustrations sont signées par la graphiste marseillaise Ludivine Dormes, « spécialisée en éco-conception graphique ».
« Le fait de créer un livre de manière artisanale, en auto-édition m’a permis de faire un objet en adéquation avec son sujet, poursuit Marie. C’était aussi une manière d’être libre dans ce que j’allais écrire ».
Curieux ou convaincus de la Bio, les Marseillais ont désormais entre leurs mains un guide pratique et informatif pour soutenir une consommation responsable. Produit en 1000 exemplaires, il peut être acheté au sein d’une quinzaine de librairies indépendantes marseillaises, telles que Maupetit (1er), La Rêveuse (5e) ou Mima à Montredon (8e).
Carte des librairies sur le site internet de Bio dans ma ville.
Le guide peut être expédié par La Poste. Pour le commander, envoyer un message à l’adresse bonjour@biodansmaville.fr