La plus petite auberge de jeunesse de France ouvre dans les quartiers Nord

Anciennement journaliste, Charlotte Noblet a transformé une maison de maître dans le quartier de La Cabucelle (15^e) pour créer QG Marseille, la plus petite auberge de jeunesse de France, avec cinq chambres.

Pour entrer au QG Marseille, il faut passer un portillon au bout de l’impasse Davin, au sein du quartier de La Cabucelle, dans le 15^e arrondissement de Marseille, sur les hauteurs du port. Il s’ouvre sur un jardin verdoyant, dont l’allée centrale mène à une imposante maison de maître, autrefois propriété de la société minière des Houillères de Bassin du Centre et du Midi.

Après trois ans de rénovation, Charlotte Noblet y propose désormais des séjours atypiques, pas si loin du centre névralgique du tourisme à Marseille, pour découvrir la ville autrement à partir de 47 euros la nuit. Avec cinq chambres et des espaces partagés, l’auberge de jeunesse peut accueillir jusqu’à 14 personnes.

« Ce qui en fait la plus petite de France ! », souligne fièrement la quadragénaire à l’initiative de ce nouveau lieu. Les auberges de jeunesse sont rares à Marseille, dépassées par l’offre de chambres d’hôtel et de locations de courte durée. Jusqu’à présent, la ville n’en comptait qu’une seule, l’auberge de jeunesse du Bois Luzy (12^e), qui compte, elle, une centaine de lits.

Provoquer des rencontres

Gîte unique en son genre, QG Marseille a ouvert ses portes en début d’année, et commence d’ores et déjà à accueillir du public. Personnes en déplacement d’affaires, jeunes couples, randonneurs solo ou familles… « des voyageurs du monde entier, mais aussi des Marseillais souhaitant héberger des groupes d’amis, ont déjà effectué leurs réservations », s’amuse Charlotte Noblet.

Dès sa création, l’auberge a rejoint le réseau des 80 établissements de la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse (FUAJ), mouvement dont la charte valorise notamment « le fait de partager des espaces et d’accueillir sans discriminer ». Des notions qui résonnent avec sa créatrice. Car, pour cette ancienne journaliste, le voyage est avant tout une histoire de rencontres.

« En tant que correspondante en Afrique de l’Ouest pour des rédactions allemandes, j’ai beaucoup bourlingué. Maintenant, j’ai envie de m’ancrer dans le territoire et que le monde vienne à moi », affirme la champenoise d’origine, séduite par le multiculturalisme marseillais.

« De par ma trajectoire, j’ai énormément appris en rencontrant des personnes dont je n’ai croisé le chemin qu’une fois, parfois seulement le temps d’une discussion. C’est ce que j’espère offrir aux personnes qui viendront dans mon établissement », poursuit-elle. Sa devise : « curiosité, convivialité et sérénité ».

Une auberge artistique

En plus d’une auberge de jeunesse, QG Marseille est aussi un lieu culturel qui expose régulièrement des artistes en résonance avec le territoire. Les œuvres s’invitent partout, dans le séjour, les chambres, jusque dans les salles de bain, et deviennent un prétexte pour échanger.

« Chacune des cinq chambres expose l’univers d’un artiste différent selon un thème défini, explique Charlotte. Les pensionnaires peuvent proposer aux autres de venir voir l’art dans leur chambre. De cette façon, les œuvres deviennent un sujet de discussion et un axe pour faire connaissance ».

Chaque mardi de 13h à 17h, la bâtisse s’ouvre au public pour découvrir l’exposition du moment. Actuellement, on peut y admirer les illustrations d’Anis Chelbi, les toiles d’Apollinaire Gbeteglo, les peintures d’Imene Jarry, ou encore les collages de Catherine Ricoul.

Une déambulation en compagnie des artistes de l’exposition a eu lieu en avant-première le 16 décembre dernier, pour fêter la pré-ouverture de l’établissement. De nombreux voisins de l’Impasse Davin y ont participé, curieux de découvrir ce nouveau lieu.

Un « QG » ouvert sur son quartier

Car l’un des objectifs du projet est également d’en faire un lieu ouvert sur son quartier. Charlotte Noblet fourmille d’idées pour provoquer les rencontres entre les personnes de passage à Marseille et les habitants du quartier au sein de son « QG » : ateliers de jardinage et de cuisine avec des associations, marathons photo, soirées de jeux de société intergénérationnelles…

« C’est ainsi que je conçois une offre d’hospitalité dans le vrai sens du terme. Recevoir l’autre, c’est lui ouvrir les portes d’un univers. Pas seulement lui remettre une paire de clefs », résume la gérante.

Deux jeudis par mois, l’auberge propose un « apéro RTM », de 17h à 21h, un clin d’œil à l’arrêt du métro à 21h30 les soirs de semaine. Le prochain aura lieu jeudi 15 février avec la fanfare The ImproBubble Bang en ouverture. Charlotte Noblet compte également ouvrir le portillon aux visiteurs lors des Journées du patrimoine.

Développer le tourisme au Nord de Marseille

Le projet repose sur la volonté de faire découvrir les quartiers Nord, souvent exclus des circuits touristiques classiques, concentrés dans le centre-ville et au sud de Marseille. « Redorer le blason des quartiers Nord n’est pas un défi, affirme Charlotte Noblet. Seules les personnes sans a priori ou dont la curiosité prendra le pas auront la chance de découvrir les quartiers encore authentiques de cette moitié de la ville ».

Avant d’ajouter : « Ici, vous êtes très proches du centre et des plages de la Côte Bleue ou du sentier GR2013, vous accédez très vite à l’autoroute A55 comme à l’A7. C’est desservi par le Métro Gèze qui n’est pas très loin, et par plusieurs lignes de bus ». Pour faciliter la mobilité, Charlotte propose des places de parking dans le centre-ville, et la location de vélos sur place.

Alors, auberge de jeunesse ? Gîte ? « Tiers-lieu hospitalier » ? Difficile de placer QG Marseille dans une case. L’auberge a rejoint le réseau des Oiseaux de passage créé par la coopérative Hôtel du Nord, qui propose des séjours et des circuits de balades pour développer le tourisme au Nord de la ville. L’association milite également pour la création d’assises marseillaises de l’hospitalité, une démarche à laquelle se joint la créatrice de QG Marseille.