Après avoir racheté 9 hectares du Vallon des Hautes Douces menacés d’urbanisation, la Safer travaille en partenariat avec la Ville de Marseille pour développer un projet d’agriculture urbaine.

Diverses essences d’oliviers, d’arbres fruitiers, des rangs de vignes, des cultures maraîchères en restanques, un puits en pierres sèches, des dépendances agricoles dont une bastide du 19e siècle… Vous êtes bien dans la deuxième ville de France. Du côté de La Treille (11e), le Vallon des Hautes Douces représente « un véritable conservatoire du patrimoine agricole marseillais ».

Voilà comment le décrit l’association Sauvons le vallon. En rappelant que l’ingénieur agronome Joseph Bourrelly a créé ce « paysage enchanteur » au 20e siècle. « Dans les années 1950, la ville était quasiment auto-suffisante en production alimentaire, rappelle Aïcha Sif, adjointe marseillaise à l’agriculture urbaine. Aujourd’hui, la commune ne produit que 2 % de sa consommation. L’urbanisation a dévoré presque toutes les terres agricoles ».

C’est ce qui menaçait le Vallon des Hautes Douces, dont une partie était constructible. La Fondation de France en avait hérité et projetait de revendre les lots urbanisables aux enchères fin 2022.

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Sauvetage de dernière minute

C’était sans compter une vive levée de bouclier citoyenne et associative (Sauvons le Vallon, France nature environnement, collectif Can environnement). Un combat soutenu par la Mairie et la Métropole.

Un autre allié était en embuscade : la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). La structure sous tutelle de l’État a fait valoir son droit de substitution lors de la vente et récupéré ces trois parcelles. Ce sauvetage de dernière minute lui a coûté 1,6 million d’euros pour ces 3,8 hectares.

Monopoly agricole

Il s’agit en réalité de l’aboutissement d’une partie de Monopoly longue et complexe. « Cela fait plus de 10 ans qu’on travaille pour maîtriser ce secteur. Les années précédentes, nous avions déjà mis la main sur les 5,2 hectares terrains voisins », retrace Philippe Lauraire, directeur régional adjoint de la Safer.

Derrière ce grand espace majoritairement végétal se cache un foncier morcelé par la Fondation de France et d’autres propriétaires privés. Il s’agissait d’acquérir et rassembler un maximum de parcelles pour envisager un projet agricole cohérent.

Avec la dernière acquisition, la société d’intérêt général dispose aujourd’hui de « près de 9 hectares pour lesquels nous avons investi au total 1 879 000 euros », comptabilise Philippe Lauraire.

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Bâtisse au vallon des Hautes Douces. D.R.

La Ville veut avoir son mot à dire

Vendredi 15 décembre, le conseil municipal a voté une avance remboursable d’un montant de 400 000 euros pour cette opération. Un coup de pouce financier pour aider la Safer à stocker ce foncier. Ce n’est pas sa vocation première, mais cette opération s’inscrit dans un contexte particulier.

Agriculture urbaine, sécurité alimentaire, limitation de l’artificialisation des sols, sensibilisation et éducation… Le Vallon des Hautes douces concentre de multiples enjeux autour desquels la Ville veut prendre le temps de construire « un projet agricole stratégique », selon l’adjointe Aïcha Sif.

C’est pourquoi les deux institutions s’engagent autour d’une « convention d’aménagement rural ». La municipalité entend notamment accompagner la dynamique des différents acteurs qui pourraient porter un projet sur le site.

Les idées germent

Et ils semblent nombreux. « On a réuni 40 acteurs potentiels », estime Aïcha Sif. L’adjointe au maire évoque l’association Terre de liens pour réfléchir à l’exploitation agricole du vallon. En insistant sur « un outil de transformation alimentaire dans les bâtiments ». L’élue imagine articuler tout ça avec « un tiers-lieu d’éducation à l’environnement ».

Un projet du même genre s’esquisse en parallèle, baptisé Ô Douces. Un « coworking d’activités agricoles, artisanales, socio-culturelles et d’éducation à l’environnement. Nous travaillons déjà à lever des fonds », raconte un des porteurs, Damien Deschamps.

Car la Safer devrait logiquement demander autour de 2 millions d’euros pour l’acquisition du Vallon des Hautes Douces, et n’a pas encore tranché sur une vente par lots ou pour la totalité du site. La société d’intérêt général travaille actuellement sur l’appel à candidatures qui devrait être publié en 2024. En attendant, les idées germent.

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