Seule candidate en lice, Laure-Agnès Caradec a été élue hier soir à la tête de la fédération Les Républicains des Bouches-du-Rhône. Elle entend désormais « jouer collectif » pour aborder les prochaines échéances électorales.

« Il n’y a pas grand suspense parce que j’étais la seule candidate ». Depuis lundi 27 novembre au soir, Laure-Agnès Caradec, 56 ans, est la nouvelle présidente de la fédération Les Républicains des Bouches-du-Rhône. (60,79% / 1281 votants).

C’est guidée par « l’envie » que l’ancienne adjointe à l’urbanisme de Jean-Claude Gaudin, vice-présidente du Département et conseillère métropolitaine a décidé de se lancer dans cette nouvelle aventure qu’elle entend vivre collectivement.

Malgré une instance sans capitaine à son bord, après la démission de Renaud Muselier, il y a deux ans, elle n’a jamais perdu le lien avec les militants. L’élue anime régulièrement des temps d’échanges à la permanence avec les adhérents et les sympathisants, accompagnée d’autres élus à l’instar de Didier Réault, Thierry Santelli ou Guy Teissier. Elle a également organisé une grande réunion de rentrée avec 200 personnes.

En octobre dernier, Laure-Agnès Caradec, qui revendique être une « femme de droite », a quitté le groupe de la majorité à la mairie des 9/10 lors du conseil d’arrondissement [l’ancien maire de secteur, Lionel Royer-Perreaut, qui siège toujours dans la majorité, est désormais député Renaissance, ndlr] pour rejoindre celui de la droite républicaine, centriste et indépendante, emmené par Didier Réault.

À la tête de la fédération LR des Bouches-du-Rhône, l’actuelle présidente d’Euroméditerranée et de l’Agam (agence d’urbanisme de la métropole marseillaise) entend rebâtir le parti localement en l’ancrant solidement sur le territoire. Une mission qu’elle mènera en s’appuyant sur les élus locaux et toutes les « bonnes volontés » qui se retrouvent dans les valeurs du parti gaulliste, qui a traversé de multiples tempêtes depuis la dernière Présidentielle de 2022.

Deux ans plus tôt, personne n’a oublié comment le Printemps marseillais a fait basculer la ville de Marseille tenue depuis 25 ans par la droite. L’enjeu pour la nouvelle présidente est de mettre son équipe en ordre de marche en vue des futures échéances électorales. « De se déployer, faire entendre nos voix et nos valeurs, essayer de grossir et de se fédérer pour exister et peser le plus possible dans ce département ». Entretien.

Comment analysez-vous le fait que vous soyez l’unique candidate ? L’ampleur de la tâche ?

Je pense, en effet, que la tâche est ardue, mais j’ai envie d’avoir envie, comme dirait Johnny. L’élection se passe dans un contexte où nous n’avions plus d’instance depuis plusieurs mois, voire deux ans. Il y a eu un relâchement du lien entre les adhérents et leurs élus. Il y a tout à réveiller, tout à construire. C’est un énorme challenge pour un parti qui a aussi besoin de se structurer localement.

Sentez-vous justement un engouement, une réelle attente de la part des adhérents un peu orphelins ces derniers mois ?

On a quand même 2 200 adhérents, soit renouvelés, soit nouveaux, ce qui montre que ces élections ont motivé énormément de personnes. C’est sur cette base-là, avec des personnes qui, je sais, ont envie de partager avec leurs élus, de faire remonter ce qu’ils ressentent sur le terrain et leurs propositions, que collectivement nous pourrons travailler à reconstruire ce parti, que nous souhaitons fort pour affronter les échéances à venir, les Européennes l’année prochaine, les Municipales en 2026 et puis les Présidentielles et Législatives.

Estimez-vous que cette fédération a particulièrement souffert ? Et notamment du départ volontaire ou contraint d’importantes personnalités politiques LR, comme Renaud Muselier ou Martine Vassal ?

Tout à fait. Renaud Muselier, Martine Vassal, Bruno Gilles… c’est vrai qu’elle a souffert de ces départs, mais aussi de ne pas avoir d’instances qui lui permettaient aussi de vivre. Personne n’avait la légitimité à organiser quoi que soit, nous n’avions plus de président. Stéphane Le Rudulier (secrétaire départemental) a été nommé il y a deux ans, et a essayé de reconstruire et de redynamiser les choses. Aujourd’hui, il s’agit d’avoir une équipe opérationnelle qui puisse se démultiplier sur tout le département.

Vous allez remettre la fédération en marche. Vous n’avez jamais été tenté de rejoindre le parti présidentiel ?

J’ai toujours été encartée depuis que j’ai commencé à militer quand j’étais étudiante, plutôt sur la branche centriste, parce que je ne suis pas issue du RPR, mais après on s’est tous retrouvés sous ce qu’était l’UMP et maintenant Les Républicains. Je n’ai pas dévié, j’ai toujours la même colonne vertébrale.

Le jeu collectif reste votre leitmotiv. Vous parlez d’équipe, quel type de « coach » serez-vous ?

Je ne sais pas faire autrement. L’aventure solitaire n’a aucun intérêt pour moi. L’idée, c’est de mettre du liant entre toutes ces bonnes volontés, encourager les uns et les autres à s’investir parce que seule je n’arriverai à rien.

Les Français ont plus confiance dans les élus de proximité dans les territoires que dans leurs élus nationaux. Il faut, selon moi, dissocier le national du local. Même si on n’a plus de députés, on a des sénateurs, des maires LR importants dans le département, des élus qui détiennent des portefeuilles majeurs, c’est important de s’appuyer sur ces gens-là. Sur nos 16 délégués de circonscription [lire encadré] et les membres des comités de circonscriptions qui ont aussi été élus. Et comme je le disais, sur les adhérents.

Quand il y a une dynamique, des événements réguliers, les gens ont encore plus envie d’être présents et de faire venir d’autres personnes comme leur famille, leurs voisins, leurs amis… L’idée c’est de créer une énergie collective, créer des cercles de réflexions aussi pour appréhender les échéances à venir. Il faudra bâtir des projets, arriver à les argumenter et c’est collectivement que nous arriverons à mener ce travail à l’échelle du département pour faire la démonstration qu’on peut être un parti qui pèse dans les élections à venir.

Avez-vous une ou un modèle en politique ?

J’ai adoré l’énergie de Sarkozy. Justement, il donnait envie d’avoir envie [en référence au discours de Nicolas Sarkozy, quelques mois avant son élection à la présidence de la République, ndlr*]. Il l’a lui même dit, qu’il fallait se lever tôt le matin et mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour être maître de son destin et défendre les valeurs auxquelles on croit.

Quelles valeurs incarnent justement Les Républicains que vous entendez porter ?

LR incarne pour moi l’autorité et le régalien, et en même temps doit être présent sur la justice sociale, parce que la préoccupation principale des Français, c’est le pouvoir d’achat. Sur ces sujets-là, qui affectent le quotidien des habitants, nous pouvons apporter des réponses à la hauteur des enjeux.

Vous vous inscrivez aussi pleinement dans la large coalition impulsée par Renaud Muselier et Martine Vassal en vue de reconquérir Marseille en 2026 ?

Bien sûr que pour 2026, Marseille se gagne à droite sur un socle large qui va du centre à la droite raisonnable et républicaine. Évidemment, le spectre large devra être envisagé, mais si on partage tous un même projet, une même envie et des mêmes objectifs.

Vous n’êtes pas tentée par la mairie de Marseille ?

Ce qui me tente, c’est que notre famille politique puisse retrouver une façon de piloter cette ville, ça c’est sûr, parce que le bilan actuel du Printemps marseillais ne nous convient pas. Quand je vois la dégradation du centre-ville, l’augmentation des impôts, ce qui se passe sur la culture avec Marcel Pagnol [le changement de main du château de la Buzine a déclenché une vive polémique, ndlr], la salle de shoot sans aucune concertation, je me dis qu’il y a quand même un petit sujet.

Aujourd’hui, les Marseillais sont très interrogatifs sur ce qui se passe dans leur ville. À nous d’apporter des réponses pour faire en sorte, qu’en 2026, la mairie puisse revenir dans notre camp.

Les délégués de circonscription 

1ère circonscription : Valérie BOYER – 2ème circonscription : Ludovic PERNEY – 3ème circonscription : Gaëlle PERRIN – 4ème circonscription : Solange BIAGGI – 5ème circonscription : Ambroise MALINCONI – 6ème circonscription : Thierry SANTELLI – 7ème circonscription : Éric TRIMBOLI – 8ème circonscription : David YTIER – 9ème circonscription : Gérard GAZAY – 10ème circonscription : Mathieu PIETRI – 11ème circonscription : Michael ZAZOUN – 12ème circonscription : Éric DIARD – 13ème circonscription : Claude BERNEX – 14ème circonscription : Alexandre GALLESE – 15ème circonscription : Bernard REYNES – 16ème circonscription : Pierre RAVIOL.


*En septembre 2006, quelques mois avant son élection à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy prononçait un discours depuis l’université d’été de l’UMP, à Marseille, dans lequel il disait : « Je suis venu vous proposer de construire ensemble une société où chacun recevra selon son mérite et où chacun aura une chance. Je ne veux pas briser vos rêves. Je veux vous redonner ce qu’on vous a fait perdre de plus précieux. Cher Johnny, l’envie d’avoir envie ».

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