Après le restaurant Asabiya au cours Julien (6e), c’est devant la Laverie sociale du 1er arrondissement qu’a été installé le deuxième frigo solidaire marseillais, contre la précarité et le gaspillage alimentaire.
Un « frigo solidaire », à disposition de ceux qui peinent à remplir le leur, vient d’être inauguré devant la Laverie sociale au 149 boulevard de la Libération (1er). Né d’un partenariat entre l’association nationale Les Frigos Solidaires et l’ARS 13, ce dispositif vise à aider les personnes en grande précarité en mettant à leur disposition des denrées alimentaires gratuitement.
Accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, le réfrigérateur sera ouvert « à toute personne dans le besoin. Il peut être rempli par les restaurateurs et commerçants du quartier, garantissant la traçabilité des aliments, explique Stéphanie Micard, responsable partenariats associatifs pour Identités Mutuelle, partenaire des Frigos Solidaires. Les associations locales peuvent y mettre les surplus de leurs collectes et les particuliers uniquement des produits frais ou secs emballés ».
C’est le deuxième frigo partagé à prendre place à Marseille, le premier étant en fonction depuis janvier dernier en face du restaurant Asabiya, au cours Julien (6e). Ce dernier « se vidait très rapidement, il était utilisé régulièrement par six personnes », relate Stéphanie Micard.
Une laverie sociale et conviviale
L’ajout de ce frigo solidaire « correspond parfaitement à ce qui est proposé » au sein de la Laverie sociale, se réjouit Nadia Ouhmich, éducatrice référente à l’ARS 13. L’association de réinsertion sociale, qui gère un centre d’hébergement d’urgence pour les jeunes à proximité de la laverie, a ouvert ce lieu d’accueil en 2020 afin de faciliter l’accès à l’hygiène vestimentaire pour les personnes en situation de grande précarité.
Environ dix familles par semaine, mères de famille et hommes isolés, réservent leur créneau pour y « laver leur linge pour un euro symbolique, tous les après-midi du lundi au vendredi » dans l’une des quatre machines à laver, explique Nadia Ouhmich. Le frigo solidaire complètera l’aide apportée à ce public ». Soit 250 à 300 personnes chaque année.
Mais la Laverie est aussi un lieu convivial qui vise à rompre avec l’isolement, où chacun « peut se poser pour prendre un café ». Le lieu accueille des permanences d’associations et propose des rendez-vous réguliers, comme « des ateliers de socio-esthétique, de couture ou d’écriture, une fois par mois, auxquels les gens peuvent assister pendant que le linge tourne ».
Favoriser l’entraide locale
Installé à l’extérieur, le réfrigérateur « ne dépendra pas des horaires d’ouverture de la Laverie, poursuit l’éducatrice spécialisée. Cela permettra aussi aux personnes de s’y servir la nuit, notamment celles qui peuvent être gênées à l’idée de récupérer des colis alimentaires ».
Nadia Ouhmich espère qu’il se remplira rapidement et compte sur la présence de nombreux commerces et lieux associatifs à proximité pour l’alimenter : parmi eux, « le Secours populaire à quelques mètres, les Restos du cœur dans le 4e, une supérette, une boulangerie… ».
« Chaque frigo ouvert favorise l’entraide locale », ajoute Stéphanie Micard. Quelques associations étaient d’ailleurs présentes pour son inauguration ce mardi, dont la Banque alimentaire.
155 frigos solidaires en France
Ces frigos ayant « pignon sur rue », dans lesquels chacun peut donner ou prendre librement, sont au nombre de 155 répartis dans des villes et communes partout en France. Placés devant des commerces, associations, universités, restaurants scolaires, maisons de quartier, centres sociaux… « On estime qu’ils aident environ 3 000 familles, et permettent de sauver jusqu’à 700 kg de nourriture par jour », précise Stéphanie Micard.
L’initiative a été lancée en 2017 par Dounia Mebtoul et sa maman Malika, toutes deux restauratrices dans le 18e arrondissement de Paris. « C’est une action de partage, créatrice de lien social, et de lutte contre le gaspillage alimentaire, décrit Malika Mebtoul, présente à l’inauguration. Malheureusement, il y a de plus en plus de gens, notamment d’étudiants et de jeunes, qui ont du mal à se nourrir. Et là, ils peuvent se servir librement et dignement ».
Grâce à un partenariat avec la mairie des 6e et 8e arrondissements et le Conseil municipal des jeunes, le projet a été inscrit dans le budget participatif du secteur, permettant ainsi le développement de cette action à Marseille. « De nouveaux frigos pourraient prochainement être installés dans d’autres quartiers de la ville », projette la cofondatrice.