Propulsé député depuis la nomination de Sabrina Agresti-Roubache au ministère de la Ville en juillet dernier, Didier Parakian se pose en VRP de Marseille à l’Assemblée nationale. Rencontre.
« Je viens de terminer une réunion avec le Top 20 », lâche Didier Parakian avec enthousiasme. Le député (Renaissance), qui siège au sein de la commission des Affaires étrangères, prépare un voyage économique en Arménie début février. « On m’a demandé comment on pouvait aider les Arméniens. Pour ce qui est de l’humanitaire, on sait faire grâce aux associations. Par contre, l’économie, c’est la richesse, l’emploi et là, je leur ai dit qu’on avait besoin d’eux pour aller découvrir le marché, signer des contrats », explique Didier Parakian, dont les grands-parents rescapés du génocide arménien ont trouvé à Marseille une seconde maison.
Cette ville dans laquelle il a grandi ne le quitte jamais et, chaque fois qu’il en a l’occasion, il en fait la promotion au Palais Bourbon auprès des autres parlementaires comme des membres du gouvernement. Il faut dire qu’au siège numéro 415, le député a une place stratégique, juste derrière le banc des ministres, qu’il croise tous les mardis. « Ça me permet de mieux les connaître, de les tutoyer, de vendre Marseille et de les interpeller. Ils ont toujours une oreille attentive et je me sens très écouté », nous confie-t-il.
« Je suis comme un poisson dans l’eau »
Engagé en politique en 2008, d’abord adjoint au maire de Jean-Claude Gaudin (LR), délégué aux relations internationales, puis à l’économie, et vice-président de la Métropole en charge de l’Europe et des relations internationales, Didier Parakian a toujours effectué ses mandats sous l’étiquette société civile.
« Macron-compatible » depuis toujours, il a accepté de prendre sa carte au parti présidentiel, « par loyauté aussi envers ma ministre » glisse-t-il, en jetant un œil dans le rétro. « Je pense que la loyauté paye. Le travail paye. C’est comme dans l’entreprise. Il faut faire preuve de patience. J’essaye de faire de la politique autrement, de faire de la politique de projet. Pour la politique-politicienne, certains sont mieux armés que moi. Moi, je fais de la politique pour servir les gens et non pas s’en servir, servir mon territoire. Les gens veulent des résultats, mieux circuler, mieux vivre, mieux respirer, être mieux protégés… On leur est redevable à la fin du mandat. Ils nous ont donné leur confiance, il ne faut pas la trahir ».
C’est avec cette casquette d’entrepreneur qu’il a endossé le costume sur-mesure de parlementaire, après la nomination de Sabrina-Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Ville et au plan Marseille en grand, en juillet dernier, dont il était le suppléant. « Je suis comme un poisson dans l’eau. Je ne pouvais pas rêver mieux ».
Il n’est pas rare que ses homologues envient l’affection particulière que nourrit le chef de l’État pour la deuxième ville de France. « Vous savez, la réserve parlementaire a disparu, la mienne, elle est dotée d’un budget de 5 milliards », leur rétorque-t-il, avec humour, en référence au plan Marseille en grand. « Je suis le garant, la vigie du bon fonctionnement de ce plan, que ce soit sur les questions de sécurité, de logement, les écoles…».
La patronne de Marseille en grand
Didier Parakian attend beaucoup de l’acte II de Marseille en grand. Après les annonces prochaines de la secrétaire d’État, Sabrina Agresti-Roubache, il consacrera d’ailleurs sa première question au gouvernement à ce vaste plan pour redresser Marseille. « Je me suis rendu compte, sur le terrain, que les Marseillais n’avaient pas bien compris ce qu’était Marseille en grand, car les chiffres ne leur parlent pas. Ils attendent des projets concrets, des écoles qui ouvrent, des tramways qui roulent, plus de logements… Le Président a donné des preuves d’amour, il faut que ça se traduise sur le terrain. Il faut aujourd’hui accélérer. Si on est bon collectivement, on peut poursuivre la métamorphose de la ville et la transformer. Ce qu’on aurait mis 20 ans à faire, on va le faire en 3-4 ans ».
Encore faut-il que la Ville de Marseille et la Métropole puissent avancer main dans la main. « Que Sabrina soit également ministre de Marseille en grand nous donne beaucoup plus de force et de crédibilité. Il n’y avait pas de patron dans ce projet et il faut toujours un patron qui décide, donc la patronne va donner des orientations et faire des choix », assure-t-il.
Pour éviter à Marseille en grand de s’enrayer, Didier Parakian va mettre de « l’huile dans les rouages », « rapprocher les uns et les autres. Il y a le temps des luttes de politique-politicienne et le temps où il faut travailler. Il n’y a pas de grandes élections avant 3 ans, profitons-en dans l’intérêt de notre ville », ajoute celui qui se pose comme le porte-parole des Marseillais.
« Chaque fois qu’il y a un sujet important, j’alerte ma ministre. On travaille vraiment de concert. C’est un travail de longue haleine, car le temps administratif n’est pas le même que le monde économique. On n’a pas la baguette magique, mais on peut trouver des solutions et faire avancer les projets », dit-il.
« Elle n’a peur de rien »
Il porte d’ailleurs un regard bienveillant et admiratif sur le parcours « hors norme » juge-t-il, de la secrétaire d’État. « Elle a beaucoup de charme, de talent, elle est naturelle et travailleuse. Elle n’a peur de rien. Elle est tous les jours sur le terrain, au contact. Il n’y a aucun sujet tabou pour elle », poursuit-il, notamment lorsqu’on aborde l’interview décriée cet été dans le JDD, désormais dirigé par l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles.
« C’est ma ministre préférée et je suis sûr qu’elle deviendra la ministre préférée des Français, avec le temps. Et pour moi, le plus beau cadeau qu’elle fait à Marseille, c’est cet exemple d’ascenseur social, des quartiers Nord à l’Élysée. La France donne la possibilité de réussir. C’est pour ça qu’on est bien complémentaires. On est tous les deux issus de l’immigration, du monde de l’entreprise et surtout on a la même passion qui nous anime : Marseille et son territoire », souligne Didier Parakian.
Ce n’est qu’un au-revoir
Il a rencontré pour la première fois Sabrina Roubache alors qu’elle était élue à la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, en charge de la filière cinéma. La fondatrice des sociétés de production marseillaise Seconde Vague Productions et Gurkin Invest Films était d’un voyage à Hollywood « pour vendre Marseille, se souvient Didier Parakian, à l’époque, adjoint à l’économie de Jean-Claude Gaudin. C’est là qu’on a rencontré Netflix, Universal, Sony… C’est d’ailleurs l’un des sujets qui avance le plus vite dans Marseille en grand. On a tous les ingrédients pour devenir la première terre de tournages en France et en Europe ».
Le vice-président de France-Arménie, membre de France-Liban, France-Comores, France-Maroc, France-Tunisie et France-Chine a réalisé de nombreux déplacements à l’international pour vanter les atouts de Marseille et son territoire, cultivant au passage les amitiés.
Loin du CES de Las Vegas, de Miami ou du Japon… où il était « le meilleur VRP », selon ceux avec qui il a travaillé, ses prochains voyages prendront une autre teneur avec la commission des Affaires étrangères. Cette semaine, elle a reçu les familles des otages civils retenus en captivité dans la bande de Gaza, depuis leur enlèvement le 7 novembre par le Hamas. « J’ai accepté suite à cette réunion d’être le parrain d’un otage israélien », nous confie Didier Parakian, qui voit des histoires communes entre l’Arménie et Israël.
Il a participé ce dimanche à la marche pour la République et contre l’antisémitisme. Ce lundi 13 novembre, il organise une rencontre amicale et conviviale pour dire « au revoir », car même s’il ouvre une « nouvelle étape de sa vie politique passionnante », « c’est avec un pincement au cœur », qu’il s’apprête à laisser sa vice-présidence à la Métropole, cumul des mandats oblige.
C’est l’occasion pour lui de dire « merci » et de rappeler quelques bons souvenirs, parmi lesquels celui d’avoir décroché le titre de Capitale européenne de l’innovation pour la Métropole. « Ça reste mon plus beau souvenir, la plus belle de mes réussites d’avoir arraché avec les dents ce magnifique trophée ». À sa demande, ce 27 novembre, l’Union européenne dévoilera au Mucem à Marseille, et non à Bruxelles, la future ville capitale européenne de l’innovation. L’occasion d’une grande journée autour de ce thème.
L’union sacrée
« Ce ne sont pas des adieux », prévient Didier Parakian, avec le sourire, car tous les samedis il arpente les quartiers marseillais au contact des habitants. « Je ne dois pas me louper. J’ai une obligation de résultat. Moi, je ne suis que leur humble serviteur, c’est comme en entreprise : un jour vous êtes là, l’autre vous n’êtes plus là ».
Mais le député compte bien travailler encore quelques années pour sa cité, dans la perspective de futures échéances électorales, saluant la démarche d’union de Martine Vassal, présidente (DVD) de la Métropole Aix-Marseille-Provence et de Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Sud. « Une union sacrée, sinon c’est la défaite assurée, estime-t-il. On en est tous conscients. Ils tendent la main, élargissent, à nous, de cultiver cette union au quotidien qui va de la droite forte au centre-gauche. Il va falloir apprendre à travailler ensemble, se respecter, construire un projet, puis ensuite trouver la meilleure personne par rapport à la sociologie marseillaise », poursuit le parlementaire.
Quand bien même beaucoup sont ancrés dans le paysage marseillais depuis des décennies, ces femmes et ces hommes politiques restent pour lui des « rassembleurs », « des sages », « des gens d’expérience sur lesquels on peut compter, même s’il faudra de nouveaux visages et de nouveaux talents pour reconquérir cette ville ».