Le 21 novembre 2023, les Régions Sud et Auvergne-Rhône-Alpes vont défendre la candidature commune des Alpes françaises pour l’accueil des Jeux olympiques en 2030.
« On est plutôt pas mal ». Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Sud, croit en les réelles chances des Alpes françaises de décrocher les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver en 2030.
Pour remporter la première place et tenir cette échéance, mi-juillet, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes, ont proposé une candidature commune avec l’ambition de prendre en compte les enjeux environnementaux. « Quand je suis allé voir les autorités olympiques à Lausanne, on m’a demandé si j’étais prêt pour 2030, j’ai dit oui », assure Renaud Muselier, à l’occasion d’une rencontre avec la presse, avant la plénière qui se tient demain jeudi 26 octobre.
David Lappartient, président du CNOSF (Comité national olympique et sportif français), Marie-Amélie Le Fur, présidente du CPSF (Comité Paralympique et Sportif Français), Renaud Muselier, président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, Laurent Wauquiez, président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, accompagnés des membres français du Comité international olympique (CIO), Guy Drut et Martin Fourcade, ont été reçus à Lausanne, début septembre par Thomas Bach, président du CIO.
Ce pèlerinage en Suisse avait pour but de réaffirmer l’unité d’une candidature alpine qui souhaite être la plus vertueuse possible, à l’inverse de Sotchi et de Pékin. « Nous, on veut les mêmes Jeux que Lillehammer (1994) », pose Renaud Muselier.
Nouvelle étape importante pour la candidature des Alpes françaises à l’organisation des @jeuxolympiques d’hiver 2030.
Avec @RenaudMuselier et @laurentwauquiez, accompagnés de @martinfkde @GuyDrut et @mariealefur nous avons pu présenter notre vision d’avenir pour les jeux… pic.twitter.com/KjkYbJTRon
— David Lappartient (@DLappartient) September 7, 2023
Des épreuves partagées
Depuis, les deux institutions affinent leur projet et bénéficient de l’expertise des équipes du Comité international olympique (CIO) de Paris 2024. « Avec Laurent, nous avons décidé de partager les épreuves », poursuit-il.
Lesquelles ? Quelle ville accueillera la cérémonie d’ouverture et de clôture ? Quel lieu d’implantation pour le village olympique ? Autant de questions pour lesquelles les deux hommes discutent actuellement de « façon serrée, mais très agréable, parce qu’on se connaît bien tous les deux. Pas de poker menteur entre nous », souligne le président de la Région Sud, qui dit ne pas craindre de coup de canif dans ce mariage de raison.
Un accélérateur d’aménagement du territoire
Cette candidature est soutenue par le Président de la République, le monde sportif et de nombreux champions comme Muriel Hurtis, Martin Fourcade, Pierre Vaultier, Alexis Pinturault, Gabriella Papadakis, Arthur Bauchet… Mais aussi du monde économique. « L’accueil de cet évènement sportif majeur permettra à nos stations d’accélérer leur adaptation au changement climatique. À ce titre, nous saluons l’ambition d’en faire des Jeux durables et neutres en carbone » déclaraient, en juillet, d’une voix commune le Medef Sud, le Medef Auvergne-Rhône-Alpes et Domaines Skiables de France, s’engageant à soutenir l’accueil de l’événement planétaire.
Comme pour Paris 2024, l’objectif est également de laisser un héritage durable. Au-delà du rayonnement international, ce projet est une opportunité en termes d’aménagement du territoire et de développement d’infrastructures.
L’enjeu est d’améliorer l’accessibilité du territoire, voire d’accélérer certains projets de mobilité, à l’instar de la Ligne Nouvelle Provence-Alpes-Côte d’Azur (LNPCA) reliant Marseille-Toulon-Nice, programmée pour 2038-2040. « On a fait le plus dur, on a fait la loi de financement, le conseil d’administration, le tracé… tout ça est fait. Maintenant, la question est en effet de savoir si on peut faire les travaux plus vite, et prioriser ».
« Résoudre nos problèmes de nœuds de circulation »
Parallèlement, sont à l’étude une liaison potentielle Gap-Grenoble ou Briançon-Grenoble ainsi que la possibilité de raccourcir le temps de liaison entre Marseille et Briançon, que ce soit par rail ou par route. « C’est quand même une respiration nouvelle, je ne parle pas d’autoroute, mais de voies rapides. Mais tout ça reste très complexe, précise Renaud Muselier, prudent. Il faut trouver des solutions pour ces territoires qui représentent 15% de la population, mais 65% du territoire régional. On ne peut pas uniquement se consacrer aux métropoles ».
Dans une tribune publiée début octobre, aux côtés du président de la Région Sud, 123 députés et sénateurs, maires et conseillers municipaux et départementaux des Alpes du Sud ont justement affirmé que les Jeux sont, pour eux, l’occasion « de changer le destin de nos communes et de notre bassin de vie » et de permettre de « renforcer et relancer l’activité sportive » sur le territoire.
Pour les signataires, « c’est l’occasion d’améliorer nos routes, de résoudre nos problèmes de nœuds de circulation saisonniers, et historiques, comme la liaison Gap-Grenoble. C’est l’occasion de rapprocher Briançon de Marseille par le train, avec une régénération de cette ligne ferroviaire, artère de vie et d’échanges ».
La loi d’exception du contrat de plan État-Région
Malgré l’avancement du dossier sur le plan technique, impossible à ce stade de déterminer le budget nécessaire. « Je pars du principe que ce n’est pas l’argent qui fait le projet, mais le projet qui conditionne l’argent », estime Renaud Muselier. À titre d’exemple, la facture des JO 2024 doit s’élever à 8,7 milliards d’euros.
Dans le cadre des discussions menées avec l’Etat, Renaud Muselier a demandé à Emmanuel Macron d’intégrer une loi d’exception dans le contrat de plan État-Région « qui nous permettra de fabriquer des moyens supplémentaires ».
En juin 2023, l’État et la Région ont signé une lettre d’intention pour sécuriser 337 millions d’euros chacun en faveur des transports d’ici 2027. L’acte définitif doit être scellé avec Clément Beaune, ministre des Transports, dans les prochaines semaines.
Dépôt du dossier définitif le 7 novembre
En termes de calendrier, le dossier définitif doit être déposé le 7 novembre 2023. À cette occasion, le voile sera levé sur la répartition des épreuves et les stations d’accueil. Le grand oral est prévu, quant à lui, le 21 novembre. « Je pense qu’on a un très bon dossier qui est jouable, avec un travail collectif », réaffirme le président de la Région Sud, qui fera d’ailleurs voter en plénière un rapport concernant cette candidature.
Le Comité international olympique effectuera, de son côté, une présélection au mois de décembre, avant une décision finale attendue courant 2024. Après l’abandon de Sapporo (Japon) et du retrait de la Catalogne, restent en lice la Suisse et la Suède face aux Alpes françaises. « J’ai toujours dit que je voulais donner un destin à cette région, un sens. On est une administration hyper solide, un pouvoir politique avec 14 composantes, mais unies. J’ai une vision de développement de cette région et dans cette vision, j’ai les Jeux aussi ! », souligne le président dont le mandat s’achève en 2028.
La France a déjà accueilli à trois reprises les JO d’hiver, à Chamonix en 1924, à Grenoble en 1968 et à Albertville en 1992. Paris a par ailleurs organisé les JO d’été en 1900 et 1924.