Le Département des Bouches-du-Rhône et la Région Sud allient leurs forces pour mener des actions renforcées en faveur de la lutte contre le harcèlement scolaire, en s’appuyant sur le réseau associatif.

« Sur le harcèlement entre les élèves, il faut un électrochoc et un changement de paradigme ». Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire l’une de ses priorités et durcit le ton. Dans la lignée du plan interministériel annoncé par la Première ministre, Élisabeth Borne, il y a un peu plus de dix jours, le Département des Bouches-du-Rhône et la Région Sud ont décidé, pour prendre à bras-le-corps ce sujet, d’unir leurs forces afin de renforcer leurs actions de lutte contre ce fléau qui entraîne parfois des issues dramatiques.

Au-delà de la photo très politique, pour présenter leur dispositif commun Agir pour ne pas subir, Martine Vassal, présidente (DVD) du Département, a convié Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Sud, à l’ouverture de la séance plénière du Département, vendredi 13 octobre.

Depuis 2015, la collectivité qu’elle préside mène différentes actions éducatives dans les collèges dont elle a la responsabilité avec près de 1000 interventions. « 1 enfant sur 10 est victime de harcèlement en milieu scolaire. Les institutions doivent prendre en compte cette problématique qui devient prégnante avec l’augmentation et la nocivité de certains réseaux sociaux. On mène beaucoup d’actions séparées, on s’est dit qu’il était temps de faire des actions ensemble parce que la jeunesse doit vivre heureuse sa période scolaire », explique Martine Vassal, en marge de la séance.

« On a bien réalisé avec le Rectorat et l’association “Plus fort” que ça commence très tôt et ça s’installe de manière très forte au collège, au moment où les corps changent et qu’on devient plus adultes, et de façon exponentielle au lycée, ce sujet méritait d’être traité ensemble », abonde Renaud Muselier, président de la Région Sud qui a fait de cette problématique une des grandes causes régionales.

Sensibiliser, détecter et traiter

Sensibiliser, détecter et traiter sont les trois axes majeurs de ce programme Département-Région qui prévoit de renforcer la formation des agents des collèges et lycées et de créer des “zones refuges” dans les établissements volontaires pour favoriser l’écoute… « Les mots sont importants, insiste Martine Vassal. Il est important de libérer la parole, que l’on soit victimes ou témoins pour ne pas fermer les yeux et ne pas tourner la tête », dit-elle, citant, également la Maison de l’adolescent, créée par son prédécesseur, qui permet « d’écouter les jeunes qui peuvent venir de façon anonyme pour exprimer leur mal-être, entourés par une équipe pluridisciplinaire ».

De nombreuses actions qui seront menées reposent en grande partie sur les associations et des professionnels, en première ligne, comme l’association “Plus fort”. Elle avait pris toute la mesure de ce phénomène bien avant qu’il ne fasse les gros titres, il y a de cela 15 ans, lors de sa création.

Constituée de 7 psychologues, l’équipe a accompagné près de 70 000 enfants et adolescents ainsi que plus de 2000 professionnels. Ils interviennent essentiellement en prévention, dans le cadre des actions éducatives du conseil départemental. « Un principal nous a dit il y a peu de temps, ‘n’arrêtez jamais ce que vous faites’, témoigne, Sandrine Lamétairrie, directrice de l’association. On sensibilise les collégiens et ça permet aussi un repérage parce qu’on les écoute et on sait que ça marche ».

Parallèlement, « Plus fort » a développé des outils pour travailler sur les compétences psychosociales dès le plus jeune âge. « On intervient dès la maternelle et l’école primaire pour aider les enfants à développer leur estime d’eux-mêmes, les valoriser, savoir qu’ils ont leur place, trouver ses propres qualités… mais aussi développer les émotions, par exemple l’empathie. C’est une autre forme de prévention ».

Sandrine Lamétaire insiste également sur la formation des adultes, à la fois les parents et les professeurs, « pour repérer les signes, car un enfant peut être victime, témoin ou auteur. Les adultes sont des exemples pour les enfants dans lesquels ils doivent pouvoir avoir confiance. Pour être attentif à nos enfants, il faut aussi prendre soin des adultes ».

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Le déploiement du programme pHARe

À ce titre, dans le cadre du dispositif Département-Région, un appel à projets spécifiques pour des programmes basés sur la confiance et l’estime de soi, va être lancé. « C’est un combat que l’on mènera ensemble et qu’on gagnera ensemble, ajoute Sophie Sarraute, directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale des Bouches-du-Rhône. Notre académie était précurseur dans un dispositif baptisé “Clé en main”, qui a été expérimenté dans six académies et donné lieu au programme pHARe », ajoute-t-elle.

Depuis la rentrée 2023, ce programme de lutte contre le harcèlement à l’école a été généralisé aux écoles, collèges et lycées. Il repose sur la méthode dite de « préoccupation partagée » qui consiste à soutenir l’élève harcelé sans pour autant laisser de côté l’élève harceleur. Celui-ci est incité à prendre part de manière active à la résolution de la situation. L’un comme l’autre sont accompagnés.

« pHARe intervient à un niveau très précoce pour repérer les signaux, accompagner et orienter vers la bonne personne. Cette méthode s’appuie sur l’empathie et l’écoute bienveillante », poursuit Sophie Sarraute, soulignant également la nécessité « de s’occuper conjointement de la santé mentale des jeunes ».

9 novembre : journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire

L’année dernière, dans les Bouches-du-Rhône, 289 signalements ont été recueillis sur la plateforme « Stop au harcèlement » (30 18), dont 30 traités directement au rectorat. Depuis le mois de septembre, ce sont 60 dossiers qui ont déjà été traités.

Rappelons que le harcèlement scolaire est un délit pénal depuis mars 2022, qui peut être sanctionné de lourdes peines. Les personnes reconnues coupables de harcèlement scolaire risquent trois ans de prison et 45 000 euros d’amende lorsque les faits entraînent une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours. Les peines peuvent aller jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende si la victime se suicide ou tente de se suicider.

Les communes sont d’ores et déjà invitées à rejoindre cette démarche partenariale qui pourra être répliquée dans les autres départements de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, sur la base du volontariat, au travers notamment d’un fonds de lutte doté d’un million d’euros. Le 9 novembre, la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire sera encore l’occasion de marteler les messages de prévention et de se mobiliser.

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