Pour aider les femmes enceintes isolées, La Maison de Marthe et Marie propose des colocations solidaires. La première du sud de la France a été inaugurée ce 9 octobre dans le centre-ville de Marseille.
Créée à l’initiative de la sage-femme Aline Dard en 2010, La Maison de Marthe et Marie vient en aide aux femmes enceintes en difficulté en proposant des colocations solidaires. Déjà présente dans plusieurs grandes villes françaises telles que Lyon, Paris, Rouen, Nantes, Lille et Strasbourg, elle a désormais ouvert ses portes à Marseille, dans une rue paisible du 4e arrondissement. Son nom : « La Visitation ».
Installé dans un bâtiment entièrement rénové à proximité d’une clinique, ce lieu innovant offre aux futures mamans un environnement serein pour vivre leur grossesse tout en se réinsérant socialement. Jusqu’à la première année de leur enfant, quatre d’entre elles vivront ici en colocation avec autant de femmes volontaires, dans des appartements à loyers modérés.
Vivre sa grossesse en étant bien entourée
Un espace de solidarité et d’entraide précieux, alors que 35% des familles monoparentales du département vivent sous le seuil de pauvreté, selon les chiffres de l’Insee : « À Marseille particulièrement, les maternités sont surchargées. Et on sait à quel point il est difficile de trouver un logement aujourd’hui », appuie Amélie Merle, directrice nationale de l’association. La Maison de Marthe et Marie répond donc à ce besoin essentiel du logement, « mais aussi à celui, au moins aussi important, d’être entourée ».
Orientées vers la Maison par différents partenaires médico-sociaux, ces femmes de 18 à 35 ans ont des parcours très divers. « Ici, elles vont pouvoir être soutenues pour accueillir leur bébé et apprendre à s’en occuper, afin de, petit à petit, se relancer dans la vie et découvrir qui elles ont envie d’être », décrit Guillemette Archier, responsable d’antenne qui accompagnera au quotidien les colocataires.
Pour pouvoir résider dans la Maison de Marthe et Marie, les femmes doivent « être majeures, attendre leur premier enfant, ne pas avoir de pathologies médicales ou psychiatriques graves, et résider légalement en France. Mais surtout, elles doivent être désireuses de participer à ce projet de vie en communauté », explique la directrice.
« Si j’avais été toute seule, ça aurait été beaucoup plus difficile »
« Tout est prêt pour accueillir les mamans et leurs bébés, on a hâte qu’ils arrivent !, lance Hermine, l’une des volontaires avec Solène. Installées depuis deux semaines, elles ont aidé à meubler et à décorer leur nouveau logis. Les deux jeunes orthophonistes se sont engagées pour une année de vie commune. On a beaucoup de chance d’être ici : c’est spacieux, c’est neuf, on a un grand jardin et l’emplacement est très pratique ».
À tous les étages de la maison, les bénévoles s’activent pour finaliser les derniers préparatifs avant l’arrivée, d’ici quelques semaines, des premières mamans marseillaises. Certaines d’entre elles ont fait le déplacement depuis Lyon et Paris pour participer à l’inauguration, ce lundi 9 octobre.
Fédia Stanislas, qui a mis au monde son petit Fednor-Lucas alors qu’elle étudiait et résidait à la Maison de Marthe et Marie de Lyon, témoigne de l’importance de cet accompagnement : « J’ai accouché en mars et passé mes examens en avril. Les volontaires gardaient mon bébé pour que je puisse réviser. Si j’avais été toute seule, c’est sûr que ça aurait été beaucoup plus difficile ». Grâce au soutien de ses colocataires, elle a pu poursuivre ses études et vient de commencer un Master en relations internationales.
Un havre de paix pour les futures mamans
Passé le bureau d’accueil, au rez-de-chaussée, se trouvent une salle commune lumineuse et une cuisine s’ouvrant sur une cour à ciel ouvert. À l’étage, huit chambres spacieuses et deux nurseries, réparties de part et d’autre d’un couloir, offrent aux jeunes mamans un espace intime où elles peuvent se ressourcer et prendre soin de leurs bébés.
Au sous-sol, une salle d’activités donne sur un vaste patio, où auront régulièrement lieu divers ateliers de yoga prénatal, cours de poterie ou de couture. « Des professionnels de santé, sages femmes et puéricultrices, pourront offrir des rendez-vous individuels aux mamans », explique Guillemette Archier.
Pour la première fois, un studio indépendant est aussi mis à disposition des mamans ayant besoin d’un temps supplémentaire avant de retrouver l’autonomie. Doté d’une salle de bains et d’une kitchenette, ce « studio tremplin » offrira aux résidentes la possibilité de bénéficier à la fois de l’entourage de la colocation et d’une intimité essentielle pour leur développement personnel.
67 places d’hébergement en France
Un an de travaux a été nécessaire pour rénover les locaux de plus de 200 m2, mis à disposition par la clinique de soins palliatifs Sainte Elizabeth. « Nous avons sollicité Marthe et Marie afin de pouvoir s’appuyer sur leur savoir-faire, leur équipe et leur réseau de partenaires », explique Guillemette Archier, à l’origine du projet avec son association La Visitation.
La Nuit du bien commun en juin dernier, au palais du Pharo, leur avait permis de collecter 81 000 euros sous forme de dons, qui permettra d’assurer le fonctionnement de la colocation les deux premières années.
Avec l’ouverture de cette Maison marseillaise, la première dans le Sud, Marthe et Marie proposent, au total, 67 places d’hébergement en France. Néanmoins, la vocation principale n’est pas dans la quantité mais la qualité de l’accompagnement envers les femmes, insiste Amélie Merle. « Ce réseau et ces amitiés qu’elles se créent durent bien au-delà de la colocation. Elles continuent de s’entraider, de se dépanner, de fêter ensemble les anniversaires… L’isolement est rompu à vie ».