L’opération « Plus belle la vue », lancée par Banlieues Santé et la Fondation OneSight, propose des consultations ophtalmologiques et des lunettes gratuites aux plus précaires. Face aux besoins criants et aux inégalités de soins à Marseille, ce dispositif inédit devrait s’inscrire dans le temps.

« J’ai des lunettes, mais elles ne sont plus adaptées depuis un an. Et comme je n’ai plus de droits, je ne peux plus en demander avant l’année prochaine », témoigne Hocine Amry, 56 ans, alors qu’il attend son tour pour monter à bord du camion de dépistage de « Plus belle la vue ».

Ce centre itinérant d’ophtalmologie a été lancé par l’association Banlieues Santé avec la fondation OneSight EssilorLuxottica, pour rendre les soins d’ophtalmologie accessibles aux plus précaires. Ce dispositif entièrement gratuit, inédit à Marseille, a passé quatre jours à l’École de la 2e chance à Saint-Louis (15e). Il est installé dans le centre-ville, depuis le 25 et jusqu’au 28 septembre à l’Îlot Velten de Belsunce (1er).

252 bénéficiaires en 7 jours

« L’ophtalmologie est l’une des branches les plus touchées par le renoncement aux soins, expose Yassine Ennomany, directeur de Banlieues Santé. Faute de moyens, de temps, de rendez-vous disponibles ou d’informations… Autant de freins « qui sont dénoués ici, puisqu’on propose le parcours complet, de la prise de rendez-vous à la remise des lunettes ».

Depuis le 19 septembre, 252 personnes de tous âges ont déjà pu bénéficier d’une consultation complète d’ophtalmologie, souvent pour la première fois de leur vie. Ils sont étudiants, élèves, mères de famille, ou retraités, sans droits à la sécurité sociale, sans mutuelle ou bénéficiaires de l’aide médicale de l’État (AME).

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Test de réfraction oculaire dans les locaux de l’Îlot Velten

Un parcours complet d’ophtalmologie

Les ophtalmologues et opticiens bénévoles présents sur place peuvent recevoir jusqu’à « une soixantaine de patients par jour, référés par un large réseau d’associations de terrain qui travaillent avec Banlieues Santé », explique Pascale Mutel, chargée de projets à la Fondation OneSight. L’organisation caritative offre les montures, les verres ainsi que le dispositif de consultation.

Le parcours commence par « un premier test d’acuité visuelle avec une échelle optométrique, qui permet de filtrer des personnes qui n’ont pas de problème de vue et qui veulent juste venir vérifier ». La deuxième étape est un test de réfraction, qui permet de prendre la tension et de mesurer la correction de l’œil.

Si un trouble est détecté, les personnes prennent place dans le camion de dépistage, « où le médecin vérifie la première correction, l’ajuste et la valide ou non. Il effectue aussi un examen de fond d’œil. S’il détecte une pathologie, il peut orienter les patients vers Banlieues Santé pour un suivi ou une prise en charge médicale ».

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Le camion de dépistage ophtalmologique mis à disposition par la fondation One Sight.

En fonction de leur prescription, les patients reçoivent des types de montures différents : pour les légères corrections, les lunettes sont montées en kit, sur place, grâce à un système clipsé. Pour les corrections plus complexes, des lunettes aux verres adaptés sont livrées un mois plus tard. « Ce sont des lunettes de première nécessité, nous ne faisons pas de verres progressifs », précise Pascale Mutel.

Pour autant, « personne ne repart les mains vides, lance la chargée de projets. S’ils n’ont pas de problème de vue, on leur offre des lunettes de soleil. On veut faire des heureux tout en sensibilisant à la protection des yeux face aux rayons UV ».

Installer une permanence d’accès aux soins de santé

« Ce qui est important à retenir, c’est que 90 % des patients qui viennent ici avaient effectivement un défaut visuel et ont été équipés », affirme-t-elle. « Dès la première semaine, tous les créneaux étaient complets, assure Yassine Ennomany. Le rôle de Banlieues Santé est de faire reculer les inégalités de santé. Et ici, les besoins sont énormes ».

Mais l’association œuvre aussi à « inscrire les gens dans un parcours de soin. Au-delà de leur fournir des lunettes, nous les accompagnons vers l’ouverture de droits, ou on les réoriente vers la Pass de ville (Permanence d’accès aux soins de santé) ».

Banlieues Santé, qui a co-fondé le Café des femmes dans la cité du Plan d’Aou (15e), a d’ailleurs pour objectif d’installer à Marseille une permanence ophtalmologique accessible toute l’année. Soit « le même service qu’on propose ici, mais dans un hôpital ou un centre de santé, où les gens voient l’ophtalmologue, même sans droits. Ça existe déjà à Paris, et on voudrait le faire ici ».

« Ce travail se réalise grâce à la mobilisation de plein de gens qui sont au contact direct de ces problématiques, car ça touche tout le monde », reprend Yassine Ennomany. Centres d’hébergement, associations nationales et de proximité, infirmières scolaires… « Pour les inégalités de santé, les meilleures réponses sont collectives ».

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À l’intérieur du camion

Au 16 Rue Bernard du Bois (Belsunce, 1er arr.) jusqu’au 28/09
Pour réserver un créneau, chercher « Banlieues Santé » sur Doctolib ou se présenter sur place

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