En projet depuis deux ans, un marché organisé des biffins doit prendre place dans les anciens entrepôts Casino de Gèze. Le conseil municipal de septembre devrait l’acter, pour une ouverture en octobre.
Dans le 15e arrondissement, l’avenue Cap-Pinède et l’ensemble du quartier Gèze subit une grande mutation à marche forcée. Historiquement installés sur cet axe, les très nombreux biffins trouvent refuge entre deux chantiers, sur un bout de trottoir, ou au pied de la station de métro. Ils sont des centaines à y vendre chaque jour toutes sortes d’objets récupérés, le plus souvent, dans les poubelles marseillaises.
Mais, comme nous vous l’annoncions en juillet, ils devraient bientôt trouver un asile durable juste en face, dans les anciens Entrepôts Casino, propriété de la Ville qui y héberge encore certaines régies. La municipalité a été séduite par le projet de l’Association des marchés économiques locaux individuels et organisés du recyclage (Amelior) pour rassembler les biffins dans un grand marché articulé autour d’une ressourcerie.
« Le conseil municipal du 15 septembre devrait entériner ce choix et une convention avec l’association pour l’occupation des anciens entrepôts, explique le président d’Amelior, Samuel Le Cœur. On espère débuter les activités le 1er octobre », nous confie-t-il.
Pour certains, un projet « social, écologique et économique »
Ce que nous confirme Audrey Garino, adjointe au maire en charge des questions sociales, qui soumettra une délibération au conseil municipal aux côtés de la maire-adjointe, Samia Ghali. Elle précise qu’il s’agit « d’abord d’une expérimentation. Nous travaillons sur un premier bail de trois ans ». La surface mise à disposition atteint environ 3 900 m2. Mais « la surface du marché, qui est modulable, environ 2 500 m2 », précise Samuel Le Cœur.
Pour le président d’Amelior, le projet est « social, écologique et économique ». En effet, les biffins, dans une grande précarité et souvent sans-papier subsistent par « ces métiers de recycleurs, trieurs, récupérateurs ou valorisateurs », décrit-il. Ils créent une richesse à partir d’un recyclage « et du nettoyage des rues ». Le tout en offrant un revenu ou des produits bon marché aux plus précaires.
Une activité qu’il encourage donc « à développer, régulariser et sortir de l’économie parallèle ». Comme sa structure l’a déjà fait du côté de Montreuil, permettant à ces commerçants informels de sortir de la précarité, grâce à un encadrement social et administratif.
Pour d’autres, une question de propreté et de tranquillité publique
Mais, pour une partie de la classe politique locale, le projet répond également à d’autres motivations. Comme la sécurité, la tranquillité et la propreté de l’espace public.
« L’idée, c’est qu’il n’y ait plus personne sur le trottoir. Les faire rentrer à l’intérieur avec un encadrement », nous confiait la maire-adjointe, Samia Ghali en juillet. « Qu’on n’ait plus de problèmes d’insécurité et d’usages de l’espace public, où l’on doit surtout pouvoir marcher et se balader ».
« Il y aura des arrêtés d’interdiction, promettait-elle, si les biffins ou les trafiquants restent sur la voie publique. À ce moment-là, la police interviendra et de manière assez sévère », assurait l’élue.
Cet été, la Métropole Aix-Marseille-Provence, en charge de la propreté, s’est plainte des déchets et marchandises laissés dans la rue le soir. Elle demande à la mairie d’étendre l’interdiction de la vente à la sauvette à toute la ville.