Pour élaborer ses produits cosmétiques, la marque marseillaise Pulpe de vie rachète les fruits et légumes bio invendus auprès d’une vingtaine de producteurs de la région.
Trop ou pas assez mûrs, trop petits, trop gros, heurtés par la grêle, piqués par des insectes… face aux normes imposées par la grande distribution, les fruits et légumes à l’esthétique ou au calibrage imparfaits sont souvent boudés par les grandes surfaces, restaurateurs et consommateurs. Selon une étude de l’Ademe, 10 millions de tonnes de nourriture consommable seraient jetées chaque année en France.
Pour limiter le gaspillage, la marque marseillaise Pulpe de vie élabore ses produits de beauté à partir de ces fruits et légumes « déclassés » et exclus des circuits alimentaires. La marque récupère les produits invendus d’une vingtaine de producteurs en agriculture biologique et régénérative du Sud-Est de la France.
Pêches et framboises de la Drôme, pommes et carottes des Hautes-Alpes, figues du Var… sont rachetées sur une période de deux ans, au même prix qu’un fruit « normal », assurant ainsi une sécurité aux agriculteurs. « Quoi qu’il en soit, on s’engage à acheter les récoltes. Cela représente entre 15 et 20 % de revenus complémentaires pour eux », affirme Julie Ducret, fondatrice et dirigeante de la marque.
Pionniers du bio et du local
Quand cette dernière décide de lancer une marque bio et locale en 2009, elle fait figure de pionnière en la matière. « Maintenant, c’est très à la mode, mais il y a treize ans, on me regardait avec des yeux ronds », se souvient la cheffe d’entreprise, anciennement responsable marketing.
Des soins capillaires aux sérums pour le visage, en passant par les dentifrices… Pulpe de vie commercialise une cinquantaine de produits, tous certifiés Cosmos (Cosmétiques biologiques et naturels), et vendus principalement en grandes surfaces à des prix abordables (la plupart coûtent moins de 10 euros).
Grâce à cette « équation atypique » qui allie bio, made in France et petits prix, la PME anti-gaspi, qui emploie 15 personnes à ce jour, a réalisé près de 3 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2022. Elle sort tout juste d’une levée de fonds d’1,7 million d’euros avec le soutien de la Région, d’un fonds d’économie sociale et solidaire de plusieurs banques.
Une entreprise engagée
Une fois collectés, les fruits sont envoyés dans un laboratoire à Sisteron, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où ils sont distillés afin d’obtenir des extraits, huiles et hydrolats. Cinq laboratoires de recherche et développement, dont un à La Fare-les-Oliviers, élaborent ensuite les formules en y ajoutant des actifs brevetés.
Du verger au flacon, la chaîne de production se déroule entièrement en France, en circuit court. Pulpe de vie participe à la Convention des entreprises pour le climat ainsi qu’au programme d’accompagnement « Cedre » de la Région, afin d’étudier l’impact environnemental de ses activités.
Si elle a souvent l’impression de devoir « se battre contre les « mastodontes » de la beauté », Julie Ducret est animée par la conviction « qu’une entreprise doit s’occuper de la terre, des hommes et du vivant ». Celle-ci souhaite « aller plus loin que d’être juste une marque de produits cosmétiques ».
« Je pense qu’on a une vraie responsabilité, en tant que société, pour aider l’écosystème marseillais à se développer, et pour aider nos producteurs qui souffrent énormément en ce moment, estime la cheffe d’entreprise. Voire même pour passer sur des cahiers des charges encore plus protecteurs du vivant, comme la permaculture, l’agroécologie… On est encore un petit roseau au milieu d’une forêt ! ».