Emmanuel Macron, en visite trois jours à Marseille, devrait échanger avec le petit-fils de Marcel Pagnol, qui vient de perdre la gestion du château de la Buzine, aussi connu sous le nom de « Château de ma mère ».

Le dossier du château de la Buzine est loin d’être clos. Selon La Provence, Emmanuel Macron, en déplacement de trois jours dans la cité phocéenne (du 26 au 28 juin), rencontrera Nicolas Pagnol, à l’occasion de la séquence culturelle. L’Elysée assure qu’« aucune rencontre n’est prévue », mais que le chef de l’Etat devrait en profiter pour discuter avec le petit-fils de l’écrivain de façon informelle.

Nicolas Pagnol va perdre la gestion du château de la Buzine dans le cadre du renouvellement de la délégation de service public (DSP). Parmi les candidatures mises en concurrence, la Ville a sélectionné une nouvelle association pour reprendre la gestion du « Château de ma mère ». Le Centre de culture ouvrière (CCO), structure d’éducation populaire issue des milieux chrétiens et ouvriers. Un choix qui a fait bondir la droite locale vent debout accusant la Ville de vouloir effacer un pan entier de la culture provençale. « La Ville de Marseille ne met pas dehors Marcel Pagnol », déclare le maire, lors d’une rencontre avec la presse le mercredi 21 juin.

Une pétition et deux motions de soutien à Nicolas Pagnol

La pétition en ligne très populaire avec plus de 40 000 signatures et les deux motions de soutien à Nicolas Pagnol, votées vendredi 23 juin en séance plénière du Département et la Région, ne sont pas de nature à faire reculer Benoît Payan, qui se réfère au cadre légal, d’autant que selon ses dires, le CCO présentait le seul dossier recevable, celui de Nicolas Pagnol et son association étant mal ficelé.

Le maire a alors relancé un appel à concurrence, « je n’étais pas obligé de le faire », plaide-t-il. À l’étude des deux propositions, celui du CCO a remporté les suffrages, avec un projet moins onéreux et davantage tourné vers l’éducation au cinéma destinée aux enfants, l’un des critères prioritaires de l’appel d’offres.

Face à la polémique qui enfle, Benoît Payan estime que cette situation « est gravissime. Ça ne choque personne qu’on me demande d’inverser les DSP ?, questionne l’édile avec véhémence, confirmant qu’il avait indiqué à l’association de Nicolas Pagnol que cette demande était « illégale » compte tenu du fait que l’appel d’offres est perdu. « Ce n’est pas le Far West Marseille ».

Une procédure contestée et un audit « serré »

Le château de la Buzine abrite un espace dédié à l’œuvre littéraire et cinématographique de Marcel Pagnol à travers des expositions permanentes et des liens de la famille Pagnol avec la Buzine, ainsi que la reconstitution de la salle de classe d’il y a 100 an. Elle organise également des expositions temporaires comme la dernière en date « Pagnol raconte Pagnol » rendant hommage à ce pilier du cinéma français.

L’édile affirme que l’association retenue continuera à perpétuer l’héritage de Marcel Pagnol, bien que « je n’avais pas remarqué que Johnny Hallyday, Charles Aznavour, ou les costumes de Claude François étaient de la culture provençale », ironise le maire, en référence à plusieurs événements organisés par l’association de Nicolas Pagnol. Je n’avais pas non plus remarqué d’ailleurs que les fêtes privées, les mariages, ou les meetings politiques étaient de la culture provençale, ça m’avait échappé, tout sera regardé de près ».

Il entend ainsi lancer un audit « serré » sur la gestion de la Buzine, tandis que Nicolas Pagnol entame des recours.

L’affaire dans l’hémicycle municipal

Nicolas Pagnol « a été invité à prendre toute sa place dans les futurs événements et propositions au public de la Buzine », nous confiait l’adjoint au maire en charge de la Culture, Jean-Marc Coppola. « Il n’y avait en effet aucune raison de mêler son nom à une DSP, mais il a signé l’offre, il est emmanché », poursuit le maire.

La discussion informelle du chef de l’Etat avec Nicolas Pagnol devrait intervenir à l’occasion d’une séquence culturelle dans la soirée de mardi. Dans la matinée, ce même jour, Emmanuel Macron rencontrera le maire de Marseille à l’Hôtel de Ville. Le sujet s’invitera au programme des échanges.

Ce qui n’empêche pas Benoît Payan d’attendre de pied ferme les élus pour en parler publiquement dans l’hémicycle municipal, « y compris ceux qui étaient en commission quand ça a été attribué. Le cahier des charges qui expliquait ce que doit devenir le château de la Buzine a été voté à l’unanimité en conseil municipal ». Un vote doit avoir lieu en conseil municipal le 30 juin ou le 7 juillet pour valider la procédure.

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